Décret du Saint-Office, 5 mai 1667
2091
Et c'est pourquoi, pour ce qui regarde ceux qui sont occupés
aux affaires, leur accès fréquent à la réception
de la nourriture sacrée doit être laissé au jugement
des confesseurs qui explorent les secrets du coeur et qui, selon la pureté
des consciences, le profit de la fréquence, et le progrès
vers la piété, doivent prescrire aux laïcs occupés
aux affaires et qui sont mariés ce qu'ils prévoient qui sera
profitable à leur salut.
2092
Quant à ceux qui sont engagés dans le mariage, puisque
le bienheureux Apôtre ne veut pas " qu'ils se refusent l'un à
l'autre, sinon d'un commun accord et pour un temps, afin de vaquer à
la prière" 1Co 7,5 , ils se soucieront d'autant plus de les
avertir de s'exercer à la continence par respect pour la très
sainte eucharistie, et de s'approcher avec un esprit plus pur de la communion
au banquet céleste.
2093
En cette affaire, la diligence des pasteurs ne s'appliquera donc pas
tant à ce que certains soient dissuadés par une formule de
précepte unique de recevoir la sainte communion de façon
fréquente ou quotidienne, ou à ce que soient fixés
de façon générale les jours pour la recevoir, mais
elle estimera plutôt qu'il lui appartiendra à elle-même,
ou aux curés ou pasteurs, de décider ce qui doit être
permis à chacun et elle empêchera absolument que quelqu'un
soit repoussé du saint banquet, qu'il s'en approche fréquemment
ou quotidiennement.
2094
A côté de la diligence des curés et des confesseurs,
il sera utile de faire appel également au concours des prédicateurs
et de s'accorder avec eux pour que, lorsque les fidèles viendront
s'approcher fréquemment du très saint sacrement (ce qu'ils
doivent faire), ils donnent aussitôt une prédication concernant
la très grande préparation nécessaire pour le recevoir,
et pour que, d'une manière générale, ils montrent
à ceux qu'un zèle pieux pousse à recevoir la nourriture
salutaire fréquemment ou quotidiennement - qu'ils soient des laïcs
adonnés aux affaires ou mariés ou toutes autres personnes
qu'ils doivent reconnaître leur faiblesse, de sorte que par la dignité
du sacrement et la crainte du jugement divin, ils apprennent à révérer
la nourriture spirituelle qui contient le Christ ; et Si parfois ils devaient
sentir qu'ils sont moins préparés, de s'en abstenir et de
se disposer à une meilleure préparation. ...
2095
En outre les évêques et les curés ou confesseurs
repousseront ceux qui affirment que la communion quotidienne est de droit
divin...
2102
2.- J'estime probable qu'un juge peut juger selon une opinion même
moins probable.
2103
3.- En général, aussi longtemps que nous agissons en
nous fiant à une probabilité soit intrinsèque, soit
extrinsèque, si faible qu'elle soit, pourvu qu'elle reste dans les
limites de la probabilité, nous agissons toujours très prudemment.
2104
4.- L'infidèle qui ne croit pas est excusé de l'infidélité,
s'il est conduit par l'opinion moins probable.
2105
5.- Nous n'osons pas définir s'il pèche mortellement,
celui qui ne ferait un acte d'amour de Dieu qu'une seule fois dans sa vie.
2106
6.- I1 est probable que le précepte de la charité envers
Dieu n'oblige même pas par soi de façon rigoureuse tous les
cinq ans.
2107
7.- Il oblige seulement quand nous sommes tenus d'être justifiés
et que nous n'avons pas d'autre voie par laquelle nous puissions être
justifiés.
2108
8.- Manger et boire jusqu'à satiété et pour le
seul plaisir n'est pas un péché, dès lors que cela
ne fait pas obstacle à la santé, car l'appétit naturel
peut jouir licitement de ses actes.
2109
9.- L'acte du mariage accompli seulement pour le plaisir est dénué
de toute faute vénielle.
2110
10.- Nous ne sommes pas tenus d'aimer le prochain d'un acte inférieur
ou formel.
2111
11.- Nous pouvons satisfaire au précepte d'aimer le prochain
par les seuls actes extérieurs.
2112
12.- On trouverait difficilement chez ceux qui vivent dans le siècle
et chez les rois quelque chose qui soit superflu pour leur état.
Et ainsi à peine quelqu'un est-il tenu à l'aumône dès
lors qu'il n'est tenu de la faire que du superflu.
2113
13.- Si on le fait avec la modération requise, on peut, sans
pécher mortellement, s'attrister de la vie de quelqu'un et se réjouir
de sa mort, la souhaiter d'un désir inefficace, non pas parce que
la personne déplaît, mais à cause de quelque avantage
temporel.
2114
14.- Il est permis de désirer de manière absolue la mort
de son père, non pas pour le mal du père, mais pour le bien
de celui qui le désire parce qu'elle apportera un riche héritage.
2115
15.- Il est permis à un fils de se réjouir d'un parricide
commis par lui en état d'ébriété, à
cause des grandes richesses qui lui reviennent par l'héritage.
2116
16.- La foi n'est pas censée tomber par soi sous un précepte
particulier.
2117
17.- Il suffit de faire un seul acte de foi dans sa vie.
2118
18.- Si quelqu'un est interrogé par l'autorité publique,
je conseille, comme glorieux pour Dieu et pour la foi, de confesser la
foi ouvertement ; je ne condamne pas comme peccamineux de se taire.
2119
19.- La volonté ne peut faire que l'assentiment de foi soit
plus ferme en lui-même que ne le mérite le poids des raisons
qui poussent à l'assentiment.
2120
20.- Dès lors quelqu'un peut refuser prudemment l'assentiment
qu'il avait de façon surnaturelle.
2121
21.- L'assentiment de foi, surnaturel et utile au salut, existe avec
la connaissance seulement probable de la révélation, et même
avec la crainte que Dieu n'ait pas parlé.
2122
22.- Seule la foi en un seul Dieu semble être nécessaire
de nécessité de moyen, mais non la foi explicite au Rémunérateur.
2123
23.- La foi au sens large du mot qui vient du témoignage des
créatures ou d'un motif semblable suffit à la justification.
2124
24.- Appeler Dieu à témoin pour un mensonge léger
n'est pas une irrévérence telle que Dieu veuille ou puisse,
à cause de cela, damner un homme.
2125
25.- Lorsqu'il y a une raison, il est licite de jurer sans la disposition
intérieure à jurer, que la chose soit grave ou légère.
2126
26.- Si quelqu'un, soit seul, soit devant d'autres, soit qu'on l'interroge,
soit spontanément, qu'il le fasse pour s'amuser ou pour un autre
motif, jure qu'il n'a pas fait une chose qu'il a faite en réalité,
en sous- entendant intérieurement quelque autre chose qu'il n'a
pas faite, ou quelque autre manière que celle dont il l'a faite,
ou quelque addition qui est vraie, il ne ment pas en réalité
et n'est pas parjure.
2127
27.- Il peut y avoir des raisons justes d'user de ces amphibologies
chaque fois que cela est nécessaire ou utile pour défendre
sa vie, son honneur, ses biens, ou pour quelque autre acte de vertu, en
sorte que la dissimulation de la vérité est alors censée
utile et désirable.
2128
28.- Celui qui, grâce à une recommandation ou un présent,
a été promu à une magistrature ou à un office
public, pourra prêter avec une restriction mentale le serment qui
par mandat du roi est habituellement exige' de telles personnes, sans avoir
égard à l'intention de celui qui l'exige, parce qu'il n'est
pas tenu d'avouer un crime occulte.
2129
29.- Une crainte grave est un motif juste pour simuler l'administration
des sacrements.
2130
30.- I1 est permis à un homme d'honneur de tuer un agresseur
qui s'efforce de le calomnier, si cette ignominie ne peut pas être
évitée autrement ; la même chose doit être dite
si quelqu'un donne une gifle ou frappe d'un bâton et prend la fuite
après avoir donné la gifle et frappé du bâton.
2131
31.- Je peux, régulièrement parlant, tuer un voleur pour
conserver une unique pièce d'or.
2132
32.- Il n'est pas permis seulement de défendre par une défense
qui tue ce que nous possédons en fait, mais également ce
à quoi nous avons un droit commencé et que flous espérons
posséder.
2133
33.- Il est permis aussi bien à un héritier qu'à
un légataire de se défendre contre quelqu'un qui l'empêche
injustement d'entrer en possession de l'héritage ou du legs, comme
il l'est pour celui qui a droit à une cathèdre ou à
une prébende de se défendre contre qui l'empêche injustement
d'en prendre possession.
2134
34.- Il est permis de procurer un avortement avant l'animation du foetus,
pour éviter à une jeune fille devenue enceinte la mort ou
le déshonneur.
2135
35.- Il semble probable que tout foetus (tant qu'il se trouve dans
le sein) est dépourvu d'âme rationnelle, et qu'il commence
seulement à l'avoir lorsqu'il naît ; et c'est pourquoi il
faudra dire que dans aucun avortement il n'est commis un homicide.
2136
36.- Il est permis de voler, non seulement dans le cas de nécessité
extrême, mais dans celui de nécessité grave.
2137
37.- Les serviteurs et les servantes de la maison peuvent dérober
secrètement à leurs maîtres pour compenser leur travail
qu'ils jugent plus important que le salaire qu'ils reçoivent.
2138
38.- Personne n'est tenu sous peine de péché mortel à restituer ce qui a été pris par quelques larcins, quelque grande que soit la somme totale.
2139
39.- Celui qui pousse ou incite un autre à causer un grave dommage
à un tiers n'est pas tenu à restitution pour le dommage causé.
2140
40.- Le contrat Mohatra est licite même quand il se fait à
l'égard de la même personne et avec une clause préalable
de revente dans une intention de lucre.
2141
41.- Une somme versée étant plus précieuse qu'une
somme à verser, et puisqu'il n'y a personne qui ne préfère
une somme présente à une somme future, le prêteur peut
exiger du débiteur quelque chose en plus du capital prêté,
et être excusé d'usure à ce titre.
2142
42.- Il n'y a pas usure lorsque quelque chose est exigé comme
un dû en sus du capital prêté au titre de la bienveillance
en quelque sorte et de la gratitude, mais seulement si cela est exigé
comme un dû au titre de la justice.
2143
43.- Pourquoi ne serait-ce pas un péché véniel
seulement que de détruire par une fausse accusation la grande autorité
d'un calomniateur qui vous nuit ?
2144
44.- I1 est probable que celui-là ne pèche pas mortellement
qui impute une fausse accusation à quelqu'un pour défendre
son propre droit et son honneur. Et si cela n'est pas probable, il n'y
aura guère d'opinion probable en théologie.
2145
45.- Donner un bien temporel pour un bien spirituel n'est pas de la
simonie quand le bien temporel n'est pas donné comme le prix mais
seulement comme un motif de confier ou d'accomplir le bien spirituel, ou
aussi lorsque le bien temporel est seulement une compensation gratuite
pour le bien spirituel et inversement.
2146
46.- Cela reste vrai encore même si le bien temporel est le motif
principal de donner le bien spirituel, en sorte que le bien temporel serait
estimé davantage que le bien spirituel.
2147
47.- Lorsque le concile de Trente dit que ceux-là ont part au
péché d'autrui et pèchent mortellement qui promeuvent
à des offices ecclésiastiques sans considérer ces
personnes comme plus dignes et plus utiles à l'Eglise, le concile,
ou bien premièrement semble avoir voulu signifier seulement par
ce terme "plus dignes " la dignité de ceux qui doivent être
choisis, en utilisant le comparatif au lieu du positif; ou bien deuxièmement
il emploie l'expression moins appropriée " plus dignes" pour exclure
ceux qui sont indignes, mais non ceux qui sont dignes ; ou bien troisièmement
il parle seulement du cas où il s'agit d'un concours.
2148
48.- Il semble si clair que la fornication n'inclut en soi aucune malice,
et qu'elle n'est mauvaise que parce qu'elle est interdite, que le contraire
semble contredire totalement la raison.
2149
49.- La mollesse n'est pas prohibée par le droit naturel. C'est
pourquoi, si Dieu ne l'avait pas interdite, souvent elle serait bonne,
et quelquefois elle serait même obligatoire sous peine de péché
mortel.
2150
50.- L'union avec une femme mariée, du consentement du mari,
n'est pas adultère ; c'est pourquoi il suffit de dire en confession
que l'on a forniqué.
2151
51.- Un domestique qui, en le laissant monter sur ses épaules,
aide sciemment son maître à s'introduire par la fenêtre
pour violer une jeune fille, et qui souvent l'assiste en portant l'échelle,
en ouvrant la porte, ou en l'aidant d'autres manières semblables,
ne pèche pas mortellement s'il le fait par crainte d'un dommage
notable, par exemple pour ne pas être maltraité par le maître
ou être regardé de travers, ou être chassé de
la maison.
2152
52.- Le précepte d'observer les jours de fête n'oblige
pas sous peine de péché mortel, abstraction faite du scandale,
s'il n'y a pas de mépris.
2153
53.- Satisfait au précepte de l'Eglise d'entendre la messe,
celui qui en entend deux parties, ou même quatre ensemble de divers
célébrants.
2154
54.- Celui qui ne peut réciter matines et laudes, mais peut
réciter les autres heures, n'est tenu à rien ; car la partie
plus grande tire à soi la partie plus petite
2155
55.- On satisfait au précepte de la communion annuelle par la
manducation sacrilège du Seigneur 2034.
2156
56.- La confession et la communion fréquentes, même de
ceux qui vivent en païens, sont des signes de prédestination.
2157
57.- Il est probable qu'il suffit d'une attribution naturelle dès
lors qu'elle est honnête.
2158
58.- Nous ne sommes pas tenus de dire à un confesseur, s'il
interroge, l'habitude d'un péché quelconque
2159
59.- Il est permis d'absoudre sacramentellement ceux qui ne se sont
confessés qu'à moitié lorsqu'il y a grand afflux de
pénitents, comme cela peut arriver par exemple le jour d'une grande
fête ou d'une indulgence.
2160
60.- Au pénitent qui a l'habitude de pécher contre la
loi naturelle ou ecclésiastique, même s'il n'apparaît
aucun espoir d'amendement, on ne doit ni refuser ni différer l'absolution
dès lors qu'il déclare de bouche qu'il éprouve de
la douleur et qu'il commet de s'amender.
2161
61.- Peut parfois être absous celui qui demeure dans une occasion
prochaine de pécher qu'il peut et ne veut pas éviter, et
même qu'il cherche directement ou délibérément,
ou dans laquelle il se jette.
2162
62.- Une occasion prochaine de pécher ne doit pas être
fuie lorsqu'il y a une raison utile ou honnête de ne pas la fuir.
2163
63.- Il est permis de chercher directement l'occasion prochaine de
pécher pour notre bien spirituel ou temporel, ou pour celui du prochain.
2164
64.- L'homme est capable de recevoir l'absolution quelle que soit son
ignorance des mystères de la foi, et même si c'est par négligence,
même coupable, qu'il ignore le mystère de la très sainte
Trinité et de l'Incarnation de notre Seigneur Jésus Christ.
2165
65.- Il suffit d'avoir cru une fois ces mystères.
(Censure : ) Toutes les propositions sont condamnées et prohibées, telles qu'elles se présentent, à tout le moins comme scandaleuses et comme pernicieuses dans la pratique.
(Conclusion du décret : ) Enfin, pour que les docteurs ou les
scolastiques et tous les autres s'abstiennent désormais de toute
dispute injurieuse, et pour qu'il soit pourvu à la paix et à
la charité, le même très saint pontife ordonne, au
nom de la sainte obéissance, que dans les livres à imprimer
et dans les manuscrits, aussi bien que dans les thèses, les disputes
et les prédications, ils se gardent de toute censure ou note, ainsi
que de toute invective contre les propositions qui jusqu'ici continuent
à être matière à discussion chez les catholiques,
jusqu'à ce que le Saint-Siège, après examen de la
chose, ait proféré un jugement au sujet de ces propositions.
2171
2.- Dieu nous soumet sa toute-puissance.
(Censure : propositions prohibées comme) nouvelles et téméraires.
2176
Injonction sera faite au père général de la Compagnie
de Jésus par ordre de Sa Sainteté qu'il ne permette pas seulement
aux pères de cette Compagnie d'écrire en faveur de l'opinion
plus probable et de combattre la position de ceux qui affirment que lorsque
se rencontrent une opinion moins probable et une autre plus probable, connue
et jugée comme telle, il est permis de suivre la moins probable
; mais qu'il écrive également à toutes les universités
de la Compagnie que le sentiment de Sa Sainteté est que chacun,
comme il lui semblera, écrive librement en faveur de l'opinion plus
probable et combatte l'opinion contraire susdite ; et qu'il leur commande
de se soumettre entièrement au mandement de Sa Sainteté.
2177
(Ajout dans l'autographe du Saint Office : ) Le 8 juillet 1680. Après
que l'ordre susdit de Sa Sainteté a été communiqué
au père général de la Compagnie de Jésus par
l'assesseur, il répondit qu'il y obéirait en tout d'autant
plus rapidement qu'il n'a jamais été interdit, ni par lui-même,
pas ses prédécesseurs, d'écrire en faveur de l'opinion
plus probable et de l'enseigner.
2182
2.- Mais puisque dans la maison du Père les demeures sont nombreuses
Jn 14,2 ceux qui s'adonnent à la méditation et ceux
qui les dirigent ne doivent d'aucune manière mépriser ceux
qui ont le souci de la contemplation, ou les appeler paresseux, ou, ce
qui est pire, les qualifier d'entachés d'hérésie ;
au contraire, qu'ils fassent usage et jouissent saintement et pieusement
des dons qui ont été accordés par Dieu à chacun
d'eux par la méditation, d'autant que la grâce de la contemplation,
souvent les plus grands, souvent les plus petits, assez souvent ceux qui
sont éloignés, et parfois même des gens mariés
la reçoivent.
2183
3.- De même, que les tenants de la contemplation ne méprisent
pas les tenants de la méditation, puisque en règle générale
c'est par les degrés de la méditation qu'on parvient au sommet
de la contemplation ; mais que tous dans la charité glorifient Dieu,
notre Seigneur Jésus Christ, en sachant que le rameau de l'oeuvre
bonne ne garde sa verdeur que s'il demeure dans la racine de la charité.
2184
4.- Bien que personne ne doive être repoussé loin de la
grâce de la contemplation pour laquelle Dieu donne son aide, il faut
cependant que les directeurs d'âmes prennent garde à ce que
tout âge, degré, sexe ou condition ne soit pas admis de façon
indistincte à la pratique de cette doctrine et de cet exercice,
et que par une observation assidue ils prennent d'abord la mesure de l'esprit,
de ce qu'il est à même de porter et de faire, de manière
à conduire les uns à la méditation, les autres à
la contemplation, selon l'esprit de chacun.
2185
5.- Mais pour que la doctrine concernant l'oraison contemplative, par
laquelle les âmes des fidèles sont élevées jusqu'à
l'union la plus haute avec Dieu, demeure pure de toute erreur, intègre
et intacte, il faut en premier lieu que les contemplatifs se gardent d'affirmer
ou de soutenir que la présence de Dieu seul est en tout lieu l'objet
de la contemplation ou de l'oraison qu'ils appellent de quiétude
; car tous les objets de la méditation peuvent être, bien
que de diverse manière, objet de la contemplation ; de même
ils ne doivent pas avoir l'audace d'affirmer que ceux qui s'exercent à
la méditation ne peuvent jamais monter à un certain degré
de perfection à moins de passer à l'oraison de contemplation.
2186
6.- Et parce que nous sommes sauvés et libérés
par l'Incarnation et la Passion de notre Seigneur Jésus Christ,
que les contemplatifs se gardent d'oublier volontairement et de façon
délibérée les mystères de la vie, de l'action,
de la Passion et de la Rédemption de ce même Seigneur qui
est le nôtre, ou d'affirmer que leur considération est inutile
et contraire à l'état de contemplation ; au contraire, qu'à
l'exemple de tous les saints, ils s'appliquent de façon assidue
à les considérer selon les circonstances du moment et du
lieu.
2187
7.- De même qu'ils n'enlèvent pas de leurs yeux, comme
inutiles pour la contemplation, les images et les représentations,
tant extérieures qu'intérieures, du Christ Seigneur, de la
très bienheureuse Vierge Marie, la Mère, et des autres saints
qui règnent dans les cieux et qui prient pour nous qui nous trouvons
dans cette vallée de larmes ; parfois cependant, dans l'acte de
contemplation seulement et lorsque notre esprit traversé par les
dons célestes est tiré vers la contemplation des réalités
divines, il leur sera permis, pour que l'âme ne soit pas distraite,
de s'éloigner de ces figures.
2188
8.- Et parce que l'exercice de la contemplation parfaite consiste principalement
en ce que dans l'acte de la contemplation l'âme ne fait rien d'autre,
et que bien plus, oubliant alors toutes les créatures, elle est
élevée vers Dieu et les réalités divines dans
la considération des vertus sublimes de la foi, de l'espérance
et de la charité par lesquelles Dieu est vénéré
avant tout, les méditatifs ne doivent pas avoir l'audace ou la présomption,
d'aucune manière, de traiter les contemplatifs auprès du
peuple d'oisifs et de paresseux.
2189
9.- Par ailleurs que les contemplatifs aussi bien que les méditatifs
se souviennent qu'ils ne sont aucunement exempts des préceptes de
Dieu et de l'Eglise ; au contraire, tous comme des serviteurs à
l'égard de leurs maîtres et des épouses à l'égard
de leurs maris, sont strictement tenus d'observer les commandements qui
doivent être observés par chacun selon son état, puisque
la vertu de l'oraison conduit à l'humilité et à l'obéissance
et non pas à l'orgueil et à la présomption.
2190
10.- De même, aussi bien pour ce qui est des clercs, tant séculiers
que religieux, que ce qui est des moniales, on doit enseigner et tenir
qu'ils ne doivent pas présumer que, sous prétexte de méditation
ou de contemplation, ils seraient exempts ou libérés des
obligations ecclésiastiques et des voeux, des institutions et des
règles de leur religion ; car même s'ils sont parvenus à
un certain degré de perfection de l'oraison, ils ne sont considérés
d'aucune manière comme exempts de les observer.
2191
11.- Tous, contemplatifs aussi bien que méditatifs, doivent
savoir qu'ils ne sont aucunement exempts des obligations externes de la
religion et de la piété qui ont coutume d'être pratiquées
par les fidèles dans l'Eglise catholique, et que sont l'usage des
sacrements et des sacramentaux, les visites des églises et l'observance
des jeûnes, l'écoute des prédications, et les oeuvres
de miséricorde spirituelle ou matérielle ; au contraire,
ce sera un grand scandale pour les fidèles si certaines des pratiques
susdites sont négligées par eux sous prétexte de contemplation
ou de méditation.
2192
12.- Il est tout à fait impie, et indigne de la pureté
chrétienne, que d'affirmer qu'il ne faut pas résister aux
tentations, et que les contemplatifs ne se verraient pas imputer les péchés
commis par eux pendant qu'ils contemplent, dans l'idée fausse qu'alors
ce ne sont pas les contemplatifs eux- mêmes, mais le diable qui les
opère à travers leurs membres. De même il est impie
d'affirmer que les contemplatifs n'auraient pas à s'ouvrir de tels
péchés dans le sacrement de la pénitence et à
les soumettre aux clés de l'Eglise. Enfin il est impie d'affirmer
que l'oraison mentale, méditative ou contemplative, est nécessaire
au salut purement et simplement.
2202
2.- Vouloir agir activement, c'est offenser Dieu qui veut être
seul agent ; et c'est pourquoi il faut s'abandonner soi-même totalement
sans réserve à lui, et demeurer ensuite comme un corps inanimé.
2203
3.- Les voeux de faire quelque chose sont des obstacles à la
perfection
2204
4.- L'activité naturelle est l'ennemie de la grâce, et
elle empêche les opérations de Dieu et la vraie perfection,
parce que Dieu veut agir en nous sans nous.
2205
5.- En ne faisant rien, l'âme s'annihile et retourne à
son principe et à son origine, qui est l'essence de Dieu dans laquelle
elle demeure transformée et divinisée, et alors Dieu demeure
en lui-même ; car alors il n'y a plus deux choses unies mais une
seule, et de cette manière Dieu vit et règne en nous, et
l'âme s'annihile elle-même dans l'être opératif.
2206
6.- La voie intérieure est celle où on ne connaît
ni lumière, ni amour, ni résignation ; et il ne faut pas
même connaître Dieu ; et c'est de cette manière que
l'on chemine de façon juste.
2207
7.- L'âme ne doit penser ni à la récompense, ni
à la punition, ni au paradis, ni à l'enfer, ni à la
mort, ni à l'éternité.
2208
8.- Elle ne doit pas vouloir savoir Si elle chemine comme Dieu le veut,
ni si elle demeure conforme à cette volonté ou non ; et il
n'est pas nécessaire qu'elle veuille connaître son état,
ni son propre néant, mais elle doit rester comme un corps sans vie.
2209
9.- L'âme ne doit se souvenir ni d'elle-même ni de Dieu,
ni d'aucune chose, et dans la voie intérieure toute réflexion
est nocive, même la réflexion sur ses actions humaines et
sur ses propres défauts.
2210
10.- Si par ses propres défauts on scandalise les autres, il
n'est pas nécessaire d'y réfléchir dès lors
qu'il n'y a pas volonté de scandaliser et ne pas pouvoir réfléchir
à ses propres défauts est une grâce de Dieu.
2211
11.- Pour les doutes qui surviennent Si on est dans la bonne voie ou
non, il n'est pas besoin de réfléchir.
2212
12.- Celui qui a donné son libre arbitre à Dieu ne doit
plus se soucier de rien, ni de l'enfer, ni du paradis ; il ne doit pas
avoir le désir de sa propre perfection, ni des vertus, ni de sa
propre sanctification, ni de son propre salut dont il doit expurger l'espérance.
2213
13.- Une fois le libre arbitre remis à Dieu, il faut aussi abandonner
à Dieu la pensée et le soin de tout ce qui nous concerne,
et le laisser faire en nous, sans nous, sa divine volonté.
2214
14.- Celui qui s'est abandonné à la volonté de
Dieu ne doit rien demander à Dieu, car demander est une imperfection,
puisqu'il s'agit d'un acte de volonté et de choix propre, et que
c'est vouloir que la volonté divine se conforme à notre volonté
et non la nôtre à la divine. Et cette parole de l'Evangile
: "Demandez et vous recevrez" Jn 16,24 n'a pas été
dite par le Christ pour les âmes intérieures qui ne veulent
pas avoir de volonté ; au contraire, ces âmes parviennent
à ce qu'elles puissent ne rien demander à Dieu.
2215
15.- De même qu'elles ne doivent rien demander à Dieu,
elles ne doivent pas non plus lui rendre grâces pour quelque chose
; car l'un et l'autre est un acte de la volonté propre.
2216
16.- Il ne convient pas de chercher des indulgences pour la peine due
à ses propres péchés ; car il est mieux de satisfaire
à la justice divine que de chercher la miséricorde divine,
car le premier procède du pur amour de Dieu, et le second de l'amour
intéressé pour nous-mêmes, ce qui n'est pas ce qui
plaît à Dieu et qui n'est pas méritoire, puisque c'est
vouloir fuir la croix.
2217
17.- Le libre arbitre étant remis à Dieu, le soin et
l'examen de notre âme lui étant aussi abandonnés, il
n'y a plus lieu de s'inquiéter des tentations, et on ne doit pas
leur opposer d'autre résistance que négative, sans s'efforcer
davantage, et si la nature se meut, il faut la laisser se mouvoir, puisqu'elle
est la nature.
2218
18.- Celui qui dans l'oraison se sert d'images, de figures, d'idées
et de ses propres concepts, n'adore pas Dieu en esprit et en vérité
Jn 4,23
2219
19.- Celui qui aime Dieu de la manière que le demande la raison
ou que l'entendement le comprend, n'aime pas le vrai Dieu.
2220
20.- Dire que dans l'oraison il est besoin de s'aider du raisonnement
et de pensées, lorsque Dieu ne parle pas à l'âme, c'est
être dans l'ignorance, Dieu ne parle jamais, sa parole est action,
et il agit toujours dans l'âme lorsqu'elle ne l'en empêche
pas par ses raisonnements, ses pensées et ses opérations.
2221
21.- Dans l'oraison, il faut demeurer dans la foi obscure et universelle,
dans le repos et dans l'oubli de toute pensée particulière
et distincte des attributs de Dieu et de la Trinité, et il faut
demeurer ainsi en la présence de Dieu pour l'adorer, l'aimer et
le servir, mais sans produire des actes, parce que Dieu n'y trouve pas
sa complaisance.
2222
22. Cette connaissance par la foi n'est pas un acte produit par la
créature, mais elle est une connaissance donnée par Dieu
à la créature, que la créature ne sait pas ce qu'elle
a, et qu'elle ne sait pas ensuite avoir eue, et la même chose vaut
pour l'amour.
2223
23. Les mystiques distinguent avec saint Bernard dans la Scala claustralium
quatre degrés : la lecture, la méditation, l'oraison et la
contemplation infuse. Celui qui reste toujours au premier ne passe jamais
au deuxième ; celui qui reste toujours au deuxième ne parvient
jamais au troisième, qui est notre contemplation acquise dans laquelle
il faut persister pendant toute la vie, aussi longtemps que Dieu n'attire
pas l'âme (sans qu'elle le désire toutefois) à la contemplation
infuse ; et celle-ci venant à cesser, l'âme doit retourner
au troisième degré et y demeurer, sans retourner à
nouveau au deuxième ou au premier.
2224
24. Quelles que soient les pensées qui surviennent dans l'oraison,
même impures, même contre Dieu, la foi et les sacrements, si
elles ne sont pas entretenues volontairement et repoussées volontairement,
mais supportées avec indifférence et résignation,
elles n'empêchent pas l'oraison de foi ; au contraire, elles la rendent
plus parfaite, parce que l'âme est alors davantage résignée
à la volonté divine.
2225
25. Lors même que surviendrait le sommeil et qu'on s'endormirait,
il n'y en aurait pas moins une oraison et une contemplation actuelles ;
car oraison et résignation, résignation et oraison sont la
même chose ; et tant que perdure la résignation, perdure aussi
l'oraison.
2226
26. Les trois voies : purgative, illuminative et unitive, sont la plus
grande absurdité qui ait été dite en mystique, car
il n'y a qu'une seule voie, à savoir la voie intérieure.
2227
27. Celui qui désire et embrasse la dévotion sensible,
ne désire et ne cherche pas Dieu, mais lui-même ; et celui
qui marche dans la voie intérieure agit mal lorsqu'il le souhaite
et s'efforce de l'avoir, tant dans des lieux saints qu'aux fêtes
solennelles.
2228
28. Le dégoût des choses spirituelles est bon, puisque
par lui l'amour à proprement parler est purifié.
2229
29. Lorsque l'âme intérieure prend en dégoût
les entretiens sur Dieu et les vertus, et qu'elle demeure froide et ne
sent en elle aucune ferveur, c'est un bon signe.
2230
30. Toute chose sensible que nous éprouvons dans la vie spirituelle
est abominable, malpropre et immonde.
2231
31. Aucun de ceux qui méditent ne pratiquent les vraies vertus
intérieures, lesquelles ne doivent pas être connues par les
sens. Il faut perdre les vertus.
2232
32. Ni avant ni après la communion une autre préparation
ou une autre action de grâces n'est requise (pour ces âmes
intérieures) que de demeurer dans l'habituelle résignation
passive ; elle supplée en effet d'une manière plus parfaite
tous les actes des vertus qui peuvent se faire et se font dans la voie
ordinaire ; et Si à l'occasion de la communion s'élèvent
des mouvements d'humiliation, de demande ou d'action de grâces, il
faut les réprimer chaque fois qu'on ne reconnaîtra pas qu'ils
viennent d'une inspiration particulière de Dieu ; autrement il s'agit
de mouvements de la nature qui n'est pas encore morte.
2233
33. Elle agit mal, l'âme qui marche dans cette voie intérieure,
si aux jours de fêtes solennelles elle veut, par quelque effort particulier,
exciter en elle quelque sentiment de dévotion, car pour l'âme
intérieure tous les jours sont égaux, et sont tous des jours
de fête. Et il faut en dire autant des lieux sacrés, parce
que pour ces âmes tous les lieux sont égaux.
2234
34. Rendre grâces à Dieu par la parole et par la langue
ne convient pas aux âmes intérieures, qui doivent demeurer
dans le silence, sans opposer à Dieu d'obstacle qui opère
en eux ; et plus elles s'abandonnent à Dieu, plus elles éprouvent
leur impuissance à réciter l'oraison dominicale, ou Notre
Père.
2235
35. Il ne convient pas aux âmes de la voie intérieure
de faire des actes, même vertueux, de leur propre choix et de leur
propre activité, autrement elles ne seraient pas mortes et elles
ne doivent pas non plus faire des actes d'amour envers la bienheureuse
Vierge, les saints et l'humanité du Christ, car ces objets étant
sensibles, l'amour qui s'y rapporte l'est aussi.
2236
36. Aucune créature, ni la bienheureuse Vierge, ni les saints,
ne doivent avoir place dans notre coeur, car Dieu seul veut l'occuper et
le posséder.
2237
37. Dans le cas de tentations même violentes, l'âme ne
doit pas faire d'actes explicites de vertus qui y sont opposés,
mais demeurer dans l'amour et la résignation dont il a été
parlé.
2238
38. La croix volontaire des mortifications est un poids lourd et sans
fruit, et c'est pourquoi il faut s'en décharger.
2239
39. Les actions les plus saintes et les pénitences faites par
les saints ne suffisent pas pour ôter de l'âme même un
seul attachement.
2240
40. La bienheureuse Vierge n'a jamais fait d'oeuvre extérieure,
et cependant elle a été plus sainte que tous les saints.
C'est pourquoi on peut parvenir à la sainteté sans oeuvre
extérieure.
2241
41. Dieu permet et veut, pour nous humilier et nous conduire à
la vraie transformation, qu'à certaines âmes parfaites, même
non possédées, le démon violente leurs corps et leur
fasse commettre des actes charnels, même à l'état de
veille et sans aucun trouble de conscience, en remuant physiquement leurs
mains et d'autres membres contre leur volonté. Et il faut en dire
autant pour d'autres actions, coupables en elles-mêmes, et qui ne
sont pas dans ce cas des péchés, parce qu'il n'y a pas consentement.
2242
42. Il peut se produire des cas où ces violences poussant à
des actes charnels se produisent en même temps pour deux personnes,
à savoir un homme et une femme, et qu'il en résulte un acte
charnel pour les deux.
2243
43. Dieu, aux siècles passés, faisait des saints par
le ministère des tyrans ; mais maintenant il fait ces saints à
l'aide des démons qui, en causant en eux les violences dont il a
été parlé, font qu'ils se méprisent et s'anéantissent
davantage encore et s'abandonnent à Dieu.
2244
44. Job a blasphémé, et cependant il n'a pas péché
par ses lèvres, car cela fut du fait de la violence du démon.
2245
45. Saint Paul a souffert dans son corps ces violences du démon
; c'est pourquoi il a écrit : " Je ne fais pas le bien que je veux,
mais le mal que je ne veux pas, je le fais" Rm 7,19 .
2246
46. Ces violences sont le moyen le plus apte à annihiler l'âme et à la conduire à la transformation et à l'union véritable, et il n'y a pas d'autre voie pour y parvenir. Et celle-ci est la voie la plus facile et la plus sûre.
2247
47. Lorsque surviennent ces violences, il faut laisser faire Satan
sans y opposer aucun moyen de résistance ni aucun effort ; au contraire,
l'homme doit rester dans le néant et même s'il s'ensuit des
pollutions et des actes obscènes produits par les mains et pis encore,
il n'y a pas lieu de s'inquiéter, mais il faut chasser les scrupules
et les craintes, car l'âme est plus éclairée, plus
fortifiée et plus pure, et l'on acquiert la sainte liberté
; et surtout il n'est pas besoin de confesser ces choses, et l'on agit
très saintement en ne les confessant pas, car c'est par ce moyen
qu'on triomphe du démon et qu'on acquiert un trésor de paix.
2248
48. Satan, l'auteur de ces violences, suggère ensuite que ce
sont des fautes graves afin que l'âme s'inquiète et n'avance
plus ensuite dans la voie intérieure ; c'est pourquoi, pour affaiblir
ses forces, il est préférable de ne pas confesser cela, car
ce ne sont pas des péchés, même véniels.
2249
49. Job, par la violence du démon se souillait de ses propres
mains, au moment où il s'adressait à Dieu, si on interprète
ainsi le passage du chap. 16 Jb 16,18 .
2250
50. David, Jérémie et beaucoup parmi les saints prophètes,
ont souffert de telles violences pour ces actions extérieures impures.
2251
51. Dans la sainte Ecriture il y a beaucoup d'exemples de violences
portant à des actes extérieurs de péché ; ainsi
pour Samson qui par la violence se tua avec les Philistins Jg 16,29
s, qui épousa une femme étrangère Jg 14,1-20
, et qui pratiqua l'impudicité avec la prostituée Dalila
Jg 16,4-22 , ce qui autrement était défendu et aurait
été péché ; ainsi pour Judith qui mentit à
Holopherne Jdt 11,5-19 , pour Elisée qui maudit les enfants
2R 2,24 pour qui brûla deux chefs avec les troupes du roi
Achab 2R 1,10-12 . Savoir cependant si la violence a été
faite directement par Dieu ou par le ministère des démons,
comme cela arrive pour d'autres âmes, est incertain.
2252
52. Lorsque des violences de cette sorte, même impures, arrivent
sans que l'esprit en soit obscurci, l'âme peut alors s'unir à
Dieu et de fait lui est toujours davantage unie.
2253
53. Pour savoir en pratique si une action en d'autres personnes était
une violence, la règle dont je dispose à ce sujet n'est pas
simplement les protestations que font ces âmes de n'avoir jamais
consenti à ces violences ou de ne pas pouvoir jurer y avoir consenti,
et de voir qu'il s'agit d'âmes qui avancent dans la voie intérieure
; mais je prendrais ma règle d'une certaine lumière actuelle,
supérieure à la connaissance humaine et théologique,
qui me fait connaître de façon certaine, avec une certitude
intérieure, qu'une telle action est suscitée de façon
violente, et je suis certain que cette lumière vient de Dieu, parce
qu'elle me vient jointe à la certitude qu'elle provient de Dieu,
et qu'elle ne laisse en moi pas même l'ombre d'un doute du contraire
: de la manière dont il arrive parfois que Dieu, lorsqu'il révèle
quelque chose, donne en même temps à l'âme la certitude
que c'est lui-même qui révèle, et que l'âme ne
peut plus avoir de doute contraire.
2254
54. Les spirituels de la voie ordinaire se trouveront à l'heure
de la mort moqués et confondus avec toutes les passions qui devront
être purifiées dans l'autre monde.
2255
55. Par cette voie intérieure on parvient, quoique avec beaucoup
de peine, à purifier et à éteindre toutes les passions,
au point qu'on ne ressent plus rien, rien, rien et on ne ressent plus aucune
inquiétude, comme un corps mort, et l'âme ne se laisse plus
davantage troubler.
2256
56. Les deux lois et les deux convoitises, l'une de l'âme, l'autre
de l'amour-propre, perdurent autant que perdure l'amour-propre : c'est
pourquoi lorsqu'il est purifié et mort, comme cela se fait dans
la voie intérieure, il n'y a plus alors ces deux voies et ces deux
convoitises, et on ne connaît plus aucune chute, et on ne ressent
plus rien, pas même un péché véniel.
2257
57. Par la contemplation acquise on parvient à un état
où on ne commet plus de péché, ni mortel ni véniel.
2258
58. On parvient à cet état en ne réfléchissant
plus sur ses propres actions, car les fautes naissent de la réflexion.
2259
59. La voie intérieure est indépendante de la confession,
des confesseurs et des cas de conscience, de la théologie et de
la philosophie.
2260
60. Aux âmes avancées qui commencent à mourir aux
réflexions et qui sont arrivées à être mortes,
Dieu rend quelquefois la confession impossible et y supplée lui-même
par une grâce qui préserve et qui est égale à
celle qu'elles recevraient dans le sacrement ; et c'est pourquoi il n'est
pas bon pour ces âmes de s'approcher dans un tel cas du sacrement
de la pénitence, car cela leur est impossible.
2261
61. Lorsque l'âme est parvenue à la mort mystique, elle
ne peut plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut, car elle n'a plus
de volonté, et Dieu la lui a enlevée.
2262
62. Par la voie intérieure on parvient à un état
continu et immobile dans une paix qui ne peut plus être troublée.
2263
63. Par la voie intérieure on parvient aussi à la mort
des sens ; et c'est même un signe que quelqu'un est dans l'état
d'anéantissement, c'est-à-dire de mort mystique, lorsque
les sens extérieurs ne nous représentent plus les choses
sensibles ; celles-ci sont alors comme si elles n'étaient pas, car
elles ne parviennent plus à faire que l'entendement s'y applique.
2264
64. Un théologien a une disposition moindre à l'état
contemplatif qu'un homme ignorant premièrement parce qu'il n'a pas
une foi aussi pure ; deuxièmement parce qu'il n'est pas aussi humble
; troisièmement parce qu'il n'a pas autant le souci de son propre
salut ; quatrièmement parce qu'il a la tête pleine d'imaginations,
de représentations, d'opinions et de spéculations, et que
la vraie lumière ne peut pas entrer en lui.
2265
65. Il faut obéir aux supérieurs dans les choses extérieures,
et le voeu d'obéissance des religieux s'étend seulement à
l'extérieur. Pour l'intérieur cependant il en est autrement
là Dieu seul et le directeur y entrent.
2266
66. Elle est digne de risée, cette doctrine nouvelle selon laquelle
l'âme, pour ce qui concerne l'intérieur, devrait être
gouvernée par l'évêque, et que si l'évêque
n'en est pas capable, l'âme devrait aller auprès de lui avec
son directeur. Doctrine nouvelle, dis-je, car ni la sainte Ecriture, ni
les conciles, ni les canons, ni les bulles, ni les saints, ni les auteurs
ne l'ont jamais enseignée et n'ont pu l'enseigner ; car l'Eglise
ne juge pas des choses cachées, et l'âme a le droit et la
faculté de choisir qui bon lui semble.
2267
67. Dire qu'il faut manifester ce qui est intérieur au tribunal
extérieur, et que c'est un péché de ne pas le faire,
est une tromperie manifeste, parce que l'Eglise ne juge pas des choses
cachées, et qu'on nuit à sa propre âme par ces duperies
et ces hypocrisies.
2268
68. I1 n'y a pas dans le monde de faculté ou de juridiction
qui puisse ordonner que les lettres du directeur qui concernent l'intérieur
de l'âme soient communiquées, et c'est pourquoi il faut avertir
qu'il s'agit d'un outrage satanique.
(Censure : Ces propositions nous les avons condamnées selon le
cas comme hérétiques 3, 13-15, 41-53, suspectes ; proches
de l'hérésie 21,23,(57),60s ; sentant l'hérésie
: 2, 4-10, 12, 16-19, (31), (35), 55 s, (58) et erronées 4-6, (8-10),
13-19, 21 s, (24), (32), (35), 41-53, (58), scandaleuses 6s, (9-11), 14-20,
(24), 30-52, (54), (58-60), 63 s, (66), blasphématoires 10, 14 s,
41- 53, 60, offensant les oreilles pies 6, 30, (58), téméraires
11, 14 s, 17-20, 23 s, 26 s, 30-35, (38s), 41-68, énervant la discipline
chrétienne 10, 16, 21 s, (24), (31), (35), (38s), 41-52, (59), (65s)
et la renversant (68), et séditieuses (65). De surplus... nous avons
condamné tous les livres et toutes les oeuvres imprimées,
en quelque lieu et en quelque langue que ce soit, ainsi que tous les manuscrits
du même Miguel de Molinos.
2282
2. La plénitude de puissance que le Siège apostolique
et les successeurs de Pierre, vicaires du Christ, ont sur les choses spirituelles
est telle qu'en même temps sont en vigueur et demeurent immuables
les décrets du saint concile oecuménique de Constance, dans
la quatrième et la cinquième session, sur l'autorité
des conciles généraux, approuvés par le Siège
apostolique, confirmés par la pratique des pontifes romains eux-mêmes
et de l'Eglise tout entière, et toujours observés religieusement
par l'Eglise gallicane ; mais ne sont pas approuvés par l'Eglise
gallicane ceux qui mettent en cause la force de ces décrets, comme
si leur autorité était douteuse et qu'ils étaient
moins approuvés, ou qui restreignent les affirmations du concile
au seul temps de schisme.
2283
3. C'est pourquoi l'exercice de la puissance apostolique doit être
réglé suivant les canons établis par l'Esprit de Dieu
et conservés par la révérence du monde entier ; valent
aussi les règles, les moeurs et les constitutions reçues
par le royaume et l'Eglise gallicane, et les bornes posées par les
Pères demeurent inébranlables ; et il est même de la
grandeur du Siège apostolique que les lois et les coutumes qui ont
été confirmées par le consentement d'un Siège
si important et les Eglises possèdent la stabilité qui leur
revient.
2284
4. De même dans les questions concernant la foi le pape a la
part principale, et ses décrets valent pour toutes et chacune des
Eglises ; son jugement cependant n'est pas irréformable, à
moins que le consentement de l'Eglise n'intervienne.
2285
(Sentence judiciaire de la bulle :) Toutes et chacune des choses qui
ont été décidées et faites par ladite Assemblée
du clergé gallican qui s'est tenue en 1682, tant touchant l'extension
du droit régalien que touchant la déclaration sur la puissance
ecclésiastique et les quatre propositions qu'elle contient, avec
tous et chacun des mandements, arrêtés, confirmations, déclarations,
lettres, édits, décrets faits ou publiés par des personnes
quelconques, soit ecclésiastiques, soit laïques, quelle que
soit leur qualité, et quelle que soit leur autorité ou leur
pouvoir, et qui exigeraient aussi une mention particulière,... par
la teneur des présentes Nous déclarons toutes ces choses
de plein droit nulles et non avenues, invalides et vaines, pleinement et
entièrement dénuées de force et d'effet dès
leur principe, et qu'elles le sont encore et qu'elles le seront à
perpétuité ; et que personne n'est tenu de les observer,
ou quelqu'une d'entre elles, fussent-elles munies du sceau du serment.
2291
2. Le péché philosophique ou moral est un acte humain
qui disconvient à la nature humaine et à la droite raison
le péché théologique en revanche est une transgression
libre de la Loi divine. Quelque grave qu'il soit, ce péché
philosophique est, dans celui qui ne connaît pas Dieu ou qui ne pense
pas actuellement à Dieu, un péché grave, mais il n'est
pas une offense à Dieu ni un péché mortel faisant
perdre l'amitié de Dieu, et il ne mérite pas la peine éternelle.
2292
(Censure : ) Propos. 1 : hérétique. - 2 : scandaleuse,
téméraire, offensante pour les oreilles pies, erronée.
2302
2. Même s'il y avait ignorance invincible du droit naturel, dans
l'état de nature déchue elle n'excuse pas du péché
formel (matériel) celui qui agit en vertu d'elle.
2303
3. Il n'est pas permis de suivre une opinion (probable), ou la plus
probable entre celles qui sont probables.
2304
4. Le Christ s'est offert lui-même en sacrifice à Dieu
pour nous, non pas pour les seuls élus, mais pour tous les fidèles
et eux seuls.
2305
5. Les païens, les juifs, les hérétiques, et d'autres
semblables, ne reçoivent aucune influence de Jésus Christ
; et on peut en conclure justement que la volonté est en eux nue
et désarmée, sans aucune grâce suffisante.
2306
6. Pour l'état qui est le nôtre, la grâce suffisante
n'est pas tant utile que pernicieuse, en sorte que c'est à juste
titre que nous pouvons prier : De la grâce suffisante, délivre
nous Seigneur.
2307
7. Toute action humaine délibérée est amour de
Dieu ou amour du monde ; si elle est amour de Dieu, elle est charité
du Père ; si elle est amour du monde, elle est concupiscence de
la chair, c'est-à-dire mauvaise.
2308
8. L'infidèle pèche nécessairement en toutes ses
oeuvres.
2309
9. Celui-là pèche vraiment qui ne hait le péché
qu'en raison de sa turpitude et de sa disconvenance par rapport a la nature,
sans considérer d'aucune manière l'offense à Dieu.
2310
10. L'intention par laquelle quelqu'un déteste le mal et ne
poursuit le bien que pour obtenir la gloire céleste, n'est ni droite,
ni agréable à Dieu.
2311
11. Tout ce qui ne provient pas de la foi chrétienne surnaturelle
qui agit par amour est péché.
2312
12. Lorsque dans les grands pécheurs tout amour fait défaut,
la foi aussi fait défaut ; et même s'ils semblent croire,
ce n'est pas une foi divine mais humaine.
2313
13. Quiconque aime Dieu, même en vue de la récompense
éternelle, si la charité lui fait défaut, le vice
ne lui fait pas défaut, si souvent qu'il puisse agir en vue de la
béatitude.
2314
14. La crainte de l'enfer n'est pas surnaturelle.
2315
15. L'attrition qu'on conçoit par la crainte de l'enfer et des
peines, sans l'amour de Dieu pour lui-même, n'est pas un mouvement
bon et surnaturel.
2316
16. L'ordonnance qui place la satisfaction avant l'absolution n'a pas
été introduite par la discipline ou l'institution de l'Eglise,
mais vient de la Loi et de la prescription du Christ lui-même, la
nature de la chose le dictant ainsi en quelque sorte.
2317
17. Par cette pratique d'absoudre aussitôt, l'ordonnance de la
pénitence a été inversée.
2318
18. La coutume moderne relative à l'administration de la pénitence,
même si elle est soutenue par l'autorité de nombreux hommes
et confirmée par une longue durée de temps, pour autant n'est
pas tenue par l'Eglise comme un usage mais comme un abus.
2319
19. L'homme doit faire pénitence toute sa vie pour le péché
originel.
2320
20. Les confessions faites aux religieux sont la plupart ou sacrilèges,
ou invalides.
2321
21. Un paroissien peut soupçonner que les religieux mendiants,
qui vivent d'aumônes ordinaires, pour obtenir ou gagner un bien temporel,
imposent une peine trop légère ou mal proportionnée.
2322
22. Il faut considérer comme impies ceux qui prétendent
avoir droit à la communion avant d'avoir fait une pénitence
proportionnée à leurs péchés.
2323
23. De même il faut éloigner de la sainte communion ceux
que n'habite pas encore un amour de Dieu très pur et sans mélange.
2324
24. L'offrande que la Vierge Marie a faite au Temple, le jour de la
purification, de deux colombes, l'une pour l'holocauste et l'autre pour
les péchés, atteste suffisamment qu'elle avait besoin de
purification, et que le fils qui avait présenté était
entaché des taches de la mère, selon les paroles de la Loi.
2325
25. Il n'est pas permis à un chrétien de placer dans
un temple chrétien une image de Dieu le Père (assis).
2326
26. La louange adressée à Marie comme Marie est vaine.
2327
27. Il fut un temps où un baptême conféré
sous cette forme : "Au nom du Père, etc.", en omettant "Je te baptise",
était valide.
2328
28. Un baptême est valide lorsqu'il a été conféré
par un ministre qui observe tout le rite extérieur et la forme,
mais qui intérieurement, dans son coeur et à part soi, décide
: je n'ai pas l'intention de faire ce que fait l'Eglise.
2329
29. C'est une affirmation futile et réfutée de nombreuses
fois, que celle de l'autorité du pape au-dessus du concile oecuménique
et de l'infaillibilité dans les questions de foi.
2330
30. Lorsque quelqu'un a trouve' une doctrine clairement établie
chez Augustin, il faut absolument la soutenir et l'enseigner, sans avoir
égard à aucune bulle du pape.
2331
31. La bulle In eminenti d'Urbain VIII a été obtenue
par ruse.
(Censure : condamnées et prohibées comme étant)
selon le cas, téméraires, scandaleuses, malsonnantes, proches
de l'hérésie, sentant l'hérésie, erronées,
schismatiques et hérétiques.
Réponse : S'il existe un pacte de dissolubilité, ce n'est
ni un mariage ni un sacrement ; Si un tel pacte n'existe pas, il s'agit
d'un mariage et d'un sacrement.
2352
2.- Dans l'état de la vie contemplative ou unitive, on perd
tout motif intéressé de crainte ou d'espérance.
2353
3.- Ce qui est essentiel dans la direction est de ne faire que suivre
pas à pas la grâce avec une patience, une précaution
et une délicatesse infinie. il faut se borner à laisser faire
Dieu, et ne parler jamais du pur amour que lorsque Dieu, par l'onction
intérieure, commence à ouvrir le coeur à cette parole,
qui est si dure aux âmes encore attachées à elles-mêmes,
et si capable de les scandaliser et de les jeter dans le trouble.
2354
4.- Dans l'état de la sainte indifférence, l'âme
n'a plus de désirs volontaires et délibérés
pour son intérêt, excepté dans les occasions où
elle ne coopère pas fidèlement à toute la grâce.
2355
5. Dans cet état de la sainte indifférence, on ne veut
rien pour soi, mais on veut tout pour Dieu ; on ne veut rien pour être
parfait ni bienheureux dans son propre intérêt, mais on veut
toute perfection et toute béatitude, autant qu'il plaît à
Dieu de nous faire vouloir ces choses par l'impression de sa grâce.
2356
6. En cet état de la sainte indifférence, on ne veut
plus le salut comme salut propre, comme délivrance éternelle,
comme récompense de nos mérites, comme le plus grand de tous
nos intérêts ; mais on le veut d'une volonté pleine,
comme la gloire et le bon plaisir de Dieu, comme une chose qu'il veut et
qu'il veut que nous voulions pour lui.
2357
7. L'abandon n'est que l'abnégation ou renoncement de soi-même
que Jésus Christ nous demande dans l'Evangile, après que
nous aurons tout quitté au- dehors. Cette abnégation de nous-mêmes
n'est que pour l'intérêt propre. ... Les épreuves où
cet abandon doit être exercé sont les tentations par lesquelles
Dieu jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant voir aucune ressource
ni aucune espérance pour son intérêt propre, même
éternel.
2358
8. Tous les sacrifices que les âmes les plus désintéressées
font d'ordinaire sur leur béatitude éternelle sont conditionnels.
Mais ce sacrifice ne peut être absolu dans l'état ordinaire
: il n'y a que le cas des dernières épreuves où ce
sacrifice soit en quelque manière absolu.
2359
9. Dans les dernières épreuves, une âme peut être
invinciblement persuadée, d'une persuasion réfléchie
et qui n'est pas le fond intime de la conscience, qu'elle est justement
éprouvée par Dieu.
2360
10. Alors l'âme, divisée d'elle-même, expire sur
la croix avec le Christ, en disant : " Ô mon Dieu, pourquoi m'avez-vous
abandonné ? " Mt 27,46 Dans cette même impression involontaire
de désespoir, elle fait le sacrifice absolu de son intérêt
propre pour l'éternité.
2361
11. En cet état, l'âme perd toute espérance pour
son propre intérêt ; mais elle ne perd jamais dans sa partie
supérieure, c'est-à-dire dans ses actes directs et intimes
l'espérance parfaite qu'est le désir désintéressé
des promesses.
2362
12. Un directeur peut alors laisser faire à cette âme
un acquiescement simple à la perte de son intérêt propre,
et à la condamnation juste où elle croit être de la
part de Dieu.
2363
13. La partie inférieure de Jésus Christ sur la croix
ne communiquait pas à la partie supérieure son trouble involontaire.
2364
14. I1 se fait dans les dernières épreuves, pour la purification
de l'amour, une séparation de la partie supérieure de l'âme
d'avec l'inférieure. ... Les actes de la partie inférieure,
dans cette séparation, sont d'un trouble entièrement aveugle
et involontaire, parce que tout ce qui est intellectuel et volontaire est
de la partie supérieure.
2365
15. La méditation consiste dans des actes discursifs qui sont
faciles à distinguer les uns des autres. ... Cette composition d'actes
discursifs et réfléchis est propre à l'exercice de
l'amour intéressé.
2366
16. Il y a un état de contemplation si haute et si parfaite
qu'il devient habituel : en sorte que toutes les fois qu'une âme
se met en actuelle oraison, son oraison est contemplative et non discursive
; alors elle n'a plus besoin de revenir à la méditation ni
à ses actes méthodiques.
2367
17. Les âmes contemplatives sont privées de la vue distincte,
sensible et réfléchie de Jésus Christ, en deux temps
différents. Premièrement dans la ferveur naissante de leur
contemplation ; secondement une âme perd de vue Jésus Christ
dans les dernières épreuves.
2368
18. Dans l'état passif on exerce toutes les vertus distinctes
sans penser qu'elles sont vertus ; on ne pense qu'à faire ce que
Dieu veut ; et l'amour jaloux fait tout ensemble qu'on ne veut plus être
vertueux pour soi, et qu'on ne l'est jamais tant que quand on n'est pas
attaché à l'être.
2369
19.- On peut dire en ce sens que l'âme passive et désintéressée
ne veut plus même l'amour en tant qu'il est sa perfection et son
bonheur ; mais seulement en tant qu'il est ce que Dieu veut de nous.
2370
20.- Les âmes transformées doivent, en se confessant,
détester leurs fautes, les condamner et désirer la rémission
de leurs péchés, non comme leur propre perfection et délivrance,
mais comme quelque chose que Dieu veut et qu'il veut que nous voulions
pour sa gloire.
2371
21. - Les saints mystiques ont exclu de l'état des âmes
transformées les pratiques de vertu.
2372
22. - Quoique cette doctrine (du pur amour) fût la pure et simple
perfection de l'Evangile, marquée dans toute la tradition, les anciens
pasteurs ne proposaient d'ordinaire, au commun des sujets, que les pratiques
de l'amour intéressé, proportionnées à leur
grâce.
2373
23. - Le pur amour fait lui seul la vie intérieure, et devient
alors l'unique principe et l'unique motif de tous les actes délibérés
et méritoires.
2374
(Censure ) ... Le livre susdit..., dont la lecture et l'usage peuvent
entraîner peu à peu les fidèles à des erreurs
déjà condamnées par l'Eglise catholique, et qui de
surcroît contient des propositions qui soit dans leur sens obvie,
soit compte tenu de leur contexte, sont respectivement téméraires
(1 s, 8, 10, 15-20, 22), scandaleuses (7, 10, 12, 19-21), malsonnantes
(4-6, 23), offensantes aux oreilles pieuses (8, 18), pernicieuses dans
la pratique (2, 14, 17), et même erronées (1-7, 1O s,13 ,17-19
, 22 s), par la teneur des présentes nous condamnons et réprouvons,
et... interdisons l'impression de ce livre.
2382
Question 8 : Le viatique ou l'extrême-onction peuvent-ils être
donnés à des adultes moribonds que nous avons crus aptes
à recevoir le baptême, mais non la communion et les autres
sacrements ?
Réponse : Le viatique ne doit pas être administré
à un néophyte moribond s'il ne discerne pas au moins la nourriture
spirituelle de la nourriture corporelle, en reconnaissant et en croyant
la présence du Christ Seigneur dans l'hostie. De même le sacrement
de l'extrême-onction ne doit pas être conféré
à un néophyte moribond que le missionnaire a cru apte à
recevoir le baptême, s'il n'a pas au moins une certaine intention
de recevoir l'onction sainte destinée au bien de l'âme au
moment de la mort.
2401
Par. 3. 1. Que reste-t-il à une âme qui a perdu Dieu et
sa grâce, sinon le péché et ses suites, une orgueilleuse
pauvreté et une indigence paresseuse, c'est-à-dire une impuissance
générale au travail, à la prière et à
toute oeuvre bonne ? Cette proposition se trouve dans les Observations
morales de Quesnel sur Lc 16,3 .
2402
2. La grâce de Jésus Christ, principe efficace de toute
sorte de bien, est nécessaire pour toute oeuvre bonne ; sans elle
non seulement rien ne se fait, mais rien ne peut se faire. - Jn 15,5
: éd. de 1693.
2403
3. En vain tu commandes, Seigneur, si tu ne donnes pas toi-même
ce que tu commandes. - Ac 16,10 .
2404
4. Oui Seigneur, tout est possible à celui à qui tu rends
tout possible en le faisant en lui. - Mc 9,22 .
2405
5. Quand Dieu n'amollit pas le coeur par l'onction intérieure
de sa grâce, les exhortations et les grâces extérieures
ne servent qu'à l'endurcir davantage. - Rm 9,18 éd.
De 1693.
2406
6. La différence entre l'alliance judaïque et l'alliance
chrétienne est que dans celle-là Dieu exigeait du pécheur
de renoncer au péché et d'accomplir la Loi, en le laissant
à l'impuissance, mais dans celle-ci Dieu donne au pécheur
ce qu'il commande, en le purifiant par sa grâce. - Rm 11,27 .
2407
7. Quel avantage pour l'homme dans l'Alliance ancienne, où Dieu
l'a laissé à sa propre infirmité lorsqu'il lui a imposé
sa Loi ? Mais quelle n'est pas la félicité d'être admis
dans une Alliance où Dieu nous donne ce qu'il demande. - He 8,7
.
2408
8. Nous n'appartenons à la Nouvelle Alliance qu'autant que nous
avons part à la nouvelle grâce, qui opère en nous ce
que Dieu nous commande. - He 8,10 .
2409
9. La grâce du Christ est la grâce suprême, sans
laquelle nous ne pouvons jamais confesser le Christ, et avec laquelle nous
ne le renions jamais. - 1Co 12,3 éd. de 1693.
2410
10. La grâce est l'opération de la main de Dieu que rien
ne peut empêcher ni retarder. - Mt 20,34 .
2411
11. La grâce n'est pas autre chose que la volonté toute
puissante de Dieu qui commande et qui fait ce qu'il commande. - Mc 2,11
.
2412
12. Quand Dieu veut sauver l'âme, en tout temps, en tout lieu,
l'indubitable effet suit le vouloir de Dieu. - Mc 2,12 .
2413
13. Quand Dieu veut sauver une âme, et qu'il la touche de la
main intérieure de sa grâce, nulle volonté ne lui résiste.
-Lc 5,13 éd. de 1693.
2414
14. Quelque éloigné que soit du salut un pécheur
obstiné, quand Jésus se fait voir à lui par la lumière
salutaire de sa grâce, il faut qu'il se rende, qu'il accoure, qu'il
s'humilie, et qu'il adore son Sauveur. - Mc 5,67 éd. de 1693.
2415
15. Quand Dieu accompagne son commandement et sa parole extérieure
de sa grâce, elle opère dans le coeur l'obéissance
qu'elle demande. - Lc 9,60 .
2416
16. Il n'y a pas de charmes qui ne cèdent aux charmes de la
grâce, parce que rien ne résiste au Tout-Puissant. Ac 8,12
.
2417
17. La grâce est cette voix du Père qui enseigne intérieurement
les hommes et les fait venir à Jésus Christ. Quiconque ne
vient pas à lui après avoir entendu la voix intérieure
du Fils, n'est pas enseigné par le Père. - Jn 6,45
2418
18. La semence de la parole que la main de Dieu arrose porte toujours
son fruit. - Ac 11,21 .
2419
19. La grâce de Dieu n'est pas autre chose que sa volonté
toute-puissante : c'est l'idée que Dieu lui-même nous donne
dans toutes ses Ecritures. - Rm 14,4 édition 1693.
2420
20. La vraie idée de la grâce est que Dieu veut que nous
lui obéissions, et il est obéi ; il commande et tout se fait
; il parle en maître, et tout lui est soumis. - Mc 4,39 .
2421
21. La grâce de Jésus Christ est une grâce forte,
puissante, souveraine, invincible, puisqu'elle est l'opération de
la volonté toute- puissante, une suite et une imitation de Dieu
incarnant et ressuscitant son Fils. 2Co 5,21 éd. de 1693.
2422
22. L'accord de l'opération toute-puissante de Dieu dans le
coeur de l'homme avec le libre consentement de la volonté, nous
est montré aussitôt dans l'Incarnation, comme dans la source
et le modèle de toutes les autres opérations de miséricorde
et de grâce, et toutes aussi gratuites et dépendantes de Dieu
que cette opération originelle elle-même. - Lc 1,48 .
2423
23. Dieu nous a donné lui-même l'idée de l'opération
toute- puissante de sa grâce, en la signifiant par celle par laquelle
il tire les créatures de rien et redonne la vie aux morts. - Rm
4,17 .
2424
24. L'idée juste qu'a le centurion de la toute-puissance de
Dieu et de Jésus Christ pour guérir les corps par le seul
mouvement de sa volonté, est l'image de l'idée qu'on doit
avoir de la toute-puissante de sa grâce pour guérir les âmes
de la cupidité. - Lc 7,7 .
2425
25. Dieu illumine l'âme, et la guérit ainsi que le corps,
par sa seule volonté : il commande et il est obéi. - Lc
18,42 .
2426
26. Il n'est pas donné de grâces, sinon par la foi. -
Mc 11,25
2427
27. La foi est la première grâce et la source de toutes
les autres. - 2P 1,3
2428
28. La première grâce que Dieu accorde au pécheur
est la rémission des péchés. - Mc 11,25 .
2429
29. Hors de l'Eglise aucune grâce n'est concédée.
- Lc 10,35-36
2430
30. Tous ceux que Dieu veut sauver par Jésus Christ, sont sauvés
infailliblement. - Jn 6,40 .
2431
31. Les souhaits de Jésus Christ ont toujours leur effet : il
porte la paix à l'intime des coeurs quand il la leur désire.
- Jn 20,19 .
2432
32. Jésus s'est livré à la mort afin de libérer
pour toujours par son sang les premiers-nés, c'est-à-dire
les élus, de la main de l'ange exterminateur. -
2433
33. Oh ! combien il faut avoir renoncé aux choses de la terre
et à soi-même pour avoir la confiance de s'approprier, pour
ainsi dire, le Christ Jésus, son amour, sa mort, son mystère,
comme le fait Paul en disant : "Il m'a aimé et s'est livré
pour moi. " - .
2434
34. La grâce d'Adam ne produisait que des mérites humains.
- 2Co 5,21 éd. 1693.
2435
35. La grâce d'Adam est une suite de la création et était
due à la nature sainte et intègre. - 2Co 5,21 .
2436
36. La différence essentielle entre la grâce d'Adam et
l'état d'innocence, et la grâce chrétienne est que
chacun aurait reçu la première en sa propre personne, tandis
que celle-ci n'est pas reçue sinon dans la personne de Jésus
Christ ressuscité à qui nous sommes unis. - Rm 7,4 .
2437
37. La grâce d'Adam, du fait qu'elle le sanctifiait lui-même,
lui était proportionnée ; la grâce chrétienne
nous sanctifiant en Jésus Christ est toute- puissante et digne du
Fils de Dieu. - Ep 1,6 .
2438
38. Le pécheur n'est libre que pour le mal sans la grâce
du libérateur. - Lc 8,9
2439
39. La volonté que la grâce ne prévient pas n'a
de lumière que pour s'égarer, d'ardeur que pour se précipiter,
de force que pour se blesser. Elle est capable de tout mal et incapable
de tout bien. - Mt 20,34 .
2440
40. Sans la grâce nous ne pouvons rien aimer, sinon pour notre
condamnation. - 2Th 3,18 éd. 1693.
2441
41. Toute connaissance de Dieu, même naturelle, même dans
les philosophes païens, ne peut venir que de Dieu, et sans la grâce
elle ne produit que présomption, vanité, et opposition à
Dieu lui-même, au lieu des sentiments d'adoration, de gratitude et
d'amour. - Rm 1,19 .
2442
42. Seule la grâce rend l'homme apte au sacrifice de la foi :
sans cela, rien qu'impureté, rien qu'indignité. Ac 11,9
.
2443
43. Le premier effet de la grâce baptismale est de faire que
nous mourions au péché, de sorte que l'esprit, le coeur et
les sens n'ont pas davantage de vie pour le péché qu'un homme
mort n'en a pour les choses du monde. - Rm 6,2 éd. de 1693.
2444
44. Il n'y a que deux amours, d'où naissent toutes nos volontés
et nos actions : l'amour de Dieu qui fait tout pour Dieu et que Dieu récompense,
et l'amour par lequel nous nous aimons nous-mêmes et le monde, qui
ne rapporte pas à Dieu ce qui doit lui être rapporté,
et qui par cela même devient mal. - Jn 5,29
2445
45. Lorsque l'amour de Dieu ne règne plus dans le coeur des
pécheurs, nécessairement la cupidité charnelle y règne
et corrompt toutes leurs actions. - Lc 15,13 éd. de 1693.
2446
46. La cupidité ou la charité rendent l'usage des sens
bon ou mauvais. - Mt 5,28
2447
47. L'obéissance à la Loi doit couler de source, et cette
source est la charité. Quand l'amour de Dieu en est le principe
intérieur, et sa gloire, sa fin, alors ce qui appartient à
l'extérieur est pur ; sans cela ce n'est qu'hypocrisie et fausse
justice. - Mt 25,26 éd. de 1693.
2448
48. Que pouvons-nous être d'autre, sinon ténèbres,
égarement et péché, sans la lumière de la foi,
sans le Christ, et sans la charité ? - Ep 5,8
2449
49. De même qu'il n'y a pas de péché sans amour
de nous-mêmes, de même il n'y a pas d'oeuvre bonne sans amour
de Dieu. - Mc 7,22-23 .
2450
50. C'est en vain que nous crions vers Dieu : "Mon Père", si
ce n'est pas l'esprit de charité qui crie. - Rm 8,15 .
2451
51. La foi justifie lorsqu'elle opère, mais elle n'opère
que par la charité. - Ac 13,39 .
2452
52. Tous les autres moyens de salut sont contenus dans la foi comme
dans leur germe et leur semence ; mais ce n'est pas une foi sans amour
ni sans confiance. - Ac 10,43 .
2453
53. Seule la foi accomplit chrétiennement (les actions chrétiennes)
par le rapport à Dieu et à Jésus Christ. - Col
3,14 .
2454
54. C'est la charité seule qui parle à Dieu ; c'est elle
seule que Dieu entend. - 1Co 13,1 .
2455
55. Dieu ne couronne que la charité ; qui court en vertu d'un
autre mouvement et pour un autre motif, court en vain. 1Co 9,24 .
2456
56. Dieu ne récompense que la charité, presque seule
la charité honore Dieu. - Mt 25,36 .
2457
57. Tout manque à un pécheur quand il lui manque l'espérance
; et il n'y a pas d'espérance en Dieu là où il n'y
a pas amour de Dieu. - Mt 27,5
2458
58. Il n'y a ni Dieu, ni religion, là où il n'y a pas
charité.- 1Jn 4,8 .
2459
59. La prière des impies est un nouveau péché
; et ce que Dieu leur accorde, est un nouveau jugement pour eux. - Jn
10,25 éd. de 1693.
2460
60. Si la seule crainte du supplice anime le repentir, plus ce repentir
est violent, plus il conduit au désespoir. - Mt 27,5 .
2461
61. La crainte n'arrête que la main ; le coeur cependant est
livré au péché aussi longtemps qu'il n'est pas conduit
par l'amour. - Lc 20,19 .
2462
62. Celui qui ne s'abstient du mal que par crainte de la peine le commet
dans son coeur, et il est déjà coupable devant Dieu. - Mt
21,46 .
2463
63. Un baptisé est encore sous la Loi comme un juif s'il n'accomplit
pas la loi, ou s'il l'accomplit par la seule crainte. - Rm 6,14 .
2464
64. Sous la malédiction de la Loi on ne fait jamais le bien,
parce qu'on pèche soit en faisant le mal, soit en ne l'évitant
que par la crainte. -
2465
65. Moïse, les prophètes, les prêtres et les docteurs
de la Loi sont morts sans qu'ils aient donné de fils à Dieu,
puisqu'ils n'ont fait que des esclaves par la crainte. - Mc 12,19 .
2466
66. Celui qui veut s'approcher de Dieu ne doit ni venir à lui
avec des pensées brutales, ni se conduire par un instinct naturel,
ou par la crainte, comme les bêtes, mais par la foi et l'amour comme
des fils. - He 12,20 éd. de 1693.
2467
67. La crainte servile ne se représente Dieu que comme un maître
dur, impérieux, injuste, intraitable. - Lc 19,21 éd.
de 1693.
2468
68. Dieu a abrégé la voie du salut en incluant tout dans
la foi et les prières. - Ac 2,21 .
2469
69. La foi, l'usage, l'accroissement et la récompense de la
foi, tout cela est un don de la pure libéralité de Dieu.
- Mc 9,22 .
2470
70. Dieu n'afflige jamais des innocents, et les afflictions servent
toujours, soit à punir le péché, soit à purifier
le pécheur. - Jn 9,3 .
2471
71. L'homme peut se dispenser, pour sa conservation, de cette loi que
Dieu a établie pour son utilité. - Mc 2,28 .
2472
72. La note de l'Eglise est qu'elle est catholique, comprenant et tous
les anges du ciel, et tous les élus, et les justes de la terre et
de tous les siècles. - He 12,22-24 .
2473
73. Qu'est l'Eglise, sinon l'assemblée des fils de Dieu qui
demeurent dans son sein, adoptés en Jésus Christ, subsistant
en sa personne, rachetés par son sang, vivant de son Esprit, agissant
par sa grâce et attendant la paix du siècle à venir
? - 2Th 1,1 s éd. de 1693.
2474
74. L'Eglise, ou le Christ entier, a pour tête le Verbe incarné
et pour membres tous les saints. - 1Tm 3,16 .
2475
75. L'Eglise est un seul homme, composé de plusieurs membres,
dont le Christ est la tête, la vie, la substance et la personne :
un seul Christ composé de plusieurs saints dont il est le sanctificateur.
- Ep 2,14-16 .
2476
76. Rien de plus spacieux que l'Eglise, puisque tous les élus
et les justes de tous les siècles la composent. - Ep 2,22 .
2477
77. Qui ne mène pas une vie digne d'un fils de Dieu et d'un
membre du Christ cesse d'avoir intérieurement Dieu pour Père
et le Christ pour tête. - 1Jn 2,24
éd. de 1693.
2478
78. Quelqu'un est séparé du peuple élu, dont le
peuple juif était la figure et dont le Christ est la tête,
aussi bien en ne vivant pas selon l'Evangile qu'en ne croyant pas à
l'Evangile. - Ac 3,23 .
2479
79. Il est utile et nécessaire en tout temps, en tous lieux,
et à toutes sortes de personnes d'étudier et de connaître
l'esprit, la piété et les mystères de la sainte Ecriture.
- 1Co 14,5 .
2480
80. La lecture de l'Ecriture est pour tout le monde. - Ac 8,28
2481
81. L'obscurité sainte de la Parole de Dieu n'est pas pour les
laïcs une raison pour se dispenser de sa lecture. - Ac 8,28 .
2482
82. Le dimanche doit être sanctifié par des lectures de
piété et surtout par celle des saintes Ecritures. Il est
condamnable de vouloir écarter les chrétiens de cette lecture.
- .
2483
83. C'est une illusion de s'imaginer que la connaissance des mystères
de la religion ne doive pas être communiquée aux femmes par
la lecture des livres saints. Ce n'est pas de la simplicité des
femmes, mais de la science orgueilleuse des hommes qu'est venu l'abus des
Ecritures et que sont nées les hérésies. - Jn 4,26
.
2484
84. Arracher le Nouveau Testament de la main des chrétiens ou
le leur tenir fermé, en leur ôtant le moyen de le comprendre,
c'est leur fermer la bouche du Christ. - Mt 5,2 .
2485
85. Interdire aux chrétiens la lecture de la sainte Ecriture,
et surtout de l'Evangile, c'est interdire l'usage de la lumière
aux fils de lumière et leur faire souffrir une espèce d'excommunication.
- Lc 11,33 éd. de 1693.
2486
86. Ravir au simple peuple la consolation d'unir sa voix à la
voix de toute l'Eglise est un usage contraire à la pratique apostolique
et au dessein de Dieu. - 1Co 14,16 .
2487
87. C'est une conduite pleine de sagesse, de lumière et de charité,
que de donner aux âmes le temps de porter avec humilité et
de sentir l'état de péché, de demander l'esprit de
pénitence et de contrition et de commencer, au moins, à satisfaire
à la justice de Dieu, avant que de les réconcilier. - Ac
8,9 .
2488
88. Nous ignorons ce qu'est le péché et la vraie justice
quand nous voulons être rétablis aussitôt dans la possession
des biens dont le péché nous a dépouillés,
et que nous ne voulons pas porter la confusion de cette séparation.
- Lc 17,11-12 .
2489
89. Le quatorzième degré de la conversion du pécheur
consiste en ce que, lorsqu'il a déjà été réconcilié,
il a le droit d'assister au sacrifice de l'Eglise. - Lc 15,23 .
2490
90. L'Eglise a l'autorité d'excommunier, pour l'exercer par
les premiers pasteurs du consentement au moins présumé de
tout le corps. - Mt 18,17
2491
91. La crainte d'une excommunication injuste ne doit jamais nous empêcher
de faire notre devoir ; nous ne sortons jamais de l'Eglise, même
quand nous semblons en être expulsés par la méchanceté
des hommes, aussi longtemps que nous sommes attachés à Jésus
Christ et à l'Eglise par la charité. - Jn 9,22-23
2492
92. Plutôt souffrir en paix l'excommunication et l'anathème
injuste que de trahir la vérité, c'est imiter saint Paul
; cela est loin de s'ériger contre l'autorité ou de rompre
l'unité. Rm 9,3 .
2493
93. Jésus guérit quelquefois les blessures que la précipitation
des premiers pasteurs inflige dans son ordre ; Jésus rétablit
ce qu'ils retranchent par un zèle inconsidéré. - Jn
18,11 .
2494
94. Rien ne donne une plus mauvaise opinion de l'Eglise à ses
ennemis que d'y voir exercer une domination sur la foi des fidèles
et des divisions y être entretenues pour des choses qui ne blessent
ni la foi ni les moeurs. - Rm 14,16
2495
95. Les vérités en sont venues à être comme
une langue étrangère pour la plupart des chrétiens,
et la manière de les prêcher est comme un langage inconnu
tant elle est éloignée de la simplicité des apôtres
et au-dessus de la portée commune des fidèles ; et on ne
considère pas assez que cette déficience est un des signes
les plus sensibles de la vieillesse de l'Eglise et de la colère
de Dieu sur ses fils. - .
2496
96. Dieu permet que toutes les puissances soient contraires aux prédicateurs
de la vérité, afin que sa victoire ne puisse être attribuée
qu'à la divine grâce. - Ac 17,8 .
2497
97. Il arrive trop souvent que les membres qui sont le plus saintement
et le plus étroitement unis à l'Eglise soient regardés
et traités comme indignes d'être dans l'Eglise, ou comme séparés
d'elle. Mais "le juste vit de la foi" Rm 1,17 et non de l'opinion
des hommes. - Ac 4,11 .
2498
98. Subir la persécution et les peines que subit quelqu'un comme
hérétique, odieux et impie est ordinairement la dernière
épreuve, et la plus méritoire, car elle rend l'homme plus
conforme à Jésus Christ. - Lc 22,37 .
2499
99. L'entêtement, la prévention, l'obstination à
ne vouloir rien examiner ou reconnaître s'être trompé,
changent tous les jours pour beaucoup en odeur de mort ce que Dieu a mis
dans son Eglise pour y être une odeur de vie par exemple de bons
livres, des instructions, de saints exemples, etc. - 2Co 2,16
2500
100. Temps déplorable où on croit honorer Dieu en percutant
la vérité et ses disciples ! Ce temps est venu. .. Etre regardé
et traité par les ministres de la religion comme un impie et indigne
de commercer avec Dieu, comme un membre putride, capable de tout corrompre
dans la société des saints, c'est pour les hommes pieux une
mort plus terrible que la mort du corps. C'est en vain que quelqu'un se
flatte de la pureté de ses intentions et d'un zèle pour la
religion, s'il persécute par le feu et le fer des hommes probes,
s'il est aveuglé par la passion ou emporté par celle des
autres, parce qu'il ne veut rien examiner. Nous croyons souvent sacrifier
à Dieu un impie, et nous sacrifions au diable un serviteur de Dieu.
- Jn 16,2 .
2501
101. Rien n'est plus contraire à l'esprit de Dieu et à
la doctrine de Jésus Christ que de rendre communs les serments dans
l'Eglise ; car c'est multiplier les occasions de parjure, tendre des pièges
aux faibles et aux ignorants, et faire que le nom et la vérité
de Dieu servent quelquefois au dessein des impies. - Mt 5,37 .
2502
(Censure )...Nous déclarons, condamnons et réprouvons
les propositions qui précèdent comme étant, selon
le cas, fausses, captieuses, malsonnantes, offensantes aux oreilles pies,
scandaleuses, pernicieuses, téméraires, injurieuses à
l'Eglise et à ses usages, outrageantes, non seulement pour elle,
mais pour les puissances séculières, séditieuses,
impies, blasphématoires, suspectes d'hérésie, sentant
l'hérésie, favorables aux hérétiques et aux
hérésies, et même à un schisme, erronées,
proches de l'hérésie, et souvent condamnées, enfin
comme hérétiques et renouvelant diverses hérésies,
principalement celles qui sont contenues dans les fameuses propositions
de Jansénius, prises dans le sens dans lequel elles ont été
condamnées.
source: catho.org