534
(39) Dans cette conception admirable, la Sagesse, s'étant bâti
une demeure, " le Verbe s'est fait chair et il a habité, parmi nous
" Jn 1,14 . Cependant, ce Verbe ne s'est pas transformé ni
changé dans la chair, en sorte que celui qui voulait être
homme cessât d'être Dieu ; mais " Le Verbe s'est fait chair
de telle sorte qu'il y a en lui non seulement le Verbe dde Dieu et la chair
de l'homme, mais encore une âme humaine raisonnable et que tout est
appelé Dieu à cause de Dieu et homme à cause de l'homme.
(40) Dans le Fils de Dieu, nous croyons qu'il y a deux natures, celle
de la divinité et celle de l'humanité, que l'unique personne
du Christ a unies en lui de telle sorte qu'il est impossible de jamais
séparer la divinité de l'humanité et l'humanité
de la divinité.
(41) Dès lors, le Christ est Dieu parfait et homme parfait dans
l'unité d'une seule personne ; néanmoins, en disant qu'il
y a deux natures dans le Fils nous ne faisons pas qu'il y ait deux personnes
en lui, de peur qu'à la Trinité - ce qu'à Dieu ne
plaise ! - ne vienne s'ajouter une quaternité.
(42) Car Dieu le Verbe n'a pas pris la personne de l'homme, mais sa
nature, et dans la personne éternelle de la divinité, il
a pris la substance temporelle de la chair.
535
(43) De même nous croyons que le Père, le Fils et le Saint-
Esprit ont une unique substance, sans dire pourtant que la Vierge Marie
ait enfanté l'unité de cette Trinité : elle n'a enfanté
que le Fils, qui seul a pris notre nature dans l'unité de sa personne.
(44) Nous devons croire aussi que l'Incarnation du Fils de Dieu a été
réalisée par la Trinité tout entière car les
oeuvres de la Trinité ne peuvent être divisées. Cependant
le Fils seul a pris la forme d'esclave Ph 2,7 dans la singularité
d'une personne, non dans l'unité de la nature divine ; dans ce qui
est propre au Fils, non dans ce qui est commun à la Trinité
:
(45) cette forme a été jointe à l'unité
de la personne, en sorte que le Fils de Dieu et le Fils de l'homme sont
un seul Christ. De même le Christ, dans ses deux natures, est fait
de trois substances, celle du Verbe, qu'il faut rapporter à l'essence
de Dieu uniquement, celles du corps et de l'âme qui appartiennent
à l'homme véritable.
536
(46) Il a donc en lui la double substance de sa divinité et
de notre humanité.
(47) Parce qu'il est venu de Dieu le Père sans commencement,
on dit seulement qu'il est né, car il n'a pas été
fait ni prédestiné ; mais parce qu'il est né de la
Vierge Marie, on doit croire qu'il est né, a été fait
et a été prédestiné.
(48) Cependant en lui les deux générations sont admirables,
parce qu'il a été engendré du Père, sans mère,
avant les siècles, et parce qu'à la fin des siècles
il a été engendré d'une mère, sans père.
En tant qu'il est Dieu, il a créé Marie; en tant qu'il est
homme, il a été créé par Marie. Il est le père
et le fils de Marie sa mère.
(49) De même du fait qu'il est Dieu, il est égal au Père
; du fait qu'il est homme, il est moindre que le Père.
(50) De même nous devons croire qu'il est plus et moins que lui-même
: dans la forme de Dieu, le Fils est plus que lui-même, parce qu'il
a pris l'humanité, à qui la divinité est supérieure
; mais dans la forme d'esclave, il est moins que lui-même, c'est-à-dire
dans l'humanité qui est reconnue inférieure à la divinité.
(51) Car de même que la chair qu'il a prise le fait moins, non
seulement que son Père, mais que lui-même, de même selon
sa divinité par laquelle il est égal au Père, lui-même
et le Père sont plus que l'homme, que seule la personne du Fils
a assumé.
537
(52) De même, cherche-t-on si le Fils pourrait être à
la fois égal au Saint- Esprit et plus grand que lui, comme l'on
croit qu'il est tantôt égal au Père et tantôt
moindre que le Père, nous répondrons : selon la forme de
Dieu, il est égal au Père et au Saint-Esprit ; selon la forme
d'esclave, il est moindre que le Père et le Saint-Esprit, parce
que ni le Saint-Esprit ni Dieu le Père, mais seule la personne du
Fils s'est incarnée, et eu égard à cette chair, nuus
croyons qu'il est moindre que ces deux autres personnes.
(53) De même nous croyons que ce Fils, en tant que personne,
est distinct, mais inséparable du Père et du Saint-Esprit
; en tant que nature il est distinct de la nature humaine qu'il a prise.
De même, avec la nature humaine, il constitue une personne ; avec
le Père et le Saint-Esprit, il est la nature ou substance de la
divinité.
538
(54) Cependant nous devons croire que le Fils n'a pas été
envoyé seulement par le Père, mais par le Saint-Esprit, car
lui-même dit par le Prophète : " Voici que maintenant le Seigneur
m'a envoyé ainsi que son Esprit " Is 48,16 .
(55) On reconnaît aussi qu'il a été envoyé
par lui-même, car indivisible est non seulement la volonté
mais l'opération de la Trinité tout entière.
(56). Celui qui a été appelé unique avant les
siècles est devenu le premier- né dans le temps : unique
en raison de l'essence divine, premier- né en raison de la nature
de chair qu'il a prise.
541
(68) Tel est l'exposé de la foi que nous professons. Par elle,
les doctrines de tous les hérétiques sont anéanties
; par elle, les coeurs des fidèles sont purifiés ; par elle,
on arrive glorieusement à Dieu...
544
Mais lorsque nous confessons deux natures ainsi que deux volontés
naturelles et deux opérations naturelles dans notre unique Seigneur
Jésus Christ, nous ne disons ni qu'elles sont contraires ou qu'elles
s'opposent l'une à l'autre..., ni qu'elles sont comme séparées
en deux personnes ou hypostases, mais nous disons que le même Jésus
Christ, de même qu'il a deux natures, a également en lui deux
volontés et deux opérations naturelles : c'est-à-dire
qu'il a la volonté et l'opération divine en commun de toute
éternité avec le Père coessentiel, et que la volonté
et l'opération humaine il les a prises temporellement de nous avec
notre nature. ...
545
De plus l'Eglise apostolique du Christ .. reconnaît, en raison
des propriétés naturelles, que chacune de ces natures du
Christ est complète, et tout ce qui a trait aux propriétés
des natures, elle le confesse comme donné deux fois, puisque notre
Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien Dieu complet
qu'homme complet, aussi bien à partir qu'en deux natures...
En conséquence... elle confesse donc et proclame qu'il y a aussi
en lui deux volontés naturelles et deux opérations naturelles.
Car si quelqu'un comprenait la volonté comme personnelle, il faudrait
aussi, puisqu'on parle de trois personnes dans la sainte Trinité,
qu'on parle de trois volontés personnelles et de trois opérations
personnelles (ce qui est absurde et totalement impie). Mais si, comme le
comporte la vérité de la foi chrétienne, la volonté
est naturelle, là où l'on parle de cette unique nature de
la Trinité sainte et inséparable, il faudra reconnaître
aussi, par conséquent, une unique volonté naturelle et une
unique opération naturelle. Mais là où nous confessons
dans l'unique personne de notre Seigneur Jésus Christ, le médiateur
de Dieu et des hommes 1Tm 2,5 , deux natures, à savoir la
divine et l'humaine, dans lesquelles il existe également après
l'union admirable, de même que nous confessons deux natures de l'unique
et même, nous confessons également ses deux volontés
naturelles et ses deux opérations naturelles.
548
Nous reconnaissons donc qu'un seul et même Jésus Christ
notre Seigneur, Fils de Dieu unique engendré, existe de deux et
en deux substances sans confusion, sans changement, sans division et sans
séparation, la différence des natures n'étant jamais
supprimée du fait de l'union, mais au contraire les propriétés
des deux natures restant sauves et concourant en une unique personne et
une unique hypostase ; il n'est pas partagé ou divisé en
une dualité de personnes, ni confondu en une unique nature composée
: mais nous reconnaissons qu'un seul et même Fils unique, Dieu Verbe,
notre Seigneur Jésus Christ, n'est ni un autre dans un autre, ni
un autre et un autre, mais le même en deux natures, c'est-à-
dire dans la divinité et l'humanité, y compris après
l'union hypostatique ; car ni le Verbe n'a été changé
en la nature de la chair, ni la chair n'a été transformée
en la nature du Verbe les deux en effet sont demeurés ce qu'ils
étaient par nature car la différence des natures unies en
lui, à partir desquelles il est composé sans confusion, sans
séparation, sans changement, nous ne la reconnaissons que par la
réflexion : un seul en effet à partir des deux, et les deux
par un seul parce que l'élévation de la divinité aussi
bien que l'humilité de la chair sont en même temps, chacune
des deux natures gardant intacte sa propriété y compris après
l'union, et " l'une et l'autre forme faisant en communion avec l'autre
ce qui lui est propre : le Verbe opérant ce qui appartient au Verbe,
et la chair exécutant ce qui appartient à la chair : l'un
resplendit dans les miracles, l'autre succombe sous les outrages ".294
Par conséquent, de même que nous confessons qu'il a véritablement
deux natures ou substances, c'est-à-dire la divinité et l'humanité,
sans confusion, sans division et sans changement, de même aussi nous
confessons qu'il a deux volontés naturelles aussi bien que deux
opérations, puisque la règle de la piété nous
apprend qu'un seul et même Seigneur Jésus Christ est Dieu
parfait et homme parfait 501-522 ; car il nous est montré que cela
a été établi par la tradition apostolique et évangélique
et l'enseignement des saints Pères que reconnaissent la sainte Eglise
catholique et apostolique et les vénérables synodes.
551
Quant à ceux c'est-à-dire ceux-là même dont
nous rejetons les doctrines impies, nous avons jugé que leurs noms
également devaient être bannis de la sainte Eglise, à
savoir les noms de Serge... qui a commencé à écrire
au sujet de cette doctrine impie, de Cyrus d'Alexandrie, de Pyrrhus, de
Paul et de Pierre, et de ceux qui ont présidé sur le siège
de cette ville confiée à la protection de Dieu et qui ont
pensé comme ceux-là ; ensuite également celui de Théodore,
jadis évêque de Pharan ; toutes ces personnes ont été
mentionnées par Agathon, le pape très saint et trois fois
bienheureux de l'ancienne Rome, dans sa lettre à... l'empereur 542-545
et rejetées par lui comme ayant pensé contrairement à
notre foi orthodoxe ; et nous décrétons que ceux- là
sont également soumis à l'anathème.
552
Mais avec eux nous sommes d'avis de bannir aussi de la sainte Eglise
de Dieu Honorius, jadis pape de l'ancienne Rome, et de le frapper d'anathème,
parce que nous avons trouvé dans la lettre écrite par lui
à Serge qu'il a suivi en tout l'opinion de celui-ci et qu'il a confirmé
ses enseignements impies.
554
Elles étaient en accord aussi avec les lettres synodales écrites
par le bienheureux Cyrille contre l'impie Nestorius et envoyées
aux évêques orientaux. Suivant donc les cinq conciles saints
et oecuméniques, et les saints Pères approuvés, celui-ci
définit et confesse unanimement notre Seigneur Jésus Christ,
notre vrai Dieu, un de la sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité,
parfait en divinité, et parfait, le même, en humanité
; vraiment Dieu, et vraiment homme, le même, fait d'une âme
raisonnable et d'un corps ; consubstantiel au Père selon la divinité,
et consubstantiel à nous, le même, selon l'humanité
; en tout semblable à nous, sauf le péché He 4,15
555
Engendré du Père avant les siècles selon la divinité,
et dans les derniers jours, pour nous et pour notre salut, le même,
de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, laquelle est de plein droit et
véritablement Mère de Dieu, selon l'humanité ; un
seul et même Christ, Fils, Seigneur, unique engendré, reconnu
en deux natures sans confusion, sans changement, sans séparation,
sans division ; la différence des natures n'étant nullement
supprimée à cause de l'union, la propriété
de chaque nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant
à une seule personne et une seule hypostase ; il n'est ni partagé
ni divisé en deux personnes, mais il est un seul et même Fils,
unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon
que depuis longtemps les prophètes l'ont dit de lui, que Jésus
le Christ lui-même nous l'a enseigné et que le Symbole des
saints Pères nous l'a transmis301.
556
Nous proclamons de la même manière en lui, selon l'enseignement
des saints Pères, deux volontés ou vouloirs naturels et deux
activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage
et sans confusion. Les deux vouloirs naturels ne sont pas, comme l'ont
dit les hérétiques impies, opposés l'un à l'autre,
loin de là. Mais son vouloir humain suit son vouloir divin et tout-
puissant, il ne lui résiste pas et ne s'oppose pas à lui,
il s'y soumet plutôt. Il fallait que le vouloir de la chair fût
mû et fût soumis au vouloir divin, selon le très sage
Athanase. Car de même que sa chair est dite et qu'elle est la chair
du Dieu Verbe, de même le vouloir naturel de sa chair est dit et
il est le propre vouloir du Dieu Verbe, comme lui-même déclare
: " Je suis descendu du ciel, non pour faire mon vouloir, mais le vouloir
du Père qui m'a envoyé " Jn 6,38 Il déclare
sien le vouloir de sa chair, puisque la chair est devenue sienne. Car de
même que sa chair animée, toute sainte et immaculée,
n'a pas été supprimée en étant divinisée,
mais qu'elle est demeurée dans sa propre limite et dans sa raison
d'être, de même son vouloir humain en étant divinité
n'a pas été supprimé. Il a été plutôt
sauvegardé, selon le mot de Grégoire le Théologien
: " Car l'acte de volonté de celui que l'on considère en
tant que Sauveur n'est pas opposé à Dieu, étant totalement
divinisé ".
557
Nous glorifions deux activités naturelles, sans division, sans
changement, sans partage, sans confusion, en notre Seigneur Jésus
Christ, notre vrai Dieu, c'est-à-dire une activité divine
et une activité humaine, selon Léon l'inspiré de Dieu,
qui affirme très clairement : " Chaque nature fait en communion
avec l'autre ce qui lui est propre, le Verbe opérant ce qui est
du Verbe, et le corps exécutant ce qui est du corps " 294. En effet
nous n'accorderons pas qu'il y ait une seule activité naturelle
de Dieu et de la créature de peur d'élever le créé
à la substance divine et d'abaisser la sublimité de la nature
divine au niveau qui convient aux êtres engendrés. Car nous
reconnaissons que les miracles et les souffrances sont ceux d'un seul et
du même, selon l'une et l'autre nature dont il est composé
et dans lesquelles il a son être, comme l'a dit l'admirable Cyrille.(cf.
255 260 271-273 423
558
Conservant totalement ce qui est sans confusion ni division, nous proclamons
le tout dans une formule concise : croyant que l'un de la Trinité
est aussi après l'Incarnation notre Seigneur Jésus Christ,
notre vrai Dieu, nous disons qu'il a deux natures brillant dans son unique
hypostase. En elle, tout au long de son existence selon l'économie,
il a manifesté ses miracles et ses souffrances, non pas en apparence,
mais en vérité. La différence naturelle en cette unique
hypostase même se reconnaît à ce que l'une et l'autre
nature veut et opère ce qui lui est propre en communion avec l'autre.
Pour cette raison nous glorifions deux vouloirs et deux activités
naturels concourant l'un avec l'autre au salut du genre humain.
559
Après avoir formulé ces points avec une précision
et une justesse totales, nous définissons qu'il n'est permis à
personne de proposer une autre confession de foi, c'est-à-dire de
l'écrire, de la composer, de la méditer ou de l'enseigner
à d'autres. Quant à ceux qui oseraient composer une autre
confession de foi, diffuser, enseigner, ou transmettre un autre symbole
à ceux qui veulent se convertir du paganisme, du judaïsme ou
de quelque hérésie que ce soit à la connaissance de
la vérité, ou introduire un nouveau langage ou une expression
inventée afin d'infirmer les points que nous venons de définir,
s'ils étaient évêques ou clercs, ils seraient exclus,
les évêques de l'épiscopat et les clercs du clergé
; s'ils étaient moines ou laïcs, ils seraient frappés
d'anathème.
561
Nous avons appris en effet que le saint et grand synode universel (Constantinople
III) a pensé de même que tout le concile réuni autour
de ce saint Siège apostolique (Concile de Rome 68O)... et qu'il
a confessé en accord avec nous :
Que notre seigneur Jésus Christ est l'un de la sainte et indivisible
Trinité, qui existe à partir et en deux natures, sans confusion,
sans séparation, sans division ; qu'il est, un seul et même,
Dieu parfait et homme parfait , la propriété de chacune des
deux natures qui se joignent en lui demeurant sauves ; qu'un seul et même
a opéré les choses divines en tant que Dieu, et qu'il a opéré
inséparablement les choses humaines en tant qu'homme, à l'exception
du seul péché ; et le concile a affirmé en vérité
que pour cette raison il a également deux volontés naturelles
et deux opérations naturelles par lesquelles est manifestée
principalement aussi la vérité de ses natures, pour qu'on
reconnaisse en effet clairement la différence, à quelle nature
elles appartiennent, à partir desquelles et dans lesquelles existe
un seul et même notre Seigneur Jésus Christ ; en raison de
cela nous avons effectivement reconnu... que ce saint... sixième
synode... s'est attaché sans défaillance à la prédication
apostolique, qu'il est en accord en tout avec la définition des
cinq saints conciles universels, et qu'il n'a rien ajouté ni retranché
aux déterminations de la vraie foi, mais qu'il s'est avancé
avec une grande droiture sur le chemin royal et évangélique
; et en eux et par eux a été gardée l'élaboration
des saints dogmes et la doctrine des Pères éprouvés
de l'Eglise catholique...
562
Et parce que (le synode de Constantinople) a proclamé dans toute
sa plénitude... la définition de la foi juste que le Siège
apostolique du bienheureux apôtre Pierre, lui aussi...a reçue
avec vénération, pour cette raison Nous aussi et, par notre
ministère, ce vénérable Siège apostolique,
d'un accord unanime, Nous donnons notre assentiment à ce qui a été
défini par lui, et Nous le confirmons par l'autorité du bienheureux
Pierre...
563
Et de la même manière Nous anathématisons les inventeurs
de la nouvelle erreur, à savoir Théodore, l'évêque
de Pharan, Cyrus d'Alexandrie, Serge, Pyrrhus ...de même aussi que
Honorius qui n'a pas purifié cette Eglise apostolique par l'enseignement
de la tradition apostolique, mais a tenté de subvertir la foi immaculée
en une trahison impie (texte grec : a permis que l'Eglise immaculée
soit souillée par une trahison impie).
567
(4) Pour passer aussi à l'examen du deuxième chapitre
dans lequel le même pape a pensé que nous aurions dit de façon
imprudente que nous professions trois substances dans le Christ, le Fils
de Dieu : de même que nous n'avons pas eu honte de défendre
ce qui est vrai, de même certains peut-être ont- ils eu honte
d'ignorer ce qui est vrai. Car qui ne saurait pas que chaque homme est
fait de deux substances, à savoir de l'âme et du corps ? cf.
2Co
4,16 Ps 62,21
(5) Contrairement à cette règle nous trouvons de même
dans les Ecritures qu'on peut comprendre l'homme tout entier lorsque habituellement
est mentionnée la chair, ou qu'on peut entendre la perfection de
l'homme tout entier lorsque parfois n'est mentionnée que l'âme.
C'est pourquoi la nature divine et la nature humaine qui y est associée
peuvent aussi bien être dites trois substances au sens propre que
deux substances au sens figuré Mais autre chose est d'exprimer tout
l'homme par une propriété, autre chose est de l'entendre
tout entier à partir d'une partie. Il existe en effet une façon
de parler que l'on trouve utilisée souvent dans les saintes Ecritures,
par laquelle le tout est désigné à partir d'une partie
: aussi cet emploi figuré est-il appelé par les grammairiens
" synecdoque ".
569
(3) Bien que ces trois soient séparées par la distinction
des personnes, jamais cependant elles ne sont séparée dans
la majesté de la puissance : leur divinité en effet est montrée
comme étant d'une égalité inséparable. Et cependant,
bien que le Père ait engendré le Fils, le Fils pour autant
n'est pas le même que le Père, ni le Père le même
que Fils, et l'Esprit Saint n'est pas non plus le Père et le Fils,
mais seulement l'Esprit du Père et du Fils, lui- même égal
au Père et au Fils. (4) On ne doit croire aucunement qu'il y a dans
cette sainte Trinité quelque chose qui soit créé,
esclave et serviteur ; de même on ne doit pas affirmer que quelque
chose d'adventice ou de subreptice y serait en quelque sorte survenu dont
il serait établi qu'à un moment elle ne l'aurait pas eu.
...
(6) Bien que pour ces personnes, en ce qu'elles sont par rapport à
elles- mêmes, aucune possibilité de séparation ne puisse
être trouvée, il existe cependant, quant à ce qui a
trait à la distinction, quelque chose qui peut se rapporter à
chacune de façon particulière : à savoir que le Père
ne tient son origine de personne, que le Fils existe parce que le Père
engendre, et que l'Esprit Saint procède de l'union du Père
et du Fils. ...
(10) Et lorsque nous disons cela, nous ne confondons pas les propriétés
des personnes, et nous ne séparons pas non plus l'unité de
la substance ; et de même on ne doit pas croire que dans cette sainte
Trinité quelque chose serait plus grand ou plus petit, ni que quelque
chose serait imparfait ou susceptible de changement. ...
570
(12) C'est pourquoi il existe quelque chose qui dans cette sainte Trinité
doit être confessé sans distinction. En cela en effet que
le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont chacun pour eux-mêmes,
le Père doit être cru sans distinction comme un seul Dieu
avec le Fils et l'Esprit Saint. Mais pour ce qui a trait à la relation,
la propriété des trois personnes doit être proclamée
de façon distincte, comme le proclame l'Evangéliste : Allez,
enseignez toutes les nations au nom du Père et du Fils et de l'Esprit
Saint Mt 28,19 , On parle en effet de " relation " pour autant qu'une
personne se réfère à l'autre ; en effet quand on dit
" Père ", on n'en dit pas moins la personne du Fils, et quand on
dit " Fils " il est montré que le Père est indubitablement
présent en lui.
(13) Mais avec le terme " Esprit Saint " par lequel n'est pas désignée
toute la Trinité mais la troisième personne qui est dans
la Trinité, il n'apparaît pas tout à fait clairement
comment, au sens de la relation, il se rapporte à la personne du
Père et du Fils ; en effet si nous parlons de l'Esprit Saint du
Père, nous ne parlons pas de façon corrélative du
Père de l'Esprit Saint, de manière qu'on ne comprenne pas
l'Esprit Saint comme Fils ; cependant pour d'autres termes par lesquels
est désignée la personne de l'Esprit Saint, on voit clairement
qu'ils comportent la relation. (14) C'est comme " don " en particulier
que nous concevons l'Esprit Saint dont on sait qu'il est la troisième
personne de la Trinité, pour la raison qu'il est donné aux
croyants par le Père et le Fils avec lesquels, selon la foi, il
est d'une unique essence ; c'est pourquoi si on parle du " don du donateur
" et du " donateur du don ", on explique sans nul doute la relation ; cela,
pour échapper à tout blâme, on doit le croire aussi
du terme " Esprit Saint " lui-même.
572
(22) Que le Fils de Dieu, engendré du Père non engendré,
vrai du vrai, parfait du parfait, un de l'un, tout du tout, Dieu sans commencement,
ait pris un homme parfait de Marie, la sainte et inviolée toujours
vierge, cela est manifeste. (23) De même que nous lui attribuons
la perfection de l'homme, de même nous croyons tout autant que sont
en lui deux volontés, l'une de sa divinité, l'autre de notre
humanité ; (24) cela est rendu pleinement manifeste par les paroles
des quatre évangélistes lorsque parle notre Rédempteur
; il a en effet parlé ainsi : " Mon Père, s'il est possible
que ce calice s'éloigne de moi ; mais non pas comme je veux mais
comme toi " tu veux Mt 26,39 ; et encore : Je ne suis pas venu faire
ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé
Jn
6,38 ...
(25) Par ces paroles il montre aussi qu'il a référé
sa volonté à l'homme qu'il a assumé, et celle du Père
à la divinité dans laquelle le même est un et égal
avec le Père : car pour ce qui a trait à l'unité de
la divinité, la volonté du Père n'est pas une autre
que celle du Fils ; il y a en effet une seule volonté là
où il existe une seule divinité. Mais pour ce qui a trait
à la nature de l'homme assumé, autre est la volonté
de sa divinité, autre est celle de notre humanité. (26) C'est
pourquoi en disant:
Non pas comme je veux, mais comme toi ", Mt 26,39 , il montre
clairement qu'il ne veut pas qu'advienne ce qu'il disait selon la volonté
du sentiment humain, mais ce pour quoi, selon la volonté du père,
il était descendu sur terre ; mais cette volonté du Père
n'est aucunement contraire à la volonté du Fils, car pour
ceux pour qui la divinité est une, la volonté ne peut pas
être diverse et là où il ne peut pas exister de diversité
dans la nature, on peut néanmoins énumérer en termes
généraux des choses qu'on peut nombrer.
573
(27) C'est pourquoi, même s'il est vrai que, du fait d'une similitude
comparable selon laquelle la Trinité est appelée mémoire,
intelligence et volonté, ce mot " sainte volonté " est rapporté
à la personne du Saint-Esprit, dès lors qu'on l'utilise en
lui-même, il est dit selon la substance. (28) En effet, le Père
est volonté, le Fils est volonté, l'Esprit Saint est volonté,
de même que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu et que
l'Esprit Saint est Dieu, et beaucoup d'autres choses semblables qui sont
dites selon la substance par ceux qui vénèrent en vérité
la foi catholique, sans qu'il y ait aucune ambiguïté. (29)
Et de même qu'il est catholique de dire : " Dieu de Dieu ", " lumière
de lumière ", " clarté de clarté ", de même
c'est une affirmation juste de la foi catholique de dire : " volonté
de volonté " comme sagesse de sagesse, essence d'essence ; et de
même que Dieu, le Père, a engendré Dieu, le Fils, de
même la volonté, le Père, a engendré la volonté,
le Fils. (30) Et bien que selon l'essence le Père est volonté,
le Fils volonté, l'Esprit Saint volonté, on ne doit pas croire
cependant que selon la relation ils sont un seul ; car un autre est le
Père qui se réfère au Fils, un autre le Fils qui se
réfère au Père, un autre l'Esprit Saint qui, parce
qu'il procède du Père et du Fils, se réfère
au Père et au Fils : non pas quelque chose d'autre, mais un autre
; car ceux qui ont en propre d'être un dans la nature de la divinité,
ont une propriété particulière dans la distinction
des personnes...
575
; L'éminence et la nécessité de l'Eglise du Christ
(36) La sainte Eglise catholique qui a cette foi, lavée par l'eau
du baptême, rachetée par le précieux sang du Christ,
qui n'a pas de ride dans sa foi et ne porte pas la tache d'une oeuvre impure
Ep
5,23-27 , est en effet riche de marques d'honneur, brille par sa vertu
et resplendit des dons de l'Esprit Saint. (37) Avec le Christ Jésus
notre Seigneur, sa tête dont elle est le corps sans aucun doute,
elle régnera pour toujours ; et tous ceux qui maintenant ne se trouvent
pas en elle ou qui ne s'y seront pas trouvés, qui en sont séparés
ou s'en seront séparés, ou tous ceux qui, dans le mal du
manque de foi, auront nié que les péchés y sont remis,
ceux là, s'ils ne reviennent pas à elle à l'aide de
la pénitence et s'ils ne croient pas d'une foi entachée d'aucun
doute tout ce que le synode de Nicée..., l'assemblée de Constantinople...
et l'autorité du premier concile d'Ephèse a décidé
d'embrasser, et que la volonté unanime des saints pères à
Chalcédoine ou des autres conciles, ou encore de tous les saints
pères qui ont vécu dans la foi juste, prescrivent de garder,
ils sont châtiés par une sentence de damnation éternelle,
et seront brûlés à la fin des temps avec le diable
et ses consorts sur un bûcher enflammé.
601
En effet, plus on les voit, grâce à leur représentation
par l'image, plus en contemplant leurs images on est amené à
se rappeler et à aimer les modèles originaux et à
leur donner salutations et respectueuse vénération ; non
pas l'adoration véritable propre à notre foi, qui convient
à la nature divine seule, mais comme on le fait pour la représentation
de la glorieuse et vivifiante croix, pour les saints évangiles et
tous les autres objets sacrés ; et on fera en leur honneur des encensements
et l'apport de lumières, selon la pieuse coutume des Anciens. Car
" l'honneur rendu à l'image s'en va au modèle original "
et celui qui vénère l'image vénère en elle
la personne de celui qu'elle représente.
602
Ainsi sont confirmés l'enseignement de nos saints Pères,
la tradition de l'Eglise catholique, Eglise qui d'un bout à l'autre
de la terre a accueilli l'Evangile ; ainsi nous nous attachons à
Paul, qui parlait dans le Christ 2Co 2,17 à toute la divine
assemblée des apôtres et à la sainteté de nos
Pères, tenant fermement les traditions que nous avons reçues
2Th
2,15 ; ainsi nous chantons prophétiquement les hymnes célébrant
la victoire de l'Eglise : " Réjouis-toi, fille de Sion, élève
la voix, fille de Jérusalem, réjouis-toi et jubile de tout
ton coeur ; le Seigneur a fait disparaître autour de toi les injustices
de tes adversaires, tu es délivrée de la main de tes ennemis
; le Seigneur est roi au milieu de toi ; tu ne verras plus le malheur ",
et la paix sera sur toi pour toujours So 3,14
ss. .
603
Ceux qui osent penser ou enseigner autrement, ou à la suite
des hérétiques maudits mépriser les traditions de
l'Eglise et imaginer quelque.nouveauté, ou rejeter l'un des objets
consacrés offerts à l'Eglise, évangiles, représentations
de la croix, tableau ou saintes reliques d'un martyr ; ou imaginer de tortueuses
et fourbes manoeuvres pour renverser quelque chose dans les légitimes
traditions de l'Eglise catholique ; ou encore faire servir à des
usages profanes les objets sacrés ou les saints monastères
: tous ceux-là, s'ils sont évêques ou clercs, nous
ordonnons de les déposer ; s'ils sont moines ou laïcs, de les
exclure de la communion.
606
Si quelqu'un ne confesse pas que le Christ notre Dieu est l'imité
(homologue) selon l'humanité, qu'il soit anathème...
607
Si quelqu'un n'admet pas les présentations de l'Evangile qui
se font par des images, qu'il soit anathème.
608
Si quelqu'un ne salue pas ces images, faites au nom du Seigneur et
de ses saints, qu'il soit anathème.
609
Si quelqu'un rejette toute la tradition ecclésiastique écrite
ou non écrite, qu'il soit anathème...
611
Lui-même en effet (le Christ) a fait savoir au sujet de lui même
de qui il est le fils, lorsqu'il dit qu'il a annoncé aux hommes
le nom du Père. Il dit en effet : " J'ai manifesté ton nom
aux hommes, que tu m'as donnés du milieu du monde " Jn 17,6 .
Le nom du Père, il l'a jadis manifesté aux hommes, lorsqu'il
s'est fait connaître comme le Fils véritable, non putatif,
propre et non adoptif. Mais il faut remarquer qu'il est dit : " aux hommes
que tu m'as donnés ". De ces hommes en effet que le Père
lui avait donnés, et même qu'il avait élus avant la
constitution du monde, ne font pas partie ceux qui le confessent comme
le fils adoptif et non comme son propre Fils, comme si un moment il avait
été étranger au Père, ou s'il s'était
éloigné de lui en prenant chair, alors que c'était
une unique volonté du Père et du Fils que le Verbe devienne
chair, comme il est écrit : " Que je fasse ta volonté ; mon
Dieu, je l'ai voulu " Ps 40,9 .
C'est pourquoi il dit ailleurs : " Je monte vers mon Père et
votre Père " Jn 20,17 Il dit en effet de façon précise
" mon " et " votre ",c'est-à-dire le sien non pas par grâce
mais par nature, mais le nôtre par la grâce de l'adoption.
En outre jamais le Fils n'a pas été, parce que jamais le
Père n'a pas été. Toujours et partout il l'appelle
expressément son Père. " Mon Père, dit-il, est à
l'oeuvre jusqu'à présent, et moi aussi je suis à l'oeuvre
" Jn 5,17 ; et encore : " Père, glorifie ton Fils, pour que
ton fils te glorifie " Jn 17,1 , et : " Ce que mon Père m'a
donné, est plus grand que tout " Jn 10,29
Mais si dans leurs tergiversations pleines d'astuce ils pensent que
tout ce que nous avons avancé ne doit être rapporté
qu'à la divinité du Fils de Dieu, qu'ils disent où
il a jamais dit d'un commun sentiment avec nous " notre Père ".
" Votre Père, dit-il, sait en effet ce qui vous est nécessaire
" Mt 6,8 . Il ne dit pas " notre ", comme s'il avait été
adopté avec nous par grâce. Et ailleurs : " Soyez donc parfaits
vous aussi, comme votre Père des cieux est parfait " Mt 5,48
.
Pourquoi n'a-t-il pas dit " notre " ? Parce qu'il est autrement le nôtre,
et autrement le sien. Alors il dit encore : " Si vous, qui êtes mauvais,
savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre
Père céleste donnera l'esprit bon à ceux qui le prient
? " Lc 11,13 etc. Alors Paul, le vase d'élection, dit: "
Dieu n'a pas épargné son propre Fils, mais il l'a livré
pour nous tous " Rm 8,32 . Nous savons en effet qu'il n'a pas été
livré selon la divinité, mais selon qu'il était un
homme véritable.
613
De même ce que vous avez ajouté dans ce qui suit, nous
ne l'avons pas trouvé affirmé dans la profession de foi du
symbole de Nicée : " dans le Christ deux natures et trois substances
" Lettre " regi regum " à l'empereur Constantin IV vers août
682 et " homme déifié " et " Dieu humanisé ". Qu'est
la nature de l'homme, sinon âme et corps ? ou quelle différence
entre " nature " et " substance ", de sorte qu'il faudrait parler de trois
substances et non pas plus simplement, comme le disent les saints Pères,
confesser notre Seigneur Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme en
une seule personne ?
Mais la personne du Fils est demeurée dans la sainte Trinité;
à cette personne s'est jointe la nature humaine, en sorte qu'il
y a une unique personne, Dieu et homme, non pas un homme divinisé
et un Dieu humanisé, mais Dieu homme et homme Dieu : en raison de
l'unité de la personne, un seul Fils de Dieu, et le même Fils
d'homme, Dieu parfait, homme parfait.
L'homme n'est parfait qu'avec l'âme et le corps ... ; nous non
plus nous ne nions pas que dans le Christ ces trois sont vraiment présents,
à savoir la divinité, l'âme et le corps. Mais parce
qu'il est appelé en vérité Dieu et homme, dans le
nom de " Dieu " est désigné tout ce qui est de Dieu, et dans
celui d'" homme " est entendu tout ce qu'est l'homme. C'est pourquoi il
suffit de confesser en lui l'une et l'autre : la substance parfaite de
la divinité, et la substance parfaite de l'humanité ... La
coutume ecclésiastique a l'habitude de nommer dans le Christ deux
substances, à savoir celle de Dieu et celle de l'homme....
614
S'il est donc Dieu véritable, celui qui est né de la
Vierge, comment peut-il être fils adoptif ou esclave ? Car vous n'osez
aucunement confesser Dieu comme esclave ou comme fils adoptif ; et même
si le prophète l'a appelé esclave, ce n'est pas en raison
de la condition de servitude mais en raison de l'obéissance de l'humilité
par laquelle il est devenu pour le Père " obéissant jusqu'à
la mort " Ph 2,8 .
source: catho.org