369
(Chap. 12) Le même en effet est Dieu et homme, non pas, comme
le disent ceux qui ne croient pas, par l'introduction d'une quatrième
personne, mais le Fils de Dieu lui-même est Dieu et homme, le même
est puissance et faiblesse, humilité et majesté, qui rachète
et qui a été vendu, attaché à la croix et accordant
le Royaume des cieux, tel dans notre faiblesse qu'il a pu être mis
à mort, tel dans sa puissance qu'il n'a pas pu être détruit
par la mort.
(Chap. 13) Il a été enseveli parce qu'il a voulu naître
comme homme, et parce qu'il était semblable au Père, il est
ressuscité: ouffrant des blessures et sauvant les souffrants, l'un
parmi les morts et vivificateur des mourants, descendant aux enfers et
ne quittant pas le sein du Père. C'est pourquoi aussi cette âme
qu'il a laissée du fait de la condition commune, il l'a reprise
bientôt en vertu de sa force singulière et de la puissance
admirable.
372
Can. 2. Si quelqu'un affirme que la prévarication d'Adam n'a
nui qu'à lui seul et non à sa descendance, ou s'il déclare
que c'est seulement la mort corporelle, peine du péché, et
non le péché, mort de l'âme, qui par un seul homme
a passé dans tout le genre humain, il attribue une injustice à
Dieu en contredisant l'Apôtre qui dit : " Par un seul homme, le péché
est entré dans le monde, et ainsi la mort a passé dans tous
les hommes, tous ayant péché en lui " Rm 5,12 .
374
Can.4. Si quelqu'un prétend que Dieu attend notre vouloir pour
nous purifier du péché, et s'il n'admet pas que même
notre volonté de purification est un effet de l'infusion et de l'opération
du Saint-Esprit en nous, il résiste au Saint-Esprit lui-même
qui dit par Salomon : " La volonté est préparée par
le Seigneur " Pr 8,35 LXX et à l'Apôtre en sa prédication
salutaire: " C'est
Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire, selon son bon
plaisir " (voir Ph 2,13 .
375
Can.5. Si quelqu'un dit que l'accroissement de la foi comme aussi son
commencement, et l'attrait de la croyance par lequel nous croyons en celui
qui justifie l'impie et qui nous fait parvenir à la régénération
du saint baptême, ne sont pas en nous un don de la grâce, c'est-à-dire
par une inspiration du Saint-Esprit qui redresse notre volonté en
l'amenant de l'infidélité à la foi et de l'impiété
à la piété, mais qu'il nous sont naturels, il s'avère
l'adversaire des dogmes apostoliques, puisque saint Paul dit : " Nous avons
confiance que celui qui a commencé en vous cette belle oeuvre la
mènera à son terme jusqu'au jour du Christ Jésus "
Ph 1,6 et ceci : " Il vous a été donné non
seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour lui "Ph
1,29 et : " c'est par la grâce que vous êtes sauvés,
moyennant la foi, et cela ne vient pas de vous : c'est le don de Dieu "
Ep 2,8 . Ceux qui déclarent naturelle la foi par laquelle
nous croyons en Dieu en viennent à considérer, d'une certaine
manière, comme fidèles tous ceux qui sont étrangers
à l'Eglise du Christ.
376
Can.6. Si quelqu'un dit que la miséricorde nous est donnée
par Dieu lorsque, sans la grâce, nous croyons, nous voulons, nous
désirons, nous faisons des efforts, nous travaillons, nous prions,
nous veillons, nous étudions, nous demandons, nous cherchons, nous
frappons à la porte et qu'il ne confesse pas que notre foi, notre
volonté et notre capacité d'accomplir ces actes comme il
le faut se font en nous par l'infusion et l'inspiration du Saint- Esprit
; s'il subordonne l'aide de la grâce à l'humilité ou
à l'obéissance de l'homme et s'il n'admet pas que c'est le
don de la grâce elle-même qui nous permet d'être obéissants
et humbles, il résiste à l'Apôtre qui dit : " Qu'as-tu
que tu n'aies reçu ? " 1Co 4,7 et : " C'est par la grâce
de Dieu que je suis ce que je suis " 1Co 15,10 .
377
Can.7. Si quelqu'un affirme qu'il peut par la seule force de la nature
concevoir, comme il convient, une bonne pensée touchant le salut
de la vie éternelle ou la choisir ou donner son assentiment à
la prédication du salut de l'Evangile, sans l'illumination et l'inspiration
du Saint-Esprit qui donne à tous son onction lorsqu'ils adhèrent
et croient à la vérité, il est trompé par un
esprit d'hérésie et ne comprend pas la parole que Dieu a
dite dans l'Evangile: " Sans moi vous ne pouvez rien faire " Jn 15,5
, ni ce mot de
l'Apôtre : " Ce n'est pas que nous soyons par nous-mêmes
capables de concevoir quelque chose comme venant de nous, mais c'est de
Dieu que vient toute notre capacité " 2Co 3,5
378
Can. 8. Si quelqu'un prétend que certains peuvent arriver à
la grâce du baptême par la miséricorde, d'autres par
le libre arbitre, dont il est clair qu'il est vicié en tous ceux
qui sont nés de la prévarication du premier homme, il démontre
qu'il est étranger à la vraie foi. Il affirme en effet que
ce libre arbitre n'a pas été affaibli en tous par le péché
du premier homme, ou au moins il croit qu'il a été lésé
seulement, de telle sorte que néanmoins certains hommes peuvent
encore d'eux-mêmes, sans révélation divine, conquérir
le mystère du salut éternel. Combien cette doctrine est contraire,
le Seigneur le montre, qui atteste que ce ne sont pas certains mais personne
qui peut venir à lui " si le Père ne l'a attiré "
(Voir Jn 6,44 ), comme il dit aussi à Pierre : " Tu es bienheureux,
Simon, fils de Jonas, parce que ce ne sont pas la chair et le sang qui
te l'ont révélé mais mon Père qui est dans
les cieux " Mt 16,17 l'Apôtre dit aussi : " Personne ne peut
dire : 'Jésus est Seigneur', si ce n'est dans l'Esprit Saint ".
1Co 12,3
379
Can. 9. "L'aide de Dieu. C'est par un don de Dieu que nous avons de
bonnes pensées, et que nous préservons nos pas du mensonge
et de l'injustice ; chaque fois en effet que nous faisons le bien, Dieu
opère en nous et avec nous pour que nous opérions "
380
Can. 10. L'aide de Dieu. Les régénérés
et les saints doivent eux aussi toujours implorer l'aide de Dieu pour parvenir
à la fin bonne ou pour pouvoir persévérer dans le
bien.
381
Can. 11. " Le caractère d'obligation des voeux. Personne ne
consacrerait dignement à Dieu quoi que ce soit, s'il n'avait reçu
de lui ce qu'il consacre " comme il est écrit : " Et ce que nous
avons reçu de ta main, nous te le donnons " 1Ch 29,14 .
382
Can. 12." Comment Dieu nous aime. Dieu nous aime tels que nous serons
par son don, non tels que nous sommes par notre mérite ".
383
Can. 13. Le rétablissement du libre arbitre. Le libre arbitre
blessé dans le premier homme ne peut être rétabli que
par la grâce du baptême ; " ce qui a été perdu,
celui-là seul peut le rendre qui a pu le donner. Aussi la Vérité
elle- même dit : " Quand le Fils vous aura délivrés,
alors vous serez vraiment libres " Jn 8,36 .
384
Can. 14. " Nul misérable ne peut être affranchi de sa
misère, si grande qu'elle soit, s'il n'est prévenu par la
miséricorde de Dieu ", comme le dit le Psalmiste : " Que ta miséricorde
vienne vite au-devant de moi, Seigneur " Ps 78,8 et encore : " Mon
Dieu, sa miséricorde viendra au-devant de moi " Ps 58,11 .
385
Can. 15." Par rapport à l'état dans lequel Dieu l'avait
formé, Adam a été changé mais en pire, par
son iniquité. Par rapport à l'état dans lequel l'iniquité
l'a fait, le fidèle est changé, mais en mieux, par la grâce
de Dieu. Le premier changement est dû au premier pécheur,
le second " changement " selon le Psalmiste, " est dû à la
droite du Très-Haut " (voir Ps 77,11 .
386
Can. 16. " Nul ne doit se glorifier de ce qu'il possède comme
s'il ne l'avait pas reçu d'un autre, ou croire l'avoir reçu
simplement parce qu'une lettre est apparue de l'extérieur pour être
lue, ou a résonné pour être entendue. Car comme le
dit l'Apôtre : " Si la justice vient de la loi, alors le Christ est
mort en vain " Ga 2,21 : " montant en haut il a emmené captive
la captivité, il a donné ses dons aux hommes " (voir Ep
4,8 Ps 68,19 . Tout ce qu'on possède, on le tient de là
; quiconque nie l'avoir reçu de là ne le possède pas
vraiment ou se verra enlever ce qu'il possède " Mt 25,29 .
387
Can. 17. " La force chrétienne. La force des païens est
produite par la cupidité terrestre mais la force des chrétiens
l'est par la grâce de Dieu " répandue dans nos coeurs ", non
par la volonté du libre arbitre qui vient de nous, mais " par l'Esprit
Saint qui nous a été donné " Rm 5,5 .
388
Can. 18. " On ne peut prévenir la grâce par aucun mérite.
Aux bonnes oeuvres, s'il en est, la récompense est due ; mais la
grâce, qui n'est pas due, précède pour qu'elles soient
".
389
Can. 19. " Nul ne peut être sauvé si Dieu ne fait pas
miséricorde. Même si la nature humaine était demeurée
dans l'intégrité dans laquelle elle a été créée,
elle n'aurait pas pu la conserver elle-même sans le secours de son
créateur ; si donc elle ne peut garder, sans la grâce de Dieu,
le salut qu'elle a reçu, comment pourrait-elle, sans la grâce
de Dieu, réparer ce qu'elle a perdu ? "
390
Can. 20. " L'homme ne peut rien de bon sans Dieu. Dieu fait dans l'homme
beaucoup de choses bonnes que l'homme ne fait pas ; mais l'homme ne fait
aucune chose bonne que Dieu ne lui ait donné de faire "
391
Can. 21. " Nature et grâce. De même qu'à ceux qui,
voulant être justifiés par la Loi, tombèrent hors de
la grâce, l'Apôtre dit avec raison : " Si la justice vient
de la Loi, alors le Christ est mort en vain " Ga 2,21 , de même
on dit avec raison à ceux qui pensent que la grâce, que la
foi au Christ recommande et reçoit, est la nature : si la justice
vient de la nature, " alors le Christ est mort en vain ". La Loi en effet
était déjà là et ne justifiait pas, et la nature
aussi était là et ne justifiait pas. C'est pourquoi le Christ
n'est pas mort en vain, afin que la Loi fût accomplie par celui qui
a dit : " Je ne suis pas venu détruire la Loi, mais l'accomplir
" Mt 5,17 , et afin que la nature perdue par Adam fût réparée
par celui qui a dit être venu " pour chercher et sauver ce qui était
perdu " Lc 19,10 .
392
Can. 22. " Ce qui est propre à l'homme. Nul n'a en propre que
le mensonge et le péché. Mais si quelqu'un possède
un tant soi peu de vérité et de justice, il le tient de cette
source divine vers laquelle, égarés dans le désert
d'ici-bas, nous devons soupirer pour que, humectés en quelque sorte
par elle de quelques gouttes, nous ne défaillions pas en chemin
".
393
Can. 23. " La volonté de Dieu et de l'homme. C'est leur volonté
que font les hommes, non celle de Dieu, lorsqu'ils font ce qui déplaît
à Dieu ; mais lorsqu'ils font ce qu'ils veulent, pour servir la
volonté divine, même si c'est en voulant qu'ils font ce qu'ils
font, c'est cependant la volonté de celui qui prépare et
ordonne ce qu'ils veulent "
394
Can. 24. " Les sarments de la vigne. Les sarments sont dans la vigne
sans rien donner à la vigne, mais en recevant d'elle ce qui les
fait vivre : car la vigne est dans les sarments en sorte qu'elle leur fournit
l'aliment nécessaire à leur vie et qu'elle ne reçoit
rien d'eux. Et c'est pourquoi l'un et l'autre : avoir le Christ qui demeure
en soi et demeurer dans le Christ, sont utiles aux disciples, non au Christ.
Car lorsqu'un sarment a été coupé, un autre peut surgir
de la racine vivante ; mais celui qui a été coupé
ne peut pas vivre sans la racine " (voir Jn 15,5-8 ).
395
Can. 25. " L'amour dont nous aimons Dieu. Aimer Dieu est entièrement
un don de Dieu. Lui qui aime sans être aimé, a donné
de l'aimer. Sans plaire nous avons été aimés afin
qu'advienne en nous de quoi plaire. Car il a répandu dans nos coeurs
la charité, l'Esprit Rm 5,5 du Père et du Fils, Esprit
que nous aimons en même temps que le Père et le Fils ".
397
Nous croyons aussi, selon la foi catholique, qu'après avoir
reçu la grâce par le baptême tous les baptisés
peuvent et doivent accomplir, avec l'aide et la coopération du Christ,
tout ce qui concerne le salut de leur âme, s'ils veulent fidèlement
y travailler. Non seulement nous ne croyons pas que certains hommes soient
prédestinés au mal par la puissance divine, mais s'il était
des gens qui veuillent croire une telle horreur, nous leur disons avec
toute notre réprobation : anathème !
Nous confessons et nous croyons aussi pour notre salut que, dans toute
bonne oeuvre, ce n'est pas nous qui commençons et qui sommes ensuite
aidés par la miséricorde de Dieu, mais que c'est lui, sans
aucun bon mérite préalable de notre part, qui d'abord nous
inspire et la foi et l'amour, pour que nous recherchions fidèlement
le sacrement du baptême et qu'après le baptême nous
puissions accomplir avec son aide ce qui lui plaît. C'est pourquoi
nous devons croire très nettement que la foi si admirable du larron
appelé par le Seigneur à la patrie du paradis Lc 23,43
, celle du centurion Corneille à qui l'ange du Seigneur fut
envoyé Ac 10,3 et celle de Zachée qui mérita
de recevoir le Seigneur en personne , ne fut pas un don de la nature, mais
un don de la libéralité de la grâce divine.
399
(Chap. 2). Et parce qu'il est avéré que de nombreux pères,
et avant tous les autres l'évêque Augustin de bienheureuse
mémoire, mais également nos prédécesseurs,
évêques du Siège apostolique, en ont traité
si amplement que désormais il ne devrait faire de doute pour personne
que la foi elle-même aussi nous vient de la grâce, nous avons
pensé pouvoir renoncer à une réponse développée
; d'autant que selon les propos de l'Apôtre que tu as cités
et dan lesquels il dit : " J'ai obtenu la miséricorde d'être
croyant " 1Co 7,25 , et ailleurs : " Il vous a été
donné, à propos du Christ, non seulement de croire, mais
également de souffrir pour lui " Ph 1,29 , il apparaît
avec évidence que la foi par laquelle nous croyons en Christ, tout
comme tous les biens, sont accordés à chaque homme en raison
du don de la grâce d'en haut et non en raison du pouvoir de la nature
humaine.
Et cela nous nous réjouissons de ce que ta Fraternité
également, en tenant colloque avec certains prêtres des Gaules,
l'ait pensé conformément à la foi catholique : à
savoir au sujet de ces points pour lesquels ils ont défini d'un
consentement unanime, ainsi que tu l'as rapporté, que la foi avec
laquelle nous croyons en Christ est conférée par la grâce
prévenante de la divinité ; ajoutant même que selon
Dieu il n'y a absolument rien de bon que quelqu'un pourrait vouloir, ou
commencer, ou faire, ou mener à son terme sans la grâce de
Dieu, puisque notre Sauveur dit : " Sans moi vous ne pouvez rien faire
" Jn 15,5 . Car il est certain et catholique que pour tous les biens,
dont le plus éminent est la foi, même lorsque nous ne voulons
pas encore, la miséricorde de Dieu nous prévient pour que
nous voulions, elle est en nous lorsque nous voulons, et même suit
pour que nous demeurions dans la foi, comme le dit le prophète David
: " Mon Dieu, sa miséricorde me devancera " Ps 59,11 ; et
encore : " Ma miséricorde est avec lui " Ps 89,25 ; et ailleurs
: " Sa miséricorde me suit " Ps 23,6 . De même le bienheureux
Paul dit aussi : " Qui lui a donné le premier, pour qu'il lui soit
donné en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et en lui " Rm
11,35 (et ss.).
400
C'est pourquoi nous nous étonnons beaucoup de ce que ceux qui
pensent à l'opposé sont accablés jusqu'à aujourd'hui
encore par les restes de l'ancienne erreur, en sorte qu'ils croient qu'on
vient au Christ non pas par le bienfait de Dieu, mais par celui de la nature
; et ils disent que le bien de la nature elle- même qui, on le sait,
a été corrompu par le péché d'Adam, est davantage
l'auteur de notre foi que le Christ ; et ils ne comprennent pas qu'ils
contredisent la parole du Seigneur qui dit: " Personne ne vient à
moi, à moins que cela lui ait été donné par
mon Père " Jn 6,44 ; mais qu'ils s'opposent également
au bienheureux Paul qui s'écrie à l'adresse des Hébreux
: " Courons vers le combat qui nous est proposé, en considérant
celui qui est l'auteur et le consommateur de la foi, Jésus Christ,
He 12,1 (et ss). Puisqu'il en est ainsi, nous ne pouvons pas trouver
ce qu'ils veulent attribuer à la volonté humaine, sans la
grâce de Dieu, pour la foi au Christ, puisque le Christ est l'auteur
et le consommateur de la foi. - (Chap. 3) C'est pourquoi... nous approuvons
votre profession de foi écrite plus haut comme s'accordant avec
les règles catholiques des pères.
402
(Résumé de la christologie) Par là est donc montré
clairement ce qu'attendait l'empereur, ce à quoi est attachée
l'Eglise romaine et qu'elle tient en honneur, à savoir que le Christ
notre Seigneur, comme nous l'avons souvent dit, est l'un de la sainte Trinité,
qu'il doit être reconnu comme de deux natures, c'est-à- dire
complet dans la divinité et dans l'humanité, la chair n'ayant
pas existé auparavant pour s'unir ensuite au Verbe, mais recevant
en Dieu Verbe lui-même le commencement qui la fait exister. Pour
la raison en effet que la chair du Verbe a pris son commencement du corps
de la mère, les propriétés et la vérité
de chacune des natures, à savoir de la divinité et de l'humanité,
étant sauves (voir 293), nous confessons de façon catholique
Fils de Dieu notre Seigneur Jésus Christ, tout changement et toute
confusion ultérieurs étant écartés. Car nous
ne reconnaissons les natures en lui qu'en considérant et en confessant
les différences de la divinité et de l'humanité. Mais
par le fait que nous parlons de deux natures nous ne reconnaissons pas
deux personnes dans le Christ, de telle façon que nous semblions
opérer une division de l'union et qu'il y ait - loin de nous une
telle pensée ! - une quaternité et non une trinité,
comme le pense Nestorius dans sa folie ; et nous ne confondons pas non
plus ces natures unies lorsque nous confessons l'unique personne du Christ,
comme le pense Eutychès dans son impiété. Mais tout
comme l'Eglise romaine a reçu et vénéré jusqu'ici
le Tomus du pape Léon et toutes ses lettres, ainsi que les quatre
conciles de Nicée, de Constantinople, le premier d'Ephèse
et celui de Chalcédoine, nous les suivons, nous les embrassons et
nous les observons.
A l'instigation de l'impératrice Théodora le pape Silvère
fut déposé, et le 29 mars Vigile fut déclaré
son successeur. Ce n'est qu'après que Silvère eut démissionné
le 11 novembre que Vigile fut légitime.
404
2. Si quelqu'un dit ou tient que l'âme du Seigneur a d'abord
existé et qu'elle a été unie au Dieu Verbe avant de
s'incarner et de naître de la Vierge, qu'il soit anathème.
405
3. Si quelqu'un dit ou tient que le corps de notre Seigneur Jésus
Christ a d'abord été formé dans le sein de la sainte
Vierge et qu'ensuite Dieu le Verbe et l'âme, déjà existante,
lui ont été unie, qu'il soit anathème.
406
4. Si quelqu'un dit ou tient que le Verbe de Dieu est devenu semblable
à tous les ordres célestes, en devenant un chérubin
pour les chérubins et un séraphin pour les séraphins,
en devenant semblable à toute les puissances d'en haut, qu'il soit
anathème.
407
5. Si quelqu'un dit ou tient que lors de la résurrection, les
corps des humains ressusciteront en forme de sphère, et ne confesse
pas que nous ressuscitons debout, qu'il soit anathème.
408
6. Si quelqu'un dit ou tient que le ciel, le soleil, la lune, les étoiles
et les eaux qui sont au-dessus des cieux sont des forces animées
et raisonnables (matérielles), qu'il soit anathème.
409
7. Si quelqu'un dit ou tient que le Christ Seigneur sera dans le siècle
à venir crucifié pour les démons, comme pour les hommes,
qu'il soit anathème.
410
8. Si quelqu'un dit ou tient que la puissance de Dieu est limitée,
ou qu'il a créé autant qu'il pouvait étreindre et
penser, ou que les créatures sont coéternelles à Dieu,
qu'il soit anathème.
411
9. Si quelqu'un dit ou pense que le châtiment des démons
et des impies est temporaire, et qu'il prendra fin après un certain
temps, ou bien qu'il y aura restauration des démons et des impies,
qu'il soit anathème.
413
C'est ainsi que notre Seigneur, contre la sauvagerie des erreurs de
cette sorte, a équipé du haut du ciel le ministère
pastoral qu'il a confié au bienheureux apôtre Pierre par une
triple injonction en disant : " Pais mes agneaux " . Et c'est à
juste titre que le soin de les paître a été confié
à celui dont la profession de foi excellente a été
louée par la bouche du Seigneur. ... dans la brièveté
admirable d'une question et d'une réponse il a confessé qu'un
seul et même (Christ) est Fils d'homme et Fils de Dieu : " Tu es
le Christ, le Fils du Dieu vivant ". Mt 16,16 , exprimant par là
le mystère de la très sainte Incarnation, puisque dans l'unité
de la personne et en gardant la propriété des deux natures
il était à la fois homme et Dieu, et qu'il demeurait ce qu'il
a pris dans le temps de sa mère toujours vierge et ce qu'il est
avant les siècles en étant né du Père.
Mais en s'unissant la chair, sans confusion, sans division, sans changement
et substantiellement, Dieu Verbe, notre Emmanuel qui était attendu
grâce à l'annonce de la Loi et des prophètes, est venu.
" Le Verbe s'est donc fait chair et il a habité parmi nous, Jn
1,14 , tout entier dans ce qui est sien, tout entier dans ce qui est
nôtre, prenant du sein maternel une chair avec une âme rationnelle
et intellectuelle...
Il a pris un commencement dans l'humanité pour faire de nous
les cohéritiers de son éternité ; il a daigné
partager le sort de notre nature pour nous faire participer à son
immortalité ; il est devenu pauvre bien qu'il fût riche pour
que nous soyons enrichis par sa pauvreté (voir 2Co 8,9 )
; il a annulé le document accusateur de nos forfaits et a pardonné
tout ce qui est nôtre (voir Col 2,13 s)..., faisant en sorte...
que le " médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ
" 1Tm 2,5 libère de la malédiction dans laquelle le
premier homme, terrestre, était tenu captif des liens de la mort,
en étant le deuxième homme, céleste 1Co 15,47 qui
écrase la mort par la mort.
414
Le Fils de Dieu a souffert pour nous, a été crucifié
dans la chair, est mort dans la chair et est ressuscité le troisième
jour afin que, puisque la nature divine impassible demeurait et que la
vérité de notre chair était maintenue, nous professions
aussi bien les souffrances que les miracles de l'unique et même Seigneur,
notre Dieu Jésus Christ, afin que en considérant la glorification
de notre Tête, ce que le corps de toute l'Eglise a discerné
en prémices d'entre les morts dans notre Tête, à savoir
dans le Christ Dieu et Seigneur, il l'attende aussi en ceux qui sont ses
membres pour la venue de la gloire future. Notre rédempteur lui-même
par conséquent siège à la droite du Père, un
seul et même sans confusion des deux natures, sans division de la
personne, et demeurant, nous le croyons, de deux natures et en deux natures,
et de là il viendra juger les vivants et les morts.
415
Mais le Père est avec ce même Fils unique engendré
et avec l'Esprit Saint un seul dans la divinité et d'une nature
égale et sans distinction. La plénitude de cette foi, notre
Seigneur l'a commandée aux apôtres après la résurrection
en disant : " Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom
du Père et du Fils et de l'Esprit Saint' Mt 28,19 Il dit
"au nom", il n'a pas dit "aux noms", afin que en ceux en qui il y a une
unique force, une unique puissance, une unique divinité, une unique
éternité, une unique gloire unique toute- puissance, une
unique béatitude, une unique opération et une unique nature,
demeure aussi l'intégrité d'un unique nom. Car rien dans
la divinité n'est différent, puisque seule la propriété
manifeste des personnes est désignée par la distinction.
Tout donc qu'est la Trinité demeure une divinité consubstantielle
et sans différence.
417
2. Si quelqu'un nie que l'unité des natures dans le Christ est
faite selon l'hypostase, mais dit au contraire que Dieu le Verbe habite
dans un homme ayant une existence séparée comme dans un des
justes, et dès lors ne confesse pas l'unité des natures selon
l'hypostase, en sorte que Dieu le Verbe est demeuré et demeure,
avec la chair qu'il a assumée, une seule hypostase ou personne,
qu'il soit anathème.
418
3. Si quelqu'un, dans l'unique Christ, divise les paroles de l'Evangile
et des apôtres, en sorte qu'il introduit ainsi une division des natures
qui sont unies en lui, qu'il soit anathème.
419
4. Si quelqu'un dit que l'unique Jésus Christ, vrai Fils de
Dieu et vrai Fils d'homme, était dans l'ignorance de l'avenir ou
du jour du jugement dernier, et qu'il n'a pu savoir que ce que la divinité
habitant en lui comme dans quelqu'un d'autre lui révélait,
qu'il soit anathème.
420
5. Si quelqu'un, à propos du passage de l'Apôtre dans
l'épître aux Hébreux He 5,7 s, où il
est dit que le Christ a connu par expérience ce qu'était
obéir, et présenté, dans un grand cri et des larmes,
des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver
de la mort, attribue ce passage au Christ comme dépouillé
de sa divinité, devenu parfait par les efforts de la vertu, de sorte
qu'il semble introduire ainsi deux Christs ou deux Fils ; et s'il ne croit
pas qu'il faut confesser et adorer un seul et même Christ, Fils de
Dieu et Fils d'homme, de deux natures et en deux natures inséparables
et indivisées, qu'il soit anathème.
422 2. Si quelqu'un ne confesse pas qu'il y a deux générations du Dieu Verbe, l'une avant les siècles, du Père, intemporelle et incorporelle, l'autre aux derniers jours, du même Verbe qui est descendu des cieux et s'est incarné de la sainte et glorieuse Mère de Dieu toujours vierge et qui a été engendré d'elle, qu'un tel homme soit anathème.
423
3. Si quelqu'un dit qu'autre est le Verbe de Dieu qui a fait des miracles
et autre le Christ qui a souffert, ou dit que le Dieu Verbe est uni avec
le Christ né d'une femme Ga 4,4 , ou qu'il est en lui comme
un autre dans un autre ; mais qu'il n'est pas un seul et le même,
notre Seigneur Jésus Christ, le Verbe de Dieu incarné et
fait homme, et le même à la fois auteur des miracles et sujet
de souffrances qu'il a volontairement endurées dans la chair, qu'un
tel homme soit anathème.
424
4. Si quelqu'un dit que c'est selon la grâce ou selon l'opération
ou selon l'égalité d'honneur, ou selon l'autorité,
ou par transfert, relation ou puissance que s'est faite l'union du Dieu
Verbe avec l'homme ; ou selon la bienveillance, comme si le Dieu Verbe
s'était complu en l'homme qui aurait eu de sa folie ;
ou selon l'homonymie selon laquelle les nestoriens, en appelant le
Dieu Verbe Jésus et Christ et en nommant l'homme pris à part
Christ et Fils, parlant manifestement de deux personnes, feignant de parler
et d'une seule personne et d'un seul Christ seulement au point de vue de
l'appellation, de l'honneur, de la dignité et de l'adoration ;
mais s'il ne confesse pas que l'union du Dieu Verbe à la chair
animée par une âme raisonnable et pensante s'est réalisée
selon la composition, c'est-à-dire selon l'hypostase, : comme l'ont
enseigné les saints Pères ; et s'il ne confesse pas pour
cette raison son unique hypostase, réalité qu'est le Seigneur
Jésus Christ, un de la sainte Trinité, qu'un tel homme soit
anathème.
425
Car cette union a été comprise de nombreuses manières
; les uns, sectateurs de l'impiété d'Apollinaire et d'Eutychès,
partisans de la disparition des éléments qui se sont réunis,
prônent une union par confusion ; les autres, pensant comme Théodore
et Nestorius, favorables à la division, introduisent une union de
relation ; cependant, la sainte Eglise de Dieu, rejetant l'impiété
des deux hérésies, confesse l'union du Dieu Verbe à
la chair selon la composition, c'est-à-dire selon l'hypostase. En
effet, l'union par composition dans le mystère du Christ conserve
non seulement sans confusion les éléments réunis,
mais encore n'admet pas la division.
426
5. Si quelqu'un admet l'unique hypostase de notre Seigneur Jésus
Christ comme si celle-ci impliquait le sens de plusieurs hypostases, et
essaie par ce moyen d'introduire au sujet du mystère du Christ deux
hypostases ou deux personnes, et qu'après avoir introduit deux personnes,
il parle d'une personne, selon la dignité, l'honneur ou l'adoration,
comme l'ont écrit dans leur folie Théodore et Nestorius ;
et s'il calomnie le saint concile de Chalcédoine, comme si celui-ci
avait employé l'expression " une seule hypostase " dans ce sens
impie ;
et s'il ne confesse pas que le Verbe de Dieu s'est uni à la
chair selon l'hypostase et que, dès lors, il n'y a qu'une seule
hypostase ou personne, et que c'est dans ce sens que le saint concile de
Chalcédoine a confessé une seule hypostase de notre Seigneur
Jésus Christ, qu'un tel homme soit anathème.
Car la sainte Trinité n'a pas reçu l'adjonction d'une
personne ou hypostase, même après l'Incarnation de l'un de
la sainte Trinité, le Verbe de Dieu.
427
6. Si quelqu'un dit que c'est en un sens impropre et non véritable
que la sainte, glorieuse et toujours vierge Marie est Mère de Dieu
ou qu'elle l'est par transfert, comme si un simple homme avait été
engendré d'elle, mais non pas au sens où le Verbe de Dieu
s'est incarné ; mais la génération de l'homme à
partir de Marie étant selon eux attribuée par transfert au
Dieu Verbe en tant qu'uni à l'homme qui est né et s'il calomnie
le saint concile de Chalcédoine en disant que celui-ci déclare
la Vierge Mère de Dieu dans le sens impie imaginé par Théodore
;
ou si quelqu'un l'appelle mère de l'homme ou mère du
Christ, comme si le Christ n'était pas Dieu,
mais ne confesse pas qu'elle est proprement et en vérité
Mère de Dieu, parce que le Dieu Verbe, engendré du Père
avant les siècles, s'est incarné à partir d'elle dans
les derniers jours et que c'est avec ce sentiment religieux que le saint
concile de Chalcédoine l'a confessée Mère de Dieu,
qu'un tel homme soit anathème.
428
7. Si quelqu'un, disant " en deux natures ", ne confesse pas que dans
la divinité et l'humanité est reconnu notre seul Seigneur
Jésus Christ, pour signifier par là la différence
des natures à partir desquelles s'est réalisée sans
confusion l'union ineffable, sans que le Verbe ait été transformé
dans la nature de la chair ni que la chair soit passée dans la nature
du Verbe (car chacun demeure ce qu'il est par nature, même après
la réalité de l'union selon l'hypostase), mais s'il prend
une telle expression, au sujet du mystère du Christ, dans le sens
d'une division en parties ;
ou si, confessant le nombre des natures dans notre unique Seigneur,
Jésus Christ, Dieu Verbe incarné, il ne prend pas Selon la
seule considération conceptuelle la différence des principes
dont il est constitué, différence qui n'est pas supprimée
par l'union (car un seul est des deux et les deux par un seul, mais s'il
utilise le nombre au point d'avoir des natures séparées,
chacune avec sa propre hypostase, qu'un tel homme soit anathème.
429
8. Si quelqu'un, confessant que l'union de la divinité et de
l'humanité s'est faite de deux natures, ou parlant d'une seule nature
incarnée du Dieu Verbe, ne prend pas ces formules au sens où
les saints Pères les ont enseignées, c'est-à- dire
que, l'union selon l'hypostase s'étant faite à partir de
la nature divine et de la nature humaine, il en est résulté
un Christ un; mais si, à l'aide de ces expressions, il entreprend
d'introduire une seule nature ou substance de la divinité et de
la chair du Christ, qu'un tel homme soit anathème.
430
Car, lorsque nous disons que le Verbe Fils unique s'est uni selon l'hypostase,
nous n'affirmons pas qu'il s'est produit une sorte de fusion mutuelle des
natures ; nous pensons que le Verbe s'est uni à la chair, chacune
des natures demeurant plutôt ce qu'elle était. C'est pourquoi
un est le Christ, Dieu et homme, le même consubstantiel au Père
selon sa divinité, consubstantiel à nous selon son humanité.
Car l'Eglise de Dieu rejette et anathématise également ceux
qui divisent ou découpent en parties le mystère de la divine
économie du Christ et ceux qui y introduisent une confusion.
431
9. Si quelqu'un dit que le Christ est adoré en deux natures,
à partir de quoi il introduit deux adorations, l'une propre au Dieu
Verbe, l'autre propre à l'homme ;
ou si quelqu'un, dans l'intention de supprimer la chair ou de confondre
la divinité et l'humanité, forme l'idée monstrueuse
d'une seule nature ou substance des principes réunis et adore ainsi
le Christ : mais n'adore pas d'une seule adoration le Dieu Verbe incarné
avec sa propre chair, comme l'Eglise l'a reçu dès le début,
qu'un tel homme soit anathème.
432
10. Si quelqu'un ne confesse pas que celui qui a été
crucifié dans la chair, notre Seigneur Jésus Christ, est
vrai Dieu, Seigneur de la gloire et l'un de la sainte Trinité, qu'un
tel homme soit anathème.
433
11. Si quelqu'un n'anathématise pas Arius, Eunome, Macédonius,
Apollinaire, Nestorius, Eutychès et Origène ainsi que leurs
écrits impies, et tous les autres hérétiques condamnés
et anathématisés par la sainte Eglise catholique et apostolique
et les quatre saints conciles susdits, ainsi que tous ceux qui ont tenu
ou tiennent des opinions semblables à celles des hérétiques
susdits et qui ont persisté jusqu'à la mort dans leur propre
impiété, qu'un tel homme soit anathème.
434
12. Si quelqu'un prend la défense de l'impie Théodore
de Mopsueste qui affirme qu'un autre est le Dieu Verbe et un autre le Christ
qui, troublé par les passions de l'âme et les désirs
de la chair, s'est peu à peu libéré des attraits inférieurs
et ainsi, rendu meilleur par le progrès de ses oeuvres et devenu
tout à fait irréprochable par son comportement, a été
baptisé comme un simple homme au nom du Père, du Fils et
du Saint-Esprit ; et, par le baptême, a été jugé
digne de recevoir la grâce du Saint-Esprit et de l'adoption filiale
; et, à l'égal d'une image royale, est adoré en la
personne du Dieu Verbe ; et après sa résurrection est devenu
immuable en ses pensées et totalement impeccable.
Le même impie Théodore a dit encore que l'union du Dieu
Verbe au Christ a été du même ordre que celle dont
parle l'Apôtre pour l'homme et la femme : " Ils seront deux en une
seule chair " Ep 5,31 .
Et en plus de ses autres innombrables blasphèmes, il a osé
dire qu'après la Résurrection, quand le Seigneur a soufflé
sur ses disciples en disant : " Recevez l'Esprit-Saint " Jn 20,22 ,
il ne leur a pas donné l'Esprit-Saint, mais n'a soufflé sur
eux qu'en apparence ; et cet homme dit aussi que la confession de Thomas,
lorsqu'il toucha les mains et le côté du Seigneur après
la Résurrection, le " Mon Seigneur et mon Dieu " Jn 20,28 ,
Thomas ne l'a pas dit à propos du Christ, mais que stupéfait
devant la merveille de la Résurrection, Thomas a loué Dieu
qui avait ressuscité le Christ.
435
Pis encore dans l'interprétation qu'il a donnée des Actes
des Apôtres, le même Théodore compare le Christ à
Platon, à Mani, à Epicure et à Marcion ; comme chacun
d'eux, dit-il, après avoir inventé sa propre doctrine, a
fait donner à ses disciples le nom de platoniciens, de manichéens,
d'épicuriens et de marcionites, de la même manière,
après que le Christ eut aussi inventé une doctrine, c'est
d'après lui que l'on nomme les chrétiens.
Si donc quelqu'un prend la défense du susdit très impie
Théodore et de ses écrits impies, dans lesquels il a répandu
les blasphèmes mentionnés et d'autres innombrables contre
notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, et qu'il ne l'anathématise
pas ainsi que ses écrits impies et ceux qui le reçoivent,
prennent sa défense ou disent que ses exposés sont orthodoxes,
et ceux qui ont écrit en sa faveur et en faveur de ses écrits
impies, ceux aussi qui ont ou ont pu avoir des opinions semblables et qui
sont demeurés jusqu'au bout dans une telle hérésie,
qu'il soit anathème.
436
13. Si quelqu'un prend la défense des ouvrages impies de Theodoret
contre la foi véritable, contre le premier et saint concile d'Ephèse,
contre saint Cyrille et ses douze chapitres (voir ) ; de tout ce qu'il
a écrit en faveur des impies Théodore, Nestorius et des autres
qui ont les mêmes opinions que les susdits Théodore et Nestorius
et qui les reçoivent, eux et leur impiété ; et si
à cause d'eux il traite d'impies les docteurs de l'Eglise qui estiment
que l'union du Dieu Verbe s'est faite selon l'hypostase ;
et s'il n'anathématise pas les écrits impies mentionnés,
ceux qui ont eu ou ont les mêmes opinions qu'eux, tous ceux qui ont
écrit contre la foi orthodoxe ou contre saint Cyrille et ses douze
chapitres, et qui ont fini dans une pareille impiété, qu'un
tel homme soit anathème.
437
14. Si quelqu'un prend la défense de la lettre qui, dit-on,
a été écrite par Ibas à Maris le Perse, où
l'on nie que le Dieu Verbe incarné de Marie, la sainte Mère
de Dieu toujours vierge, soit devenu homme ; où l'on déclare
que c'est un simple homme qui a été engendré d'elle,
un homme qu'on appelle Temple, comme si l'un était le Dieu Verbe
et l'autre l'homme ; où saint Cyrille, le héraut de la vraie
foi des chrétiens orthodoxes, est accusé d'être hérétique
et d'avoir écrit les mêmes erreurs que l'impie Apollinaire
; où il est reproché au premier saint concile d'Ephèse
d'avoir déposé Nestorius sans jugement et sans enquête.
Cette même lettre impie qualifie les douze chapitres de saint Cyrille
252-263 d'impies et de contraires à la foi droite et justifie Théodore
et Nestorius ainsi que leurs doctrines et leurs écrits impies.
Si donc quelqu'un prend la défense de la lettre mentionnée
et ne l'anathématise pas ainsi que ceux qui la défendent
et disent qu'elle est orthodoxe, au moins en partie, ceux qui ont écrit
ou écrivent en sa faveur ou en faveur des impiétés
qu'elle contient au nom des saints Pères et du saint concile de
Chalcédoine et qui demeurent jusqu'à la fin dans ces erreurs,
qu'un tel homme soit anathème.
438
Après que nous avons donc ainsi confessé tous ces points
que nous avons reçus de la sainte Ecriture, de l'enseignement des
saints Pères et des définitions portées à propos
de la foi une et identique par les quatre saints conciles susdits ; après
que nous avons porté condamnation contre les hérétiques
et leur impiété, et aussi contre l'impiété
de ceux qui ont justifié ou justifient les trois chapitres mentionnés
et qui ont persévéré ou persévèrent
dans leur propre erreur ; au cas où quelqu'un entreprendrait de
transmettre, d'enseigner ou d'écrire ce qui est en opposition aux
déclarations que nous avons formulées, s'il est évêque
ou inscrit dans le clergé, puisqu'il agirait de manière incompatible
avec l'état sacerdotal et ecclésiastique, il sera privé
de l'épiscopat ou de la cléricature ; s'il est moine ou laïc,
il sera anathématisé.
442
(Le Fils de Dieu incarné). Mais de cette Trinité sainte,
très bienheureuse et consubstantielle, je crois et je professe qu'une
seule personne, à savoir le Fils de Dieu, est descendu du ciel aux
derniers temps pour le salut du genre humain mais sans quitter le trône
du Père et le gouvernement du monde ; et lorsque l'Esprit Saint
est descendu sur la bienheureuse Vierge Marie et que la puissance du Très-Haut
l'a couverte de son ombre, ce même Verbe et Fils de Dieu entré
avec clémence dans le sein de cette même Vierge sainte Marie,
et s'est uni la chair de sa chair, animée par une âme raisonnable
et intellectuelle ; et la chair n'a pas été créée
auparavant, le Fils de Dieu venant sur elle ensuite, mais comme il est
écrit : " Lorsque la Sagesse s'est édifié une demeure
" Pr 9,11 aussitôt la chair dans le sein de la Vierge s'est
faite chair du Verbe de Dieu ; et c'est pourquoi le Verbe et Fils de Dieu
est devenu homme sans aucun changement ou conversion de la nature du Verbe
et de la chair, un seul et même dans l'une et l'autre nature, la
divine et l'humaine et ainsi le Christ Jésus a paru, c'est-à-dire
est né, vrai Dieu et, le même, vrai homme, la virginité
de la mère étant gardée intacte ; car elle l'a engendré
en demeurant vierge tout comme elle l'a conçu vierge. C'est pourquoi
nous confessons la même bienheureuse Vierge Marie Mère de
Dieu en toute vérité, car elle a enfanté le Verbe
incarné de Dieu.
Il y a donc un seul et même Christ Jésus, vrai Fils de
Dieu et le même qui est vrai Fils d'homme, parfait en divinité
le même parfait en humanité, puisqu'il est tout entier dans
ce qui est sien et, le même, tout entier en ce qui est nôtre
(voir 293) ; par la seconde nativité il a pris de la mère
humaine ce qu'il n'était pas, mais sans cesser d'être ce qu'il
était par la première, celle par laquelle il est né
du Père. C'est pourquoi nous croyons qu'il est de deux et en deux
natures qui demeurent sans division ni confusion : sans division puisque
après l'assomption de notre nature aussi l'unique Christ est demeuré
et demeure le Fils de Dieu ; sans confusion, parce que nous croyons que
les natures ont été unies dans une unique personne et hypostase
de façon telle que, la propriété de chacune étant
sauvegardée, aucune des deux ne s'est changée en l'autre.
Et c'est pourquoi, comme nous l'avons souvent dit, nous confessons qu'un
seul et même Christ est vrai Fils de Dieu et que le même est
vrai Fils d'homme, consubstantiel au Père selon la divinité,
et le même consubstantiel à nous selon l'humanité,
semblable à nous tout à l'exception du péché
; passible dans la chair et le même impassible dans la divinité.
Nous professons que sous Ponce Pilate il a librement souffert pour
notre salut dans la chair, qu'il a été crucifié dans
la chair, qu'il est mort dans la chair, qu'il est ressuscité le
troisième jour dans la même chair, glorifiée et incorruptible,
et... qu'il est monté aux cieux, et qu'il siège aussi à
la droite du Père.
443
(L'accomplissement du monde). Je le crois et je professe... que de
même qu'il est monté aux cieux, il viendra juger les vivants
et les morts. Tous les hommes en effet qui sont nés et qui sont
morts depuis Adam jusqu'à la consommation des siècles avec
Adam lui-même et sa femme qui ne sont pas nés d'autres parents
mais qui ont été créés, l'un de la terre, l'autre
de la côte de l'homme (voir Gn 2,7 Gn 2,22 , je professe qu'ils
ressusciteront alors et qu'ils se tiendront " devant le tribunal du Christ,
afin de recevoir chacun le prix de ce qu'il aura fait dans son corps, soit
en bien, soit en mal " Rm 14,10 2Co 5,10 ; et les justes, comme
des " vases de miséricorde préparés pour la gloire
" (voir Rm 9,23 , il les récompensera par la grâce
surabondante de Dieu avec les récompenses de la vie éternelle,
et ils vivront sans fin dans la société des anges, sans crainte
aucune de retomber ; quant aux impies qui, par le choix de leur propre
volonté, demeurent comme des " vases de colère, destinés
à la perdition " Rm 9,22 , qui soit n'ont pas reconnu la
voix du Seigneur, soit l'ont reconnue mais l'ont abandonnée à
nouveau parce que séduits par des transgressions de toute sorte,
il les livrera par son très juste jugement aux peines du feu éternel
et inextinguible afin qu'ils brûlent sans fin. Telle est donc ma
foi et mon espérance, qui est en moi par un don de la miséricorde
de Dieu ; et pour elle, comme nous le prescrit le bienheureux apôtre
Pierre, nous devons être prêts surtout à répondre
à quiconque nous demande d'en rendre raison (voir 1P 3,5 )
452
2. Si quelqu'un introduit en dehors de la sainte Trinité on
ne sait quels autres noms de la divinité, en disant qu'il y a dans
la divinité elle-même une trinité de trinité,
comme l'ont dit les gnostiques et Priscillien, qu'il soit anathème.
453
3. Si quelqu'un dit que le Fils de Dieu, notre Seigneur n'a pas existé
avant de naître de la Vierge, comme l'ont dit Paul de Samosate, Photin
et Priscillien, qu'il soit anathème.
454
4. Si quelqu'un n'honore pas le jour de la naissance du Christ selon
la chair, mais fait semblant de l'honorer, et qu'il jeûne ce jour
et le dimanche parce qu'il ne croit pas que le Christ est né dans
la vraie nature de l'homme, comme l'ont dit Cerdon, Marcion, Mani et Priscillien,
qu'il soit anathème.
456
6. Si quelqu'un dit que les âmes humaines ont d'abord péché
dans les demeures célestes et que c'est pour cela qu'elles ont été
précipitées sur terre dans des corps humains, comme l'a dit
Priscillien, qu'il soit anathème.
457
7. Si quelqu'un dit que le diable n'a pas été d'abord
un ange bon, créé par Dieu, et que sa nature n'est pas l'oeuvre
de Dieu, mais qu'il dit qu'il a émergé des ténèbres,
que personne ne l'a fait, mais qu'il est lui-même le principe et
la substance du mal, comme Mani et Priscillien l'ont dit, qu'il soit anathème.
458
8. Si quelqu'un croit que le diable a fait quelques créatures
dans le monde et qu'il a produit le tonnerre, les éclairs, les tempêtes
et les sécheresses par sa propre puissance comme Priscillien l'a
dit qu'il soit anathème.
459
9. Si quelqu'un pense que les âmes humaines sont liées
à des astres qui règlent leur destinée, comme les
païens et Priscillien l'ont dit, qu'il soit anathème.
460
10. Si quelqu'un croit que les douze signes des astres que les astrologues
ont coutume d'observer sont disposés selon les divers membres de
l'âme ou du corps, et dit qu'ils sont attribués aux noms des
patriarches, comme l'a dit Priscillien, qu'il soit anathème.
461
11. Si quelqu'un condamne le mariage humain et abhorre la procréation
des enfants, comme Mani et Priscillien l'ont dit, qu'il soit anathème.
462
12. Si quelqu'un dit que la formation du corps humain est l'oeuvre
du diable et que la conception dans le sein maternel est le travail des
démons, et si, pour ce motif, il ne croit pas à la résurrection
de la chair, comme Mani et Priscillien l'ont dit, qu'il soit anathème.
463
13. Si quelqu'un dit que la création de toute chair n'est pas
l'oeuvre de Dieu, mais des mauvais anges, comme Priscillien l'a dit, qu'il
soit anathème.
464
14 Si quelqu'un estime impures les viandes que Dieu a données
à l'homme pour son usage et s'il s'abstient d'en manger, non pour
châtier son corps mais parce qu'il les considère comme impure
et qu'il ne goûte pas même les légumes cuits avec de
la viande, comme l'ont dit Mani et Priscillien, qu'il soit anathème.
source: catho.org