3014
Il en résulte que par elle-même l'Eglise, "comme un étendard
levé parmi les nations" Is 11,12 , d'une part appelle à
elle ceux qui n'ont pas encore cru, et d'autre part augmente en ses fils
l'assurance que la foi qu'ils professent repose sur un fondement très
ferme. A ce témoignage vient s'ajouter le secours efficace de la
grâce d'en haut. Car le Seigneur plein de bienveillance d'une part
excite et aide par sa grâce ceux qui sont dans l'erreur, afin qu'ils
puissent "arriver à la connaissance de la vérité"
1Tm 2,4 , et d'autre part confirme par sa grâce ceux qu'il
a fait passer des ténèbres dans son admirable lumière
1P 2,9 Col 1,13 , pour qu'ils persévèrent dans cette
lumière, n'abandonnant quelqu'un que s'il est abandonné 1537.
C'est pourquoi la condition de ceux qui ont adhéré à
la vérité catholique grâce au don céleste de
la foi n'est en rien semblable à celle de ceux qui, guidés
par des opinions humaines, suivent une fausse religion ; en effet, ceux
qui ont reçu la foi sous le magistère de l'Eglise ne peuvent
jamais avoir un juste motif de changer ou de remettre en question cette
foi 3026. Dès lors, rendant grâces à Dieu le Père,
qui nous a faits dignes de participer au sort des saints dans la lumière
Col 1,12 , ne négligeons pas un salut si grand He 2,3
, mais "les yeux fixés sur Jésus, auteur de notre foi
et qui la mène à sa perfection" He 12,2 , "maintenons
le témoignage inébranlable de notre espérance" He
10,23 .
3018
De plus, l'Eglise, qui a reçu, en même temps que la charge
apostolique d'enseigner, le commandement de garder le dépôt
de la foi, a, de par Dieu, le droit et le devoir de proscrire la fausse
"science" 1Tm 6,20 , afin que nul ne soit trompé par le vain
leurre de la philosophie (Col 2,8 3022.
C'est pourquoi tous les chrétiens fermes dans leur foi non seulement
n'ont pas le droit de défendre comme de légitimes conclusions
de la science les opinions connues contraires à la foi, surtout
si elles ont été réprouvées par l'Eglise, mais
ils sont strictement tenus de les considérer plutôt comme
des erreurs parées de quelque trompeuse apparence de vérité.
3024
4. Si quelqu'un dit que les choses finies, soit corporelles soit spirituelles,
ou au moins les spirituelles, sont émanées de la substance
divine, ou que l'essence divine devient toute chose en se manifestant ou
en évoluant, ou enfin que Dieu est l'être universel ou indéfini,
qui, en se déterminant, constitue l'universalité des choses,
distinctes en genres, espèces et individus, qu'il soit anathème.
3032
2. Si quelqu'un dit que la foi divine n'est pas distincte de la connaissance
naturelle que l'on peut avoir de Dieu et des règles de la moralité,
et que, par suite, il n'est pas requis pour la foi divine que l'on croie
à la vérité révélée à
cause de l'autorité de Dieu qui révèle, qu'il soit
anathème 3008.
3036
6. Si quelqu'un dit que les fidèles sont dans la même
condition que ceux qui ne sont pas encore parvenus à l'unique foi
véritable, en sorte que les catholiques pourraient avoir un juste
motif, en suspendant leur assentiment, de révoquer en doute la foi
qu'ils ont reçue sous le magistère de l'Eglise jusqu'à
ce qu'ils aient terminé la démonstration scientifique de
la crédibilité et de la vérité de leur foi,
qu'il soit anathème 3014.
3042
2. Si quelqu'un dit qu'on doit traiter les disciplines humaines avec
une liberté telle que, même si leurs affirmations s'opposent
à la doctrine révélée, elles peuvent être
reconnues comme vraies et ne peuvent être interdites par l'Eglise,
qu'il soit anathème 3017 s.
3043
3. Si quelqu'un dit qu'il est possible que les dogmes proposés
par l'Eglise se voient donner parfois, par suite du progrès de la
science, un sens différent de celui que l'Eglise a compris et comprend
encore, qu'il soit anathème 3020.
3045
Mais comme il ne suffit pas d'éviter la perversité de
l'hérésie si l'on ne fait aussi très attention à
fuir les erreurs qui en sont plus ou moins proches, Nous avertissons tous
les fidèles du devoir qu'ils ont d'observer aussi les constitutions
et les décrets par lesquels le Saint-Siège proscrit et prohibe
les opinions perverses qui ne sont pas mentionnées explicitement
dans le présent document.
3051
Pour que l'épiscopat soit un et non divisé et pour que,
grâce à l'union étroite et réciproque des pontifes,
la multitude entière des croyants soit gardée dans l'unité
de la foi et de la communion, plaçant saint Pierre au-dessus des
autres apôtres, il établit en sa personne le principe durable
et le fondement visible de cette double unité. Sur sa solidité,
se bâtirait le temple éternel et sur la fermeté de
cette foi, s'élèverait l'Eglise, dont la grandeur doit toucher
le ciel.
3052
Parce que les portes de l'enfer, en vue de renverser, s'il se pouvait,
l'Eglise, se dressent de toutes parts avec une haine de jour en jour croissante
contre ce fondement établi par Dieu, Nous jugeons nécessaire
pour la protection, la sauvegarde et l'accroissement du troupeau catholique,
avec l'approbation du saint concile, de proposer à tous les fidèles
la doctrine qu'ils doivent croire et tenir, conformément à
la foi antique et constante de l'Eglise, concernant l'institution. le caractère
perpétuel et la nature de la primauté du Siège apostolique,
sur lequel reposent sa force et la solidité de toute l'Eglise, et
aussi de proscrire et de condamner les erreurs contraires, si pernicieuses
pour le troupeau du Seigneur.
3054
A cette doctrine si claire des saintes Ecritures, telle qu'elle a toujours
été comprise par l'Eglise catholique, s'opposent ouvertement
les opinions fausses de ceux qui, pervertissant la forme du gouvernement
institué par le Christ notre Seigneur, nient que, de préférence
aux autres apôtres, pris soit isolément soit tous ensemble,
Pierre seul se soit vu doté par le Christ d'une primauté
de juridiction véritable et proprement dite, ou de ceux qui affirment
que cette primauté n'a pas été conférée
directement et immédiatement à saint Pierre mais à
l'Eglise et, par celle-ci, à Pierre comme à son ministre.
3055
(Canon) Si donc quelqu'un dit que l'apôtre saint Pierre n'a pas
été établi par le Christ notre Seigneur, chef de tous
les apôtres et tête visible de toute l'Eglise militante ; ou
que ce même apôtre n'a reçu directement et immédiatement
du Christ qu'une primauté d'honneur et non pas une primauté
de juridiction véritable et proprement dite, qu'il soit anathème.
3057
Dès lors, quiconque succède à Pierre en cette
chaire, reçoit, de par l'institution du Christ lui-même, la
primauté de Pierre sur toute l'Eglise. "Ainsi demeure ce qu'ordonna
la vérité, et saint Pierre, gardant toujours cette solidité
de pierre qu'il a reçue, n'a pas abandonné le gouvernail
de l'Eglise." Voilà pourquoi "c'est vers l'Eglise romaine, à
cause de sa priorité prépondérante, qu'il a toujours
été nécessaire que chaque Eglise, c'est-à-dire
les fidèles venus de partout, se tourne" afin qu'ils ne fassent
qu'un en ce siège d'où découlent sur tous "les droits
de la vénérable communion", comme des membres unis à
la tête dans l'assemblage d'un corps.
3058
(Canon) Si donc quelqu'un dit que ce n'est pas par l'institution du
Christ ou de droit divin que saint Pierre a, et pour toujours, des successeurs
dans sa primauté sur l'Eglise universelle, ou que le pontife romain
n'est pas successeur de saint Pierre en cette primauté : qu'il soit
anathème.
3060
Ainsi donc, Nous enseignons et déclarons que l'Eglise romaine,
par disposition du Seigneur, possède sur toutes les autres une primauté
de pouvoir ordinaire et que ce pouvoir de juridiction du pontife romain,
qui est vraiment épiscopal, est immédiat. Les pasteurs de
tous rites et de tous rangs ainsi que les fidèles, tant chacun séparément
que tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique
et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent
la foi et les moeurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline
et au gouvernement de l'Eglise répandue dans le monde entier ; de
telle manière que, en gardant l'unité de communion et de
profession de foi avec le pontife romain, l'Eglise est un seul troupeau
sous un seul pasteur suprême Jn 10,16 . Telle est la doctrine
de la vérité catholique, dont personne ne peut s'écarter
sans danger pour la foi et le salut.
3061
Mais il s'en faut de beaucoup que ce pouvoir du souverain pontife fasse
obstacle au pouvoir de juridiction épiscopale ordinaire et immédiat
par lequel les évêques, établis par l'Esprit Saint
Ac 20,28 successeurs des apôtres paissent et gouvernent en
vrais pasteurs chacun le troupeau qui lui a été confié.
Au contraire, ce pouvoir est affirmé, affermi et défendu
par le pasteur suprême et universel, comme le dit saint Grégoire
le Grand : "Mon honneur est l'honneur de l'Eglise universelle. Mon honneur
est la force solide de mes frères. Je suis vraiment honoré
lorsqu'on rend à chacun l'honneur qui lui est dû."
3062
En outre, de ce pouvoir suprême qu'a le pontife romain de gouverner
toute l'Eglise résulte pour lui le droit de communiquer librement,
dans l'exercice de sa charge, avec les pasteurs et les troupeaux de toute
l'Eglise afin de pouvoir les enseigner et les gouverner dans la voie du
salut. C'est pourquoi Nous condamnons et réprouvons les opinions
de ceux qui disent qu'on peut légitimement empêcher cette
communication du chef suprême avec les pasteurs et les troupeaux,
ou qui l'assujettissent au pouvoir civil en prétendant que ce qui
est décidé par le Siège apostolique ou par son autorité,
pour le gouvernement de l'Eglise, n'a de force ni de valeur que si le placet
du pouvoir civil le confirme.
3063
Et parce que, en vertu du droit divin de la primauté apostolique,
le pontife romain est à la tête de l'Eglise universelle, Nous
enseignons et déclarons encore qu'il est le juge suprême des
fidèles et que, dans toutes les causes qui touchent à la
juridiction ecclésiastique, on peut faire appel à son jugement
861. Le jugement du Siège apostolique, auquel aucune autorité
n'est supérieure, ne doit être remis en question par personne
et personne n'a le droit de juger ses décisions 638-642. C'est pourquoi
ceux qui affirment qu'il est permis d'en appeler des jugements des pontifes
romains au concile oecuménique comme à une autorité
supérieure à ce pontife s'écartent du chemin de la
vérité.
3064
(Canon) Si donc quelqu'un dit que le pontife romain n'a qu'une charge
d'inspection ou de direction et non un pouvoir plénier et souverain
de juridiction sur toute l'Eglise, non seulement en ce qui touche à
la foi et aux moeurs mais encore en ce qui touche à la discipline
et au gouvernement de l'Eglise répandue dans le monde entier, ou
qu'il n'a que la part la plus importante et non pas la plénitude
totale de ce pouvoir suprême ; ou que son pouvoir n'est pas ordinaire
ni immédiat sur toutes et chacune des Eglises comme sur tous et
chacun des pasteurs et des fidèles : qu'il soit anathème.
3066
En effet, les pères du 6ème concile de Constantinople,
marchant sur les traces des anciens, ont émis cette solennelle profession
de foi : "La condition première du salut est de garder la règle
de la foi juste (...). Et parce qu'il n'est pas possible de négliger
la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui dit: "Tu es Pierre
et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise"
Mt 16,18 , ce qui a été dit est prouvé
par les faits car la religion catholique a toujours été gardée
sans tache auprès du Siège apostolique et la doctrine catholique
toujours professée dans Sa sainteté. Ne voulant donc nous
séparer d'aucune façon de cette espérance et de cette
foi (...), nous espérons mériter de rentrer dans la communion
avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans
laquelle réside, entière et vraie, la solidité de
la religion chrétienne" 363-365.
3067
Et avec l'approbation du 2ème concile de Lyon, les Grecs ont
professé : "La sainte Eglise romaine possède aussi la primauté
et autorité souveraine et entière sur l'ensemble de l'Eglise
catholique. Elle reconnaît sincèrement et humblement l'avoir
reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur lui-même,
en la personne du bienheureux Pierre, chef ou tête des apôtres,
dont le pontife romain est le successeur. Et comme elle doit, avant les
autres, défendre la vérité de la foi, ainsi les questions
qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies
par son jugement" 861.
3068
Enfin le concile de Florence a défini : "Le pontife romain est
le vrai vicaire du Christ, la tête de l'Eglise entière. Le
Père et le docteur de tous les chrétiens ; et que c'est à
lui, qu'a été transmis par notre Seigneur Jésus Christ
dans le bienheureux Pierre, le pouvoir plénier de paître,
de diriger et de gouverner l'Eglise universelle" 1307.
3069
Pour s'acquitter de leur charge pastorale, nos prédécesseurs
ont travaillé infatigablement à la propagation de la doctrine
salutaire du Christ parmi tous les peuples de la terre et ils ont veillé
avec un soin égal à sa conservation authentique et pure,
là où elle avait été reçue. C'est pourquoi
les évêques du monde entier, tantôt individuellement,
tantôt réunis en synode, se conformant à la longue
coutume des Eglises et aux formes de la règle antique, ont communiqué
au Siège apostolique les dangers particuliers qui surgissaient en
matière de foi, afin que les dommages causés à la
foi fussent réparés là où celle-ci ne saurait
subir de défaillance.
Les pontifes romains, selon que l'exigeaient les conditions de temps
et des événements, tantôt en convoquant des conciles
oecuméniques ou en sondant l'opinion de l'Eglise répandue
sur la terre, tantôt par des synodes particuliers, tantôt grâce
à d'autres moyens que leur fournissait la Providence, ont défini
qu'on devait tenir ce qu'ils avaient reconnu avec l'aide de Dieu comme
conforme aux saintes lettres et aux traditions apostoliques.
3070
Car le Saint-Esprit n'a pas été promis aux successeurs
de Pierre pour qu'ils fassent connaître sous sa révélation
une nouvelle doctrine, mais pour qu'avec son assistance ils gardent saintement
et exposent fidèlement la Révélation transmise par
les apôtres, c'est-à-dire le dépôt de la foi.
Leur doctrine apostolique a été reçue par tous les
vénérables pères, vénérée et
suivie par les saints docteurs orthodoxes ; ils savaient parfaitement que
ce siège de Pierre demeurerait pur de toute erreur, aux termes de
la promesse divine de notre Seigneur et Sauveur au chef de ses disciples
: "J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas ;
et quand tu seras revenu, affermis tes frères" Lc 22,32 .
3071
Ce charisme de vérité et de foi à jamais indéfectible
a été accordé par Dieu à Pierre et à
ses successeurs en cette chaire, afin qu'ils remplissent leur haute charge
pour le salut de tous, afin que le troupeau universel du Christ, écarté
des nourritures empoisonnées de l'erreur, soit nourri de la doctrine
céleste, afin que, toute occasion de schisme étant supprimée,
l'Eglise soit conservée tout entière dans l'unité,
et qu'établie sur son fondement elle tienne ferme contre les portes
de l'enfer.
3072
Mais comme en ce temps, qui exige au plus haut point l'efficacité
salutaire de la charge apostolique, il ne manque pas d'hommes qui en contestent
l'autorité, Nous jugeons absolument nécessaire d'affirmer
solennellement la prérogative que le Fils unique de Dieu a daigné
joindre à la fonction pastorale suprême.
3073
C'est pourquoi, Nous attachant fidèlement à la tradition
reçue dès l'origine de la foi chrétienne pour la gloire
de Dieu notre Sauveur, pour l'exaltation de la religion catholique et pour
le salut des peuples chrétiens, avec l'approbation du saint concile,
nous enseignons que c'est une dogme révélé par Dieu
:
3074
lorsque le pontife romain parle ex cathedra, c'est-à-dire lorsque,
remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens,
il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique,
qu'une doctrine en matière de foi ou de morale doit être tenue
par toute l'Eglise, il jouit, en vertu de l'assistance divine qui lui a
été promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité
dont le divin Rédempteur a voulu que soit pourvue son Eglise lorsqu'elle
définit la doctrine sur la foi ou la morale ; par conséquent,
ces définitions du pontife romain sont irréformables par
elles- mêmes et non en vertu du consentement de l'Eglise.
3075
(Canon) Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, avait la présomption
de contredire notre définition qu'il soit anathème.
3101
2. Un baptême ainsi conféré est-il douteux si ladite
déclaration n'a pas été faite de façon expresse
immédiatement avant que le baptême soit conféré,
mais qu'elle a été souvent proférée par le
ministre et que cette doctrine est proclamée ouvertement dans cette
secte?
3102
Réponse : On a déjà traité de ce doute
dans le temps passé, et il a été répondu en
faveur de la validité du baptême, comme tu peux le voir chez
Benoît XIV, De synodis diocesanis l. VII, chap. VI, n. 9 où
on trouve ceci : "Que l'évêque se garde de considérer
comme incertaine et douteuse la validité d'un baptême pour
la seule raison que le ministre hérétique par qui il a été
conféré, du fait qu'il ne croit pas que par le bain de la
régénération les péchés sont enlevés,
ne l'aura pas conféré pour le pardon des péchés,
et que donc il n'aura pas eu l'intention de l'accomplir tel qu'il a été
établi par le Christ Seigneur... "
La raison en est clairement enseignée par le cardinal Bellarmin,
De Sacramentis in genere 1.I, c. 27, n. 13 : après avoir exposé
l'erreur de ceux... qui affirment qu'au canon 11 de la 7e session, le concile
de Trente 1611 a défini qu'un sacrement n'est valide que si l'intention
du ministre porte non seulement sur l'acte mais également sur la
fin du sacrement, c'est-à-dire s'il a l'intention de faire ce pour
quoi le sacrement est institué, il ajoute ceci : " .... dans tout
le canon 11, en effet, le concile ne mentionne pas la fin du sacrement,
et il ne dit pas qu'il faut que le ministre ait l'intention de faire ce
qui est l'intention de l'Eglise, mais ce que l'Eglise fait. Or ce que fait
l'Eglise ne signifie pas la fin, mais l'action... "
C'est pourquoi Innocent IV affirme dans De baptismo, chap. 2, n. 9
qu'un baptême est valide s'il est conféré par un sarrasin
dont on sait qu'il croit que par l'immersion on est seulement mouillé,
dès lors qu'il a l'intention de faire ce que font les autres qui
baptisent.
Conclusion de la réponse : Pour 1. Non : car malgré l'erreur
portant sur les effets du baptême l'intention de faire ce que fait
l'Eglise n'est pas exclue. - Pour 2. I1 est répondu en 1.
3106
2. Percevoir quelque chose en plus du capital est licite si cela vient
s'ajouter au prêt à un titre extrinsèque, qui n'est
pas communément lié et inhérent au prêt de par
la nature de celui-ci.
3107
3. Si quelque autre titre fait défaut, comme par exemple un
gain qui cesse, une perte qui se produit, et le danger de perdre le capital
ou des efforts à mettre en oeuvre pour retrouver le capital, le
seul titre de la loi civile peut également être considéré
comme suffisant dans la pratique, aussi bien par les fidèles que
par leurs confesseurs à qui il n'est donc pas permis d'inquiéter
leurs pénitents à ce sujet aussi longtemps que cette question
demeure en jugement, et que le Saint-Siège ne l'a pas explicitement
définie.
3108
4. La tolérance de cette pratique ne peut aucunement être
étendue jusqu'à rendre honnête une usure, si minime
soit elle, s'agissant de pauvres, ou une usure immodérée
et excédant les limites de l'équité naturelle.
3109
5. Enfin, il n'est pas possible de déterminer de façon
universelle quel montant de l'usure doit être considéré
comme immodéré et excessif, et lequel doit être considéré
comme juste et modéré, puisque cela doit être mesuré
dans chaque cas particulier en considérant toutes les circonstances
tenant aux lieux, aux personnes et au moment.
3113
(Doctrine juste) : Sans doute les décisions du concile portent
que le pouvoir de juridiction ecclésiastique du pape est : potestas
suprema, ordinaria et immediata, une suprême puissance de gouvernement
donnée au pape par Jésus Christ Fils de Dieu dans la personne
de saint Pierre qui s'étend directement sur l'Eglise tout entière,
par conséquent sur chaque diocèse et sur tous les fidèles,
afin de conserver l'unité de la foi, de la discipline et du gouvernement
de l'Eglise, et nullement une simple attribution consistant en quelques
droits réservés. Mais ce n'est point là une nouvelle
doctrine, c'est une vérité reconnue de la foi catholique,...
récemment expliquée et confirmée par le concile du
Vatican... contre les erreurs des gallicans, des jansénistes et
des fébroniens. D'après cette doctrine de l'Eglise catholique,
le pape est évêque de Rome, mais non évêque d'un
autre diocèse ni d'une autre ville ; il n'est ni évêque
de Breslau, ni évêque de Cologne, etc. Mais en sa qualité
d'évêque de Rome, il est en même temps pape, c'est-à-dire
le pasteur et chef suprême de l'Eglise universelle, chef de tous
les évêques et fidèles, et son pouvoir papal doit être
respecté et écouté partout et toujours et non pas
seulement dans des cas spéciaux et exceptionnels. Dans cette position,
le pape doit veiller à ce que chaque évêque remplisse
son devoir dans toute l'étendue de sa charge. Si un évêque
en est empêché, ou si un besoin quelconque s'en fait sentir,
le pape a le droit et le devoir, non en sa qualité d'évêque
du diocèse, mais en celle de pape d'ordonner tout ce qui est nécessaire
pour l'administration du diocèse...
3114
Les décisions du concile du Vatican ne fournissent pas l'ombre
d'un prétexte à prétendre que le pape est devenu par
elles un souverain absolu et, en vertu de son infaillibilité, un
souverain parfaitement absolu plus que n'importe quel monarque absolu du
monde. D'abord le domaine de la puissance ecclésiastique du pape
est essentiellement différent de celui sur lequel s'étend
la souveraineté temporelle des monarques ; aussi les catholiques
ne contestent nullement l'entière souveraineté de leur prince
sur le terrain civil. Abstraction faite de tout cela, on ne peut pas non
plus appliquer au pape la qualification de monarque absolu en matière
ecclésiastique, parce que lui-même est soumis au droit divin,
et il est lié aux dispositions tracées par Jésus Christ
à son Eglise. Il ne peut pas modifier la constitution donnée
à l'Eglise par son divin fondateur, comme un législateur
temporel peut modifier la constitution de l'Etat. La constitution de l'Eglise
est fondée dans tous ses points essentiels sur une ordonnance divine
et demeure hors de l'atteinte de l'arbitraire humain.
3115
C'est en vertu de cette même institution divine, sur laquelle
repose la papauté, que l'épiscopat est établi. Lui
aussi a ses droits et ses devoirs en vertu de cette institution, donnée
par Dieu même, que le pape n'a ni le droit ni le pouvoir de changer.
C'est donc une erreur complète de croire que par les décisions
du concile du Vatican "la juridiction papale absorbe la juridiction épiscopale",
que le pape a "remplacé en principe individuellement chaque évêque",
que les évêques ne sont plus "que les instruments du pape,
et ses fonctionnaires sans responsabilité propre" ... En ce qui
concerne cette (dernière) affirmation... nous ne pouvons que la
récuser avec détermination. Ce n'est pas dans l'Eglise catholique
qu'est admis le principe immoral et despotique que l'ordre d'un supérieur
dégage sans restriction la responsabilité personnelle.
3116
Enfin, l'assertion que le pape est devenu, "en vertu de son infaillibilité,
un souverain parfaitement absolu", repose sur une idée complètement
fausse du dogme de l'infaillibilité papale. Comme le concile du
Vatican l'a déclaré en termes clairs et nets, et comme cela
résulte de la nature même de la chose, l'infaillibilité
se rapporte exclusivement à une qualité du magistère
du souverain pontife, et ce pouvoir s'étend exactement sur le même
domaine que l'infaillible enseignement de l'Eglise, et il est lié
au contenu de la sainte Ecriture et à la Tradition, aussi bien qu'aux
décisions doctrinales données antérieurement par l'enseignement
de l'Eglise. Dans l'exercice du pouvoir du pape, absolument rien n'a été
changé.
3122
2. C'est pourquoi, de même que la nature humaine dans le Christ
n'est pas une hypostase, puisqu'elle ne subsiste pas par elle-même
mais a été assumée par l'hypostase supérieure,
divine, de même une substance finie - par exemple la substance du
pain - cesse d'être substance pour la seule raison, et sans autre
changement d'elle-même, qu'elle est soutenue de façon surnaturelle
dans un autre, en sorte qu'elle n'est plus en soi mais dans un autre comme
dans un sujet premier.
3123
3. C'est pourquoi la transsubstantiation ou changement de toute la
substance du pain en la substance du Corps de notre Seigneur Jésus
Christ peut être expliquée en ce sens que le Corps du Christ,
lorsqu'il devient substantiellement présent dans l'eucharistie,
soutient la nature du pain, laquelle cesse d'être substance pour
la seule raison, sans autre changement d'elle-même, qu'elle n'est
plus en soi, mais dans un autre qui la soutient ; dès lors, la nature
du pain demeure, mais la raison formelle de la substance cesse en elle
; et c'est pour quoi il n'y a pas deux substances mais une seule : à
savoir celle du Corps du Christ.
3124
4. Il en résulte que dans l'eucharistie la matière et
la forme des éléments du pain demeurent ; mais existant dans
un autre de façon surnaturelle, elles n'ont plus la raison d'une
substance, mais la raison d'un accident surnaturel, non pas comme si elles
étaient attachées au Corps du Christ à la manière
d'accidents naturels, mais uniquement parce qu'elles sont soutenues par
le Corps du Christ de la manière qui a été dite.
Réponse . Telle qu'elle est présentée ici, elle
ne peut pas être tolérée.
LÉON XIII : 20 février 1878-20 juillet 1903
Réponse : Non. Au contraire, lors de la conversion d'hérétiques,
quels que soient le lieu d'où ils viennent et la secte à
laquelle ils appartiennent, on doit s'enquérir au sujet de la validité
du baptême reçu dans l'hérésie. Si après
l'examen fait cas par cas, il apparaît qu'ils n'ont pas été
baptisés ou qu'ils l'ont été de façon nulle,
ils doivent être baptisés de façon absolue. Mais si,
pour des raisons de temps et de lieu et enquête faite, rien n'est
découvert, ni pour la validité, ni pour l'invalidité,
ou qu'il demeure un doute probable concernant la validité du baptême,
ils doivent alors être baptisés secrètement sous condition.
Si enfin, il apparaît qu'il était valide, ils seront admis
seulement à l'abjuration ou à la profession de foi.
3131
L'inégalité de droit et de pouvoir cependant émane
de l'auteur même de la nature "de qui toute paternité au ciel
et sur la terre tire son nom" Ep 3,15 . Mais les coeurs des princes
et des sujets sont, selon la doctrine et les préceptes catholiques,
si étroitement liés par des devoirs et des droits, que d'une
part la passion du pouvoir se trouve tempérée, et que d'autre
part l'obéissance est rendue facile, ferme et très noble.
...
3132
S'il devait arriver cependant que le pouvoir soit exercé par
les princes de façon téméraire et au-delà de
la mesure, la doctrine catholique ne permet pas de s'insurger contre eux
de soi-même, de peur que la tranquillité de l'ordre ne soit
de plus en plus perturbée, et que la société n'en
reçoive un plus grand dommage. Et lorsque les choses en seront venues
jusqu'au point qu'il ne paraisse pas d'autre espérance de salut,
elle apprend que le remède doit mûrir de par les mérites
de la patience chrétienne et d'instantes prières à
Dieu.
Mais si des ordonnances des législateurs et des princes décident
ou ordonnent quelque chose de contraire à la loi divine ou naturelle,
la dignité et le devoir du nom chrétien ainsi que le précepte
de l'Apôtre apprennent qu'il faut obéir à Dieu plutôt
qu'aux hommes Ac 5,29 ....
3133
Quant à la tranquillité publique et domestique, la sagesse
catholique, appuyée sur les préceptes de la loi divine et
naturelle, y a pourvu très prudemment par ce qu'elle tient et enseigne
sur le droit de propriété et la répartition de biens
qui sont disposés pour la nécessité et l'utilité
de la vie. Car tandis que les socialistes présentent faussement
le droit à la propriété comme une invention humaine
qui répugne à l'égalité naturelle des hommes,
et que, prônant la communauté des biens, ils pensent qu'on
ne doit pas supporter la pauvreté avec une âme égale
et qu'on peut violer impunément les possessions et les droits de
ceux qui sont plus riches, l'Eglise reconnaît beaucoup plus utilement
et sagement que l'inégalité entre les hommes, naturellement
dissemblables par les forces du corps et de l'esprit, existe également
dans la possession des biens, et elle commande que le droit de propriété
et de possession, qui provient de la nature même, soit maintenu intact
et inviolable pour chacun ; elle sait en effet que le vol et la rapine
ont été condamnés par Dieu, l'auteur et le gardien
de tout droit, de sorte qu'il n'est pas même permis de porter le
regard sur (de convoiter) le bien d'autrui, et que les voleurs et les larrons
sont exclus, comme les adultères et les idolâtres, du Royaume
des cieux 1Co 6,9 s.
3136
Et tout d'abord, lorsque les sages en usent comme il convient, la philosophie
est à même d'aplanir et d'affermir en quelque sorte le chemin
vers la foi véritable, et de préparer convenablement l'esprit
de ses disciples à accepter la Révélation.
Et de fait dans son extrême bonté Dieu, dans l'ordre des
choses divines, n'a pas manifesté seulement par la lumière
de la foi les vérités que l'intelligence humaine ne peut
pas atteindre par elle-même, mais il en a manifesté également
certaines qui ne sont pas totalement inaccessibles à la raison afin
que, confirmées par l'autorité divine, elles puissent aussitôt
et sans aucun mélange d'erreur être connues de tous.
De là vient que certaines vérités, proposées
à croire par Dieu ou qui sont liées à la doctrine
de la foi par des liens très étroits, ont été
reconnues, convenablement démontrées et défendues
par des sages des nations païennes, éclairés seulement
par la raison naturelle.
Or ces vérités, connues des sages des nations païennes,
il est de grande opportunité de les faire tourner à l'avantage
et à l'utilité de la doctrine révélée,
afin de faire voir avec évidence que la sagesse humaine elle aussi,
et même le témoignage des adversaires, donnent leur appui
à la foi chrétienne. ...
3137
Ces fondements étant ainsi très solidement posés
(à l'aide de la philosophie), l'usage constant et multiple de la
philosophie demeure requis pour que la théologie sacrée reçoive
et revête la nature, la forme et le caractère d'une vraie
science. Dans cette discipline, la plus noble de toutes, il est en effet
de la plus haute nécessité que les parties nombreuses et
variées des doctrines divines soient rassemblées en quelque
sorte en un seul corps, que disposées avec ordre, chacune en son
lieu, et déduites des principes qui leur sont propres, elles soient
reliées ensemble par un lien adéquat enfin que toutes et
chacune soient confirmées par des arguments propres et inébranlables.
On ne peut pas non plus taire ni dédaigner cette connaissance
plus exacte et plus riche des réalités qui sont crues, et
cette intelligence un peu plus claire - autant qu'il est possible - des
mystères de la foi eux-mêmes qu'Augustin et d'autres Pères
ont à la fois louée et cherché à atteindre,
et dont le concile du Vatican lui-même (constitution sur la foi catholique,
chap. 4.. 3016) a déclaré qu'elle était très
féconde. ...
3138
Enfin il appartient également aux disciplines philosophiques
de protéger religieusement les vérités divinement
révélées, et de combattre ceux qui ont l'audace de
les attaquer. A cet égard, c'est un grand éloge pour la philosophie
que d'être considérée comme un bastion pour la foi
et comme un ferme rempart pour la religion. "Il est vrai, comme l'atteste
Clément d'Alexandrie, que la doctrine du Sauveur est parfaite et
qu'elle n'a besoin de rien, puisqu'elle est la force et la sagesse de Dieu.
La philosophie grecque, s'y ajoutant, ne rend pas la vérité
plus forte, mais comme elle rend impuissante l'attaque de la sophistique
et empêche les entreprises insidieuses contre la vérité,
c'est avec raison qu'on la présente comme la palissade et le mur
de la vigne "....
3140
Tout en proclamant qu'il faut recevoir volontiers et avec gratitude
tout ce qui a été dit de façon sage, qui a été
inventé et pensé de façon utile par quelqu'un, Nous
vous exhortons tous... de façon pressante, pour la défense
et l'honneur de la foi catholique, pour le bien de la société,
pour l'accroissement de toutes les sciences, à rétablir et
à propager le plus possible la sagesse d'or de saint Thomas. Nous
disons la sagesse de saint Thomas : car si quelque chose a été
recherché avec une subtilité trop grande par les docteurs
scolastiques ou enseigné de façon trop inconsidérée,
si quelque chose est moins en accord avec les doctrines éprouvées
de temps ultérieurs, ou enfin si cela se trouve n'avoir aucune espèce
de probabilité, Nous n'entendons nullement que cela soit proposé
à l'intention de notre temps.
3143
Mais ce n'est pas en ce qui a été rappelé seulement
que sont donnés la perfection chrétienne et l'accomplissement.
Car en premier lieu la société conjugale s'est vu proposer
quelque chose de plus élevé et de plus noble que ce qui existait
auparavant, puisque la fin qui lui fut assignée ne fut pas seulement
de propager le genre humain, mais d'engendrer à l'Eglise une descendance,
des "concitoyens des saints et des familiers de Dieu" Ep 2,19 ...
En second lieu, les devoirs de chacun des conjoints sont définis
et leurs droits complètement décrits. Il faut en effet qu'ils
se souviennent toujours qu'ils se doivent l'un à l'autre l'amour
le plus grand, une constante fidélité, et une assistance
inventive et assidue. L'homme est le chef de la famille et la tête
de la femme ; celle-ci cependant, parce qu'elle est la chair de sa chair
et l'os de ses os, doit être soumise à l'homme et lui obéir,
non pas à la manière d'une servante, mais d'une compagne,
en sorte que l'obéissance qu'elle lui rend ne soit ni sans dignité
ni sans honneur. Mais en celui qui préside comme en celle qui obéit,
puisque tous deux sont une image, l'un du Christ, l'autre de l'Eglise,
il faut que ce soit toujours la charité divine qui règle
le devoir. ...
3145
Personne non plus ne doit se laisser émouvoir par cette distinction,
si fortement proclamée par les légistes régaliens,
entre le contrat et le sacrement, dans le dessein de réserver à
l'Eglise ce qui est du sacrement et de livrer le contrat au pouvoir et
au vouloir des autorités civiles.
Une telle distinction, une telle dissociation plutôt, ne peut
être acceptée, puisqu'il est reconnu que, dans le mariage
chrétien, le contrat n'est pas dissociable du sacrement, et que,
dès lors, il ne peut exister de contrat vrai et légitime
qui ne soit par le fait même un sacrement. Car le Christ le Seigneur,
a élevé le mariage à la dignité de sacrement
or le mariage est le contrat lui-même dès lors qu'il est conclu
selon le droit.
3146
A cela s'ajoute que la raison pour laquelle le mariage est un sacrement,
c'est qu'il est un signe sacré qui produit la grâce et qui
représente l'image des noces mystiques du Christ avec l'Eglise.
Or la forme et la figure de celles- ci s'expriment dans le lien de l'union
très intime qui relie réciproquement l'homme et la femme
et qui n'est autre que le mariage lui-même. Il en résulte
que tout mariage légitime entre chrétiens est en lui-même
et par lui-même un sacrement. Rien n'est plus éloigné
de la vérité qu'un sacrement qui serait un ornement ajouté
ou une propriété venant du dehors, susceptible d'être
dissociée et séparée du contrat par la volonté
des hommes.
3151
Quant au reste, pour ce qui est du pouvoir politique, l'Eglise enseigne
avec raison qu'il provient de Dieu. ...
Ceux qui entendent que la société civile naît d'un
libre consensus des hommes, ramenant l'origine du pouvoir lui-même
à cette source, disent que chacun a cédé de son droit
et que tous se sont volontairement placés sous la puissance de celui
à qui a passé la totalité de leurs droits. Mais c'est
une grande erreur de ne pas voir ce qui est manifeste, à savoir
que les hommes ne constituent pas une race de solitaires, et qu'avant qu'ils
expriment leur libre volonté, ils sont nés pour former une
communauté naturelle ; de plus, le pacte dont on se prévaut
est manifestement une invention et une chimère, et il n'est pas
en mesure de donner à la puissance politique autant de force, de
dignité et de fermeté que le requièrent la protection
de la chose publique et l'intérêt commun des citoyens. Cet
éclat et cette protection universelle, le pouvoir ne l'aura que
si on comprend qu'il émane de Dieu comme de sa source éminente
et très sainte...
3152
Il n'existe pour les hommes qu'une seule raison de ne pas obéir:
lorsqu'il
leur est demandé quelque chose qui est manifestement contraire
à la loi divine ou naturelle ; en effet, pour tout ce qui enfreint
la loi naturelle ou celle de Dieu, il est également injuste de le
commander que de le faire. C'est pourquoi, s'il devait arriver à
quelqu'un d'avoir à préférer l'un ou l'autre, c'est-à-dire
de négliger soit les ordres de Dieu, soit ceux des gouvernants,
il lui faut obéir à Jésus Christ qui demande de "donner
à César ce qui est à César, à Dieu ce
qui est à Dieu" Mt 22,21 , et de répondre à
l'exemple des apôtres : "Il faut obéir à Dieu plus
qu'aux hommes " Ac 5,29 ....
3155
2. Si la réponse est oui, les ouvrages qui ont été
retirés par la Sacrée Congrégation de l'Index, ou
qui n'ont pas été prohibés, peuvent- ils être
attaqués aussi bien philosophiquement que théologiquement
sans encourir le reproche de témérité ?
Réponse : (confirmée par le Souverain Pontife le 28/12)
Pour 1 non - Pour 2 oui.
3157
Tout ce que Nous venons de dire ou que Nous nous proposons de dire
doit être entendu de la secte maçonnique envisagée
dans son ensemble, et en tant qu'elle englobe les sociétés
qui lui sont parentes ou alliées, mais non ses adeptes pris individuellement.
Parmi eux il peut s'en trouver, et même en bon nombre, qui, bien
que non exempts de faute pour s'être affiliés à de
telles sociétés, ne participent pas eux-mêmes pour
autant à ces activités néfastes, et ignorent ce but
final qu'elles s'efforcent d'atteindre. De même il se peut que certaines
de ces associations elles-mêmes n'approuvent pas certaines conclusions
extrêmes qui, dès lors qu'elles découlent de façon
nécessaire de principes communs, devraient normalement être
acceptées si la turpitude n'effrayait pas par elle- même du
fait de son caractère horrible.
3158
Personne ne doit penser qu'il lui est permis pour quelque raison que
ce soit d'adhérer à la secte des maçons si la profession
de foi catholique et son salut ont pour lui la valeur qu'ils doivent avoir.
3160
(4) Outre celles-ci, d'autres sectes sont prohibées également,
et doivent être évitées sous peine d'une faute grave,
et parmi celles-ci, il faut compter avant tout celles qui demandent à
leurs adeptes par serment de ne révéler à personne
le secret et d'obéir en toute chose à leurs chefs occultes.
En outre il faut remarquer qu'il existe certaines sociétés
qui, bien qu'on ne puisse établir avec certitude qu'elles font partie
de celles qui viennent d'être mentionnées ou non, sont néanmoins
douteuses et pleines de danger, aussi bien en raison des doctrines qu'elles
professent, que de la manière d'agir que suivent ceux qui sont rassemblés
sous leur conduite et sont dirigés par elles. ...
Réponse : Pour 1. Il ne le peut pas et encourt l'excommunication.
Pour 2 et 3. Dans la mesure où cela est convenu, il ne le peut pas
non plus et encourt l'excommunication.
3186
Questions : 1. Lorsqu'il existe un soupçon fondé qu'un
pénitent qui est totalement muet quant à l'onanisme s'adonne
à un tel crime, est-il permis alors au confesseur de s'abstenir
d'une interrogation prudente et discrète parce qu'il prévoit
qu'un grand nombre devraient être tirés de leur bonne foi
et que beaucoup déserteraient les sacrements ? - Ou au contraire
le confesseur est-il tenu d'interroger de façon prudente et discrète?
3187
2. Un confesseur qui constate soit à partir d'une confession
spontanée, soit à partir d'une interrogation prudente, que
le pénitent est un onaniste, est-il tenu de l'admonester au sujet
de la gravité de ce péché, tout comme au sujet des
autres péchés mortels..., et de ne lui donner l'absolution
que s'il est établi par des signes suffisants qu'il éprouve
de la douleur pour ce qui s'est passé, et qu'il est résolu
de ne plus agir de façon onaniste ?
Réponse : Pour 1. En règle générale oui
pour la première partie, non pour la seconde.- Pour 2. Oui, selon
la doctrine des auteurs éprouvés.
3191
Questions :1. Est-elle exacte, l'interprétation répandue
en France et même imprimée, selon laquelle satisfait à
la condition précitée le juge qui, en présence d'un
mariage valide devant l'Eglise, fait totalement abstraction de ce mariage
vrai et constant, et, en application de la loi civile, prononce le divorce,
pourvu qu'il ait intérieurement l'intention de ne rompre que les
seuls effets civils et le seul contrat civil, et qu'ils sont les seuls
touchés par les termes de la sentence ? En d'autres termes : une
sentence portée dans ces conditions peut-elle être tenue pour
non contraire au droit divin et ecclésiastique ?
3192
2 .- Après que le juge a prononcé qu'il y a lieu à
divorce, un maire - et lui aussi en n'ayant en vue que les effets et le
contrat civils - peut-il prononcer le divorce, bien que le mariage soit
valide devant l'Eglise ?
3193
3 .- Après avoir prononcé le divorce, le même maire
peut-il unir civilement à un autre le conjoint qui tenterait de
contracter une nouvelle union, et cela bien que le mariage précédemment
contracté devant l'Eglise soit valide et l'autre partie encore vivante
?
...Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Non
à 1, 2 et 3.
3196
Mais lorsqu'il s'agit de ceux qui ont choisi la crémation par
leur propre volonté, et qui ont persévéré dans
cette volonté de façon certaine et notoire jusqu'à
leur mort, compte tenu du décret du mercredi 19 mai 1886 3188, il
faut procéder pour eux selon les normes du Rituale Romanum, titre
" A qui est- il permis de donner la sépulture ecclésiastique
? " Dans les cas particuliers cependant dans lesquels il surgit un doute
ou une difficulté, on devra consulter l'Ordinaire...
3202
2 - Lorsque nous parlons du divin dans la nature, ce mot 'divin' nous
ne le prenons pas pour signifier un effet non divin d'une cause divine
; et ce n'est pas notre intention de parler de quelque chose qui serait
divin par participation.
3203
3 - Dans la nature de l'univers, c'est-à-dire dans les intelligences
qui s'y trouvent, il y a donc quelque chose à quoi convient la dénomination
de divin, non au sens figuré, mais au sens propre. - C'est une réalité
qui n'est pas distincte du reste de la réalité divine.
3204
4 - L'être indéterminé, qui sans aucun doute est
connu de toutes les intelligences, est ce divin qui est manifesté
à l'homme dans la nature.
3205
5 - L'être, objet de l'intuition humaine, est nécessairement
quelque chose de l'être nécessaire et éternel, de la
cause créante, déterminante et finale de tous les êtres
contingents et cela est Dieu.
3206
6 - Dans l'être qui fait abstraction de s créatures et
de Dieu, c'est-à-dire l'être indéterminé, et
en Dieu l'être non indéterminé mais absolu, l'essence
est la même.
3207
7 - L'être indéterminé de l'intuition, l'être
initial, est quelque chose du Verbe , que l'intelligence du Père
distingue du Verbe non pas réellement, mais selon la raison.
3208
8 - Les êtres finis, dont le monde est composé, résultent
de deux éléments, c'est-à-dire du terme réel
fini et de l'être initial qui confère à ce terme la
forme de l'être.
3209
9 - L'être objet de l'intuition, est l'acte initial de tous les
êtres. - L'être initial est commencement aussi bien de ce qui
est connaissable que de ce qui est subsistant : il est de même le
commencement de Dieu, tel qu'il est conçu par nous, et des créatures.
3210
10 - L'être virtuel et sans limite est la première et
la plus simple de toutes les entités, de telle sorte que toute autre
entité est composée, et que l'être virtuel est toujours
et nécessairement l'un de ses composants. - (L'être initial)
est la part essentielle de toutes les entités sans exception, quelle
que soit la manière dont elles sont divisées par la pensée.
3211
11 - La quiddité (ce qu'est une chose) de l'être fini
n'est pas constituée par ce qu'il comprend de positif, mais par
ses limites. La quiddité de l'être infini est constituée
par l'entité, et elle est positive ; la quiddité de l'être
fini cependant est constituée par les limites de l'entité,
et elle est négative.
3212
12 - La réalité finie n'est pas, mais Dieu la fait être
en ajoutant la limitation à la réalité infinie. -
L'être initial devient l'essence de tout être réel.
- L'être qui actue les natures finies, leur étant conjoint,
est pris de Dieu
3213
13 - La différence entre l'être absolu et l'être
relatif n'est pas celle qui existe entre une substance et une autre, mais
une différence bien plus grande ; l'un en effet est absolument être,
l'autre absolument non-être. Mais cet autre est relativement. Or
quand est posé un être relatif, l'être qui est absolument
n'est pas multiplié ; c'est pourquoi l'être absolu et l'être
relatif ne sont pas une substance unique, mais un être unique ; et
en ce sens il n'y a pas diversité d'être, mais unité
d'être.
3214
14 - Par l'abstraction divine est produit l'être initial, premier
élément des êtres finis ; mais par l'imagination divine
est produit le réel fini, ou toutes les réalités dont
est fait le monde.
3215
15 - La troisième opération de l'être absolu créant
le monde est la synthèse divine, c'est-à-dire l'union des
deux éléments que sont l'être initial, commencement
commun de tous les êtres finis, et le réel fini, ou mieux
: les diverses réalités finies, les termes différents
du même être initial. C'est par cette union que sont créés
les êtres finis.
3216
16 - L'être initial, mis en rapport par l'intelligence au moyen
de la synthèse divine, non comme intelligible mais comme pure essence,
avec les termes finis réels, fait que les êtres finis existent
subjectivement et réellement.
3217
17 - Tout ce que fait Dieu en créant, c'est de poser l'acte
tout entier de l'existence des créatures ; cet acte n'est donc pas
proprement fait, mais posé.
3218
18 - L'amour dont Dieu s'aime également dans les créatures,
et qui est la raison pour laquelle il se détermine à créer,
constitue une nécessité morale qui, dans l'être le
plus parfait, produit toujours son effet : c'est seulement dans la plupart
des êtres imparfaits que cette sorte de nécessité laisse
entière la liberté bilatérale.
3219
19 - Le Verbe est cette matière invisible dont, comme le dit
Sg 11,18 , toutes les choses de l'univers ont été
créées.
3220
20 - Il ne répugne pas que l'âme se multiplie par génération,
de sorte à être conçue comme progressant de l'imparfait,
c'est-à-dire du degré sensitif, au parfait, c'est-à-dire
au degré intellectif.
3221
21 - Quand l'être devient objet d'intuition pour le principe
sensitif, par ce seul contact, par cette seule union, ce principe qui d'abord
sentait seulement et qui maintenant comprend, est élevé à
un état plus noble, change de nature, et devient intelligent, subsistant
et immortel.
3222
22 - Il n'est pas impossible de concevoir que par la puissance divine
il puisse se faire que l'âme intellective soit séparée
du corps animé, et que celui-ci continue d'être animal ; en
effet demeurerait en lui, comme la base du pur animal, le principe animal
qui auparavant était en lui comme un appendice.
3223
23 - Dans l'état naturel, l'âme du défunt existe
comme si elle n'existait pas; étant donné qu'elle ne peut
pas exercer de réflexion sur elle-même, ni avoir conscience
d'elle-même, on peut dire que sa condition est semblable à
l'état des ténèbres perpétuelles et du sommeil
éternel.
3224
24 - La forme substantielle du corps est plutôt l'effet de l'âme
et le terme intérieur de son opération : c'est pourquoi la
forme substantielle du corps n'est pas l'âme elle-même. - L'union
de l'âme et du corps consiste proprement dans la perception immédiate
par laquelle le sujet qui a l'intuition d'une idée, affirme le sensible
après y avoir eu l'intuition de l'essence.
3225
25 - Une fois le mystère de la Trinité révélé,
son existence peut être démontrée par des arguments
purement spéculatifs, certes négatifs et indirects, mais
tels cependant que par eux cette vérité est ramenée
aux disciplines philosophiques et qu'elle devient une proposition scientifique
comme les autres: car si elle était niée, la doctrine théosophique
de la pure
raison non seulement demeurerait incomplète, mais serait annihilée
par des obscurités qui surgiraient de toute part.
3226
26 - Les trois formes suprêmes de l'être, à savoir
la subjectivité, l'objectivité et la sainteté, ou
la réalité, l'idéalité et la moralité,
si on les transfère à l'être absolu, ne peuvent pas
être conçues autrement que comme des personnes subsistantes
et vivantes, - Le Verbe, en tant qu'objet aimé et non en tant que
Verbe, c'est-à-dire objet subsistant en soi connu par soi, est la
personne de l'Esprit Saint.
3227
27 - Dans l'humanité du Christ, la volonté humaine fut
tellement ravie par l'Esprit Saint à adhérer à l'être
objectif, c'est-à-dire au Verbe, qu'elle lui a cédé
entièrement le gouvernement de l'homme, et que le Verbe a assumé
celui-ci de façon personnelle en s'unissant ainsi la nature humaine.
Par là, la volonté humaine a cessé d'être personnelle
en l'homme, et tandis qu'elle est personne dans les autres hommes, elle
demeure nature dans le Christ.
3228
28 - Selon la doctrine chrétienne le Verbe, caractère
et face de Dieu, est imprimé dans l'âme de ceux qui reçoivent
avec foi le baptême du Christ. - Le Verbe, c'est-à-dire le
caractère imprimé dans l'âme, est selon la doctrine
chrétienne l'être réel (infini) manifeste par lui-même,
et que nous reconnaissons ensuite être la deuxième personne
de la très sainte Trinité.
3229
29 - Nous ne pensons pas que ce soit une conjecture étrangère
à la doctrine catholique, qui seule est vérité, que
de dire dans le sacrement eucharistique la substance du pain et du vin
devient la vraie chair et le vrai sang du Christ lorsque le Christ en fait
le terme de son principe sentant et le vivifie par sa vie, presque de la
manière dont le pain et le vin sont transsubstantiés en notre
chair et notre sang puisqu'ils deviennent le terme de notre principe sentant.
3230
30 - La transsubstantiation achevée, on peut penser qu'au corps
glorieux du Christ quelque partie incorporée à lui, non séparée
(de lui) et pareillement glorieuse, lui est conjointe.
3231
31 - Dans le sacrement de l'eucharistie, en vertu (les paroles, le
corps et le sang du Christ est présent seulement dans la mesure
qui répond à la quantité (a quel tanto) de la substance
du pain et du vin qui est transsubstantiée : le reste du corps du
Christ y est présent par concomitance
3232
32 - Parce que celui qui "ne mange pas la chair du Fils de l'homme
et ne boit pas son sang n'a pas la vie en lui" Jn 6,54 , et que
cependant ceux qui meurent avec le baptême d'eau, de sang ou de désir
obtiennent de façon certaine la vie éternelle, il faut dire
qu'à ceux qui dans cette vie n'ont pas mangé le corps du
Christ, cet aliment céleste est administré dans la vie future,
à l'instant même de la mort. - C'est pourquoi, lorsqu'il est
descendu aux enfers, le Christ a pu aussi se communiquer lui-même
sous les espèces du pain et du vin aux saints de l'Ancien Testament
pour les rendre aptes à la vision de Dieu.
33 - Lorsque les démons ont pris possession du fruit, ils pensèrent qu'ils entreraient en l'homme s'ils en mangeaient; la nourriture étant changée en corps animé de l'homme, ils pouvaient entrer librement dans l'animalité, c'est- à-dire dans la vie subjective de cet être, et par là en disposer comme ils se l'étaient proposé.
3234
34 - Pour préserver la bienheureuse Vierge Marie du péché
originel, il suffisait que demeure non corrompue une minuscule semence
d'homme, négligée peut-être par le démon, et
que de cette semence non corrompue, transmise de génération
en génération, sortît en son temps la Vierge Marie.
3235
35 - Plus on est attentif à l'ordre de la justification en l'homme,
plus apparaît juste le langage de l'Ecriture selon lequel Dieu couvre
ou n'impute pas certains péchés. - Selon le Psalmiste Ps
32,1 il y a une différence entre les iniquités qui sont
remises et les péchés qui sont couverts celles-là
sont des fautes actuelles et libres ; ceux-ci en revanche sont les péchés
non libres de ceux qui appartiennent au peuple de Dieu et qui pour cela
n'en reçoivent aucun dommage.
3236
36 - L'ordre surnaturel est constitué par la manifestation de
l'être dans la plénitude de sa forme réelle ; l'effet
de sa communication, ou manifestation, est le sentiment (sentimento) déiforme
qui, commençant en cette vie, constitue la lumière de la
foi et de la grâce, et qui, achevé dans l'autre vie, constitue
la lumière de la gloire.
3237
37 - La première lumière qui rend l'âme intelligente
est l'être idéal ; la deuxième première lumière
est également l'être, non pas seulement idéal, mais
subsistant et vivant : celui-là cache sa personnalité et
montre seulement son objectivité ; mais celui qui voit la deuxième
(qui est le Verbe), bien que comme dans un miroir et en énigme,
voit Dieu.
3238
38 - Dieu est l'objet de la vision béatifique en tant qu'il
est l'auteur des oeuvres ad extra.
3239
39 - Les traces de la sagesse et de la bonté qui brillent dans
les créatures sont nécessaires à ceux qui contemplent
(au ciel); réunies en effet dans l'exemplaire éternel, elles
sont cette part de lui qui peut être vue par eux (che è loro
accessibile), et elles fournissent le sujet des louanges que les bienheureux
chantent à Dieu pour l'éternité.
3240
40 - Puisque Dieu ne peut pas, même par la lumière de
la gloire, se communiquer totalement aux êtres finis, il n'a pu révéler
et communiquer son essence à ceux qui contemplent (au ciel) que
selon le mode qui convient à des intelligences finies c'est-à-dire
que Dieu se manifeste à eux en tant qu'il est en relation avec eux
comme leur créateur, leur providence leur rédempteur, leur
sanctificateur.
3241
(Censure confirmée par le souverain pontife : le Saint-Office)
a jugé que les propositions... sont à proscrire et à
réprouver au sens de l'auteur, et par ce décret général
il les réprouve, les condamne, les proscrit...
3261
Mais de cette double dignité découlaient d'elles-mêmes
les charges que la nature impose aux pères de famille, de telle
sorte que Joseph était le gardien en même temps que l'administrateur
et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont
il était le chef. Ces charges et ces fonctions, il les a certainement
exercées pendant tout le cours de sa vie mortelle. ...
3262
Or la divine maison que Joseph gouverna comme avec l'autorité
du père, contenait les prémices de l'Eglise naissante. De
même que la Vierge très sainte est celle qui a enfanté
Jésus Christ, de même elle est la mère de tous les
chrétiens qu'elle a enfantés en effet sur le mont du Calvaire
au milieu des souffrances suprêmes du Rédempteur ; et de même
Jésus Christ est comme le premier-né des chrétiens
qui par l'adoption et la Rédemption sont ses frères.
3263
Telles sont les raisons pour lesquelles le bienheureux patriarche regarde
comme lui étant particulièrement confiée la multitude
des chrétiens dont est faite l'Eglise, à savoir cette immense
famille répandue par toute la terre sur laquelle, parce qu'il est
l'époux de Marie et le père de Jésus Christ, il possède
comme une autorité paternelle. Il est donc très naturel et
très digne du bienheureux Joseph que de même qu'il subvenait
autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait
de sa protection, il couvre et protège maintenant l'Eglise du Christ
de son céleste patronage.
Questions :1. Un tel mélange est-il permis?
2. Et si oui, quelle quantité de cette matière extérieure
est- il permis d'ajouter au vin ?
3. Dans l'affirmative, faut-il de l'esprit-de-vin extrait de vin pur,
ou du fruit de la vigne.
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 31 juillet) :
A condition que l'esprit (alcool) soit extrait du produit de la vigne,
et que la quantité d'alcool ajoutée à celle que contient
par nature le vin dont il s'agit ne dépasse pas la proportion de
douze pour cent, et que le mélange se fasse lorsque le vin est encore
jeune, rien ne s'oppose à ce que ce vin soit utilisé dans
le sacrifice de la messe.
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Pour ceux aussi qui acceptent un combat qui leur est offert, la crainte
n'est pas une excuse suffisante, lorsqu'ils redoutent de passer communément
pour lâches s'ils refusent de se battre. Car s'il fallait mesurer
les devoirs des hommes aux fausses opinions de la foule, et non d'après
la norme éternelle de ce qui est droit et juste, il n'y aurait pas
de différence naturelle et véritable entre les actions honnêtes
et les faits honteux. Les sages païens eux-mêmes ont su et enseigné
que l'homme fort et courageux devait mépriser les jugements trompeurs
de la foule. Au contraire, c'est une crainte juste et sainte qui détourne
l'homme du meurtre inique, qui lui fait avoir le souci de sa propre vie
et de celle des frères. En outre, celui qui dédaigne les
vains jugements de la foule, qui aime mieux subir le coup des outrages
que d'être jamais infidèle à son devoir, celui-là
possède manifestement une âme plus grande et plus élevée
que l'autre qui court aux armes, aiguillonné par l'injure. Bien
plus, à juger sainement, il est même le seul en qui brille
le courage solide, ce courage, dis- je, qui est appelé à
juste titre vertu, et qu'accompagne une gloire ni trompeuse, ni mensongère.
La vertu en effet consiste dans le bien en accord avec la raison, et à
moins qu'elle ne se fonde sur l'approbation de Dieu, toute gloire est stupide.
source: catho.org