Le respect des autres

“La personne respectueuse agit ou non, selon le cas, de façon à ne nuire ni à elle-même ni aux autres, et de manière à faire le bien selon ses droits, sa condition et les circonstances de sa vie”.


En parlant du respect, il faut d’abord faire une distinction entre le respect dû à tous en tant qu’enfants de Dieu et celui que nous devons à chacun en fonction de sa condition et de ses circonstances de vie. Le premier implique une attitude de compréhension et d’acceptation des autres, tandis que le second nous fait effectuer des actes concrets, dictés par les caractéristiques propres à chaque type de relations humaines. On le comprend plus clairement si l’on considère la relation filiale. Dans cette relation, les qualités personnelles des parents “n’ont qu’une valeur secondaire dans la motivation du respect qui leur est dû”. Les parents méritent le respect de leurs enfants, principalement en tant qu’ “auteurs de la vie, éducateurs et supérieurs par la volonté de Dieu”. Nous allons considérer le développement de cette vertu dans le cadre de différents types de relations : les relations avec les amis, les camarades et les autres en général, et les relations parents-enfants.
Avant de commencer, il faudrait préciser la place du respect des choses, qui ne figure pas dans la description initiale. L’expression “respect des choses” n’a pas de sens car une chose, par définition, n’est pas sujet de droits ; il n’est pas possible de freiner ou de favoriser son processus d’amélioration, du moins si ce concept va dans le sens d’une plus grande plénitude humaine et spirituelle. Cependant, nous parlons de respect de la nature, des livres, des biens d’autrui ou des règles d’un jeu. Mais dans cette acception, le terme revêt une nuance supplémentaire. En parlant de “respect de la nature”, par exemple, nous exprimons la nécessité de prendre soin de la nature, de l’utiliser selon le but pour lequel elle a été créée. En parlant de “respecter les règles d’un jeu”, nous voulons dire qu’il faut les suivre pour qu’elles puissent remplir leur fonction. Le respect des choses n’a de sens que si nous reconnaissons que les choses sont au service de l’homme, et que celui-ci ne fait qu’administrer des biens qui lui viennent de Dieu. C’est pourquoi “respecter la nature” n’a de sens que si nous en comprenons les motifs : tout d’abord, parce que la nature est oeuvre de Dieu ; ensuite, pour que les hommes puissent en profiter ; et enfin pour que ce profit les rapproche de Dieu. Le respect des choses ne peut en aucun cas être considéré comme une fin en soi. Ce n’est pas que nous respections les biens d’autrui en tant que tels, mais nous ne faisons que les utiliser comme il se doit et nous sommes reconnaissants pour le bénéfice que nous en tirons. Par ailleurs, nous essayons de ne pas les gaspiller en évitant l’usage inconsidéré de ces biens, qu’ils soient matériels ou spirituels.
On verra donc que chaque personne a le droit d’être traitée et aimée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire un enfant de Dieu. C’est pourquoi, fondamentalement, nous sommes tous égaux. Par ailleurs, la condition et les circonstances propres à chacun méritent un respect spécifique de la part des autres.

Les amis, les camarades et les autres en général

Les premiers mots de la description du respect sont “agit ou non, de façon à ne pas nuire mais à faire le bien”. Comment réconcilier cette définition du concept avec celle, très en vogue, que professent les jeunes ? Pour ces derniers, le respect consiste principalement à s’abstenir d’agir. Ils considèrent qu’il ne faut rien imposer, pas même inculquer ou provoquer intentionnellement un changement chez les autres. En réalité, ils acceptent des influences offrant un plaisir superficiel mais séduisant, et rejettent celles pouvant stimuler l’effort en vue d’une amélioration de la personne. Voici un bon exemple : dans une faculté, certains étudiants exprimèrent, parmi leurs camarades, leur désaccord au sujet d’un problème particulier. Des professeurs commencèrent à discuter individuellement avec les élèves pour connaître leur point de vue et éventuellement les éclairer sur la question. Les semeurs de discorde se mirent en colère, accusant les professeurs de faire pression sur leurs camarades, c’est-à-dire de leur manquer de respect, alors qu’en fait, c’était eux-mêmes qui leur manquaient de respect en les empêchant de prendre librement leur décision.
C’est pourquoi il ne s’agit pas toujours de s’abstenir mais parfois d’agir. Mais cet agir doit se fonder sur la vérité pour ne pas manquer au respect. Concrètement, les autres ont droit à une information claire, voire objective. Ainsi, la sincérité est une partie essentielle du respect. Nous savons que la sincérité doit être gouvernée par la charité et la prudence. Cela signifie qu’il faudra parfois dire les choses telles qu’elles sont, avec courage, mais, en d’autres circonstances, se taire sera plus respectueux. Le critère étant le degré d’amélioration recherchée.
Le développement du respect chez nos enfants dans leurs relations avec leurs amis, leurs camarades et les autres en général dépend largement de leur âge. De toute évidence, l’enfant qui n’a pas découvert son intimité respectera ses amis d’une façon différente de celle de l’adolescent, qui reconnaît les différents aspects de sa personnalité.
Les plus jeunes devront apprendre à respecter les autres principalement dans les domaines des biens matériels et de l’affectivité. Développons rapidement cet aspect. Les autres ont droit de faire usage de leurs biens comme de céder ce droit, à leur convenance, même s’ils doivent en même temps entretenir la vertu de la générosité. Ce qu’un enfant n’a pas le droit de faire, c’est de voler ou d’utiliser les biens des autres sans leur autorisation. Cependant, pour que l’enfant comprenne le pourquoi de ces choses, il faudra qu’il découvre à quel point agir ainsi est désagréable pour les autres. Il est logique et normal qu’il soit attiré par les biens des autres ; de plus, son sens de la justice encore peu développé peut lui faire trouver injuste que d’autres possèdent une chose qui lui fait envie. Ne pas vouloir profiter des biens d’autrui suppose la vertu de force pour surmonter les impulsions égoïstes que l’on peut avoir. C’est pourquoi il semble sage d’établir un équilibre dans la famille entre biens collectifs et biens personnels. Certains parents veulent que tout ce qui appartient aux enfants soit disponible pour tous. Ils perdent là une occasion de développer la vertu du respect chez leurs enfants.

Les enfants doivent non seulement apprendre ce que signifie être maître de quelque chose, mais également comprendre ce que peut ressentir le propriétaire d’une chose lorsque les autres ne le reconnaissent pas comme tel. Selon l’enfant, il faudra insister sur l’un ou l’autre de ces deux aspects. Le but étant d’amener les plus jeunes à réfléchir aux conséquences de leurs actes avant de les poser, et à se rendre compte que d’autres que lui en seront affectés.
Les enfants doivent aussi apprendre à respecter les autres dans le domaine des sentiments, notamment éviter de mettre son frère ou sa sœur en colère, comme de provoquer la vengeance d’un autre, ce que, bien souvent, les enfants semblent prendre pour un jeu. Mais ils ne comprennent pas un raisonnement du type : “ça te plairait qu’on te fasse la même chose ?” Ils cessent peut-être sur le coup de provoquer leur frère ou leur sœur, mais reviennent bien vite à la charge.
En effet, la capacité de se mettre à la place d’un autre pour comprendre ce qu’il ressent est très peu développée chez les jeunes enfants. Ils changeront plus volontiers de comportement pour suivre les règles d’un jeu. Peut-être pouvons-nous leur recommander de ne pas insister sur cet aspect du respect avec les plus jeunes, mais plutôt de les aider à développer l’obéissance et à fortifier leur volonté afin que, en reconnaissant la possibilité de respecter les autres, ils trouvent en eux la force suffisante pour le faire.
De toutes façons, les enfants peuvent se préparer peu à peu à vivre le respect des autres en vivant dans une ambiance de respect et d’affection. Ils ont besoin de critères pour savoir où commence le respect et où il finit. Considérons quelques exemples. L’enfant devra reconnaître qu’on traite les gens différemment selon leur condition, mais pas nécessairement selon leurs circonstances de vie. Par exemple, il pourra remarquer que les parents ne traitent pas l’employée de maison comme ils traitent leurs enfants, précisément parce que les deux types de relations diffèrent. D’autre part, les parents peuvent traiter cette employée avec ou sans considération. S’ils ne la respectent pas, s’ils ne reconnaissent pas son droit d’être traitée dignement, il est probable que les enfants ne le feront pas non plus. Les enfants apprennent alors à commander sans respect.
Si les enfants entendent leurs parents critiquer un certain type de personnes, de par leur race, leur origine, leur profession ou d’autres caractéristiques plus personnelles, il est probable que cette intransigeance et ce manque de respect conditionnent l’enfant de telle manière qu’il commence à répéter les mêmes choses et à classer les autres de façon arbitraire.
Chez les plus jeunes, nous préparons le terrain pour qu’ils arrivent à reconnaître et à apprécier la capacité d’amélioration de toute personne. S’il nous arrivait de perdre confiance en la possibilité pour la personne d’utiliser son intelligence ou sa volonté pour progresser, nous la mettrions au rang des animaux.
Nous avons suggéré d’établir quelques règles permettant de préparer les jeunes enfants au respect des autres, règles que nous pourrions résumer comme suit :

1) Leur apprendre que chacun est différent et, par conséquent, doit être traité différemment.

2) Leur apprendre à reconnaître chaque personne pour ce qu’elle est, sans la classer.
Et, par conséquent :
2.1) Qu’ils se comportent de façon à ne pas contrarier les autres, en s’appropriant leurs affaires indûment ou en les traitant avec très peu de considération.
2.2) Qu’ils ne critiquent pas les autres.
2.3) Qu’ils agissent positivement en faveur des autres.
2.4) Qu’ils cherchent ce qui est bien chez les autres.
2.5) Qu’ils remercient les autres pour les efforts qu’ils font en leur faveur.

A l’adolescence, le respect des autres a beaucoup plus de sens. Une fois leur intimité découverte, les enfants sont capables de comprendre ce que signifie respecter les autres et se respecter soi-même. La vertu de la pudeur est précisément fondée sur l’appréciation correcte de l’intimité propre et de celle des autres, et le respect des autres en découle logiquement.
Examinons quelques aspects de ce respect qui pose quelques problèmes au moment de l’adolescence. Le jeune veut être respecté par les autres et, lorsque ce respect se manifeste, il le remarque très vite. En revanche, il ne s’aperçoit pas qu’il manque parfois de respect envers les autres. Il se fâche contre l’ami qui ne vient pas à un rendez-vous, mais lorsque lui-même en fait autant, il trouve la chose presque normale. Il déteste qu’on parle mal de lui, mais il est toujours prêt à critiquer. Mieux on se connaît - frères et sœurs, amis intimes - plus le respect mutuel doit être grand, car ce type de relation présuppose une compréhension qui devra s’affiner pour permettre aux gens de passer beaucoup de temps ensemble de façon satisfaisante. Les frères et sœurs eux-mêmes auront du mal à se supporter sans ce profond respect mutuel, car on ne choisit par son frère ni sa sœur. Chacun est différent et a un style particulier. Et chacun a le droit de vivre sous le toit familial.
Rien n’empêche que les parents expliquent cela aux enfants, si possible en créant une ambiance telle que ceux-ci n’aient pas l’occasion de se manquer de respect. On peut, bien sûr, leur préciser de ne jamais parler des choses intimes de leurs frères et sœurs devant les autres, et leur montrer que chacun a le droit de se comporter comme bon lui semble, à condition de ne porter aucun préjudice, ni aux autres, ni à soi-même.
Autre difficulté : l’adolescent comprend le respect uniquement comme étant “ne pas faire pour ne pas nuire”. Il omet ainsi de reconnaître son devoir d’aider les autres. Si les autres ont la capacité fondamentale de s’améliorer, le respect devrait nous inciter à les aider à atteindre une plus grande plénitude personnelle. Or, pour pouvoir aider l’autre, il faut le connaître lui, ainsi que bien des aspects de sa situation, sous peine de lui faire des suggestions sans fondement, ce qui serait à la fois un manque de respect et un manque de bon sens. Si, au contraire, on connaît la personne, si le contact est suffisant pour faire naître un intérêt mutuel, le respect requiert que l’on agisse de façon positive en sa faveur.

Le respect, en ce sens, se fonde sur la connaissance de la condition et des circonstances de la personne. Si l’on connaît bien l’autre, il est possible de prévoir, pour une bonne part, les conséquences de ce qu’on va lui dire. Et avant d’agir, il faut mesurer les conséquences de nos actes, par respect.
Cela apparaît clairement dans les relations entre garçons et filles. Par exemple, supposons qu’un garçon fasse une “proposition malhonnête” à une jeune fille et tente de la convaincre par des arguments trompeurs et en jouant avec ses émotions ; si la jeune fille accepte la proposition, il est probable que le garçon dise qu’elle avait pris sa décision librement, alors que la contrainte et le manque de respect sont évidents.
Le respect n’a de sens que s’il se fonde sur la réalité objective et sur la vérité de la situation. C’est pourquoi il faut distinguer entre le droit de chacun à donner son opinion comme il l’entend, et le droit des autres à recevoir une information vraie qui les aide à progresser. Ce n’est pas un manque de respect que de montrer qu’une opinion est erronée. C’est précisément le respect du droit de l’autre à la vérité qui nous conduit à donner des éclaircissements. Mais bien souvent, les adolescents ne tiennent pas compte des autres lorsqu’il s’agit de leur “droit” de s’exprimer. Ils ont effectivement ce droit, mais pas celui d’influencer négativement des frères et sœurs plus jeunes ou des amis moins mûrs par le poids de leur raisonnement. Si l’on n’est pas certain de la véracité de ce que l’on pense, le respect et la prudence exigent que l’on s’abstienne d’user d’une influence qui peut nuire à d’autres. En revanche, si l’on sait qu’une chose est vraie, il faut contribuer au bien des autres.
En étant très concrets, les parents peuvent expliquer à leurs enfants de cette tranche d’âge en quoi consiste le respect et quels sont les risques inhérents à l’exercice de cette vertu. Ils devraient les encourager à réfléchir aux conséquences de leurs actes, à différencier les personnes qu’ils fréquentent d’après leur capacité intellectuelle, leur âge et leur tempérament, de telle sorte qu’en tenant compte de chaque situation, ils puissent agir ou s’abstenir, en essayant de ne nuire à personne ni omettre de faire le bien.

Les relations avec les parents

“Le respect des autres doit être intérieur et extérieur. On enfreint cette obligation par le mépris intérieur, les paroles injurieuses, une attitude condescendante, le non-respect de la “dernière volonté” et, par dessus tout, par les mauvais traitements”. En évoquant les devoirs des parents et notamment celui de la formation des vertus chez leurs enfants, nous avons plusieurs fois parlé du respect qu’ils leur doivent, mais pas encore de la réciproque. Or cet aspect est très important, car c’est toute la vie que les enfants auront l’obligation de respecter leurs parents. Ils ne leur doivent obéissance que lorsqu’ils vivent sous le même toit - et jusqu’à leur majorité lorsqu’ils sont à leur charge, même s’ils habitent ailleurs.
Les parents doivent apprendre aux enfants à les respecter. Mais existe-t-il une différence entre le respect fondé sur la justice et le respect fondé sur l’amour ? Nous voudrions, bien sûr, que nos enfants nous respectent par amour, mais le respect qu’ils peuvent vouer par amour à un ami diffère quelque peu de ce celui qu’ils doivent à leurs parents. La différence réside précisément en ce que leurs parents sont les auteurs de leur vie, ce qui leur confère une autorité, et les enfants devraient les aimer principalement à ce titre et non pour leurs qualités spécifiques, comme ce pourrait être le cas d’un ami. C’est pourquoi on ne peut pas faire de distinction entre respect fondé sur l’amour et respect fondé sur la justice. Tout respect fondé uniquement sur la justice est incomplet, mais un respect qui s’appuierait uniquement sur l’amour des parents en vertu de leurs qualités spécifiques serait encore plus incomplet.

Pour obtenir des progrès de nos enfants à cet égard, on peut procéder de deux façons : soit essayer de se faire respecter personnellement, soit faire respecter son conjoint. Pour certaines questions, il sera plus facile et plus opportun d’aider les enfants à comprendre la situation de l’autre parent plutôt que d’insister sur leurs rapports avec soi-même, même s’il importe d’exiger le respect vis-à-vis de soi-même de façon à préserver sa propre dignité. Prenons l’exemple de parents qui découvrent que leur fille célibataire est enceinte ; ce fait en lui-même leur cause une grande souffrance, mais ils se trouvent encore plus blessés de l’accusation d’une autre de leurs filles leur reproche vivement d’être responsables de la situation pour avoir omis de proposer à sa sœur des contraceptifs. Dans la seconde situation, la peine est causée par un manque de respect immense. Les adolescents considèrent parfois qu’ils ont le droit de penser et de faire ce qu’ils veulent en présence de leurs parents. Mais faire ou dire délibérément des choses qui peuvent offenser ou faire de la peine est la manifestation d’un grand manque de respect, et les parents doivent insister sur ce respect que les enfants leur doivent, au moins de façon à éviter de les blesser. Dans des situations conflictuelles entre parents et enfants, il peut devenir nécessaire de dire à un enfant que, tant qu’il vit sous le toit de ses parents, il a le devoir de les respecter et de leur obéir, que cela lui plaise ou non, parce qu'ils sont encore responsables de lui. Quand l’enfant atteint l’âge adulte, le devoir de leur obéir cesse, mais pas celui de les respecter.

Les enfants trouveront difficile d’apprendre à se contrôler et à traiter leurs parents de façon convenable, à moins que ceux-ci aient montré par leur exemple qu’eux-mêmes respectent leurs enfants et ne cherchent que leur bien. Or, bien souvent, les enfants ne comprennent pas que leurs parents agissent pour leur bien. Dans ces cas, l’un des parents devra expliquer clairement, mais en peu de mots, les motifs de l’action de l’autre. Il ne s’agit pas de les convaincre ; les enfants ont le droit de recevoir une information suffisante pour comprendre que leurs parents agissent selon certains critères en vue de les aider à progresser, sinon il leur sera impossible de croire que les exigences de leurs parents sont justes et raisonnables. De plus, ils doivent respecter leurs parents et, s’ils ne sont pas d’accord avec une décision, même s’ils considèrent qu’elle est n’est ni juste ni raisonnable, ils doivent le dire avec délicatesse, sans blesser, et argumenter leur position contraire ou différente. D’ailleurs, nous constatons que, lorsque l’affection entre parents et enfants est authentique, le respect vient naturellement car, plus ou moins consciemment, chacun reconnaît la valeur de l’autre.
Pour développer cette affection dès le plus jeune âge, il faut définir le rôle des parents. Ceux-ci peuvent être indubitablement les amis de leurs enfants, mais la relation parents-enfants doit être plus que cela. L’enfant s’attend à ce que ses parents soient exigeants envers lui, et il ne mettra jamais en doute son devoir de les respecter et de leur obéir si ceux-ci ne sèment pas eux-mêmes ce doute. Ceci est, à mon sens, parfaitement vrai, même si certains courants d’opinions actuels ne vont pas dans ce sens.
L’enfant remarquera que ses parents sont exigeants parce qu’ils l’aiment, et non par esprit de revanche ou pour le contrarier, et lui, de son côté, leur demandera beaucoup. C’est aussi une forme de respect parce que l’objectif consiste à leur faire remplir leur devoir. C’est pourquoi l’on dit quelque fois que les parents éduquent leurs enfants et réciproquement : l’éducation est mutuelle si le respect l’est aussi.
D’après ce que nous avons dit, il est clair que, sans amour, il n’est pas possible d’exercer la vertu du respect des autres, mais l’amour ne peut pas être vécu ou interprété sans discrimination : il faut prendre en considération la condition et les circonstances de l’autre. Dès que l’on oublie que le respect suppose de croire à la capacité d’amélioration d’autrui, on finit par classer les autres, limitant ainsi leurs chances d’atteindre une plus grande plénitude humaine et spirituelle. Nous devons agir pour faire du bien, et si nous risquons de diminuer leurs chances de s’améliorer.
Notre respect des autres n’est authentique que s’il est motivé par notre reconnaissance de l’autre comme enfant de Dieu. Les enfants respectent leurs parents parce que Dieu veut qu’ils soient leurs parents. Le respect n’est pas quelque chose que l’on distribue en fonction des qualités personnelles ; tous les autres ont droit a notre respect. Notre façon de comprendre et d’exercer cette vertu dépendra, dans chaque cas, de notre reconnaissance des droits, de la condition et des circonstances de chacun, qui nous fera déterminer s’il faut agir ou non, par amour.

Retour page vertus humaines